jeudi 9 décembre 2021

L'art du plagiat

 
Reconnaissons-le, la Mano Negra (groupe issu des Hot Pants, des Casse Pieds et des Dirty Districts) fut en son temps (1987-1994) un sacré groupe de scène doté d'un groove irréprochable.
Côté reproche, justement, on leur doit, à eux et à quelques autres, l'irruption du gros business dans un rock jusqu'alors plus confidentiel et familial, une certaine "Jacklanguisation" de la musique qui collait bien aux dernières heures du socialisme cotillon et surtout, surtout, une faiblesse avérée des paroles.
Même si ces gens eurent des intentions souvent estimables et avaient des choses à dire, ils les disaient trop fréquemment avec une naïveté confondante et une accumulation de mots formant une liste lassante. C'est d'ailleurs depuis la marque de Manu Chao. C'est pas parce qu'on chante en castillan qu'on est obligé d'être aussi sommaire.
Enfin, soyons juste, on aime bien aussi les Ramones qui, question texte se posent un peu là.
Non, ce qui a eu toujours du mal à passer, c'est que ces jeunes gens découvrant l'Amérique Latine n'hésitaient pas à pomper et à recycler des trucs entendus à la radio, ce qui n'aurait rien de blâmable en soi du moment qu'on cite sa source. 
Prenons un classique de la salsa new-yorkaise : Te están buscando, 45 tour sorti en 1981 chez Fania joué par le fabuleux duo Rubén blades / Willie Colon. Voici les mésaventures d'une guape du quartier que plus personne ne supporte et que tant la flicaille que les autres truands recherchent pour lui donner une bonne leçon:  

Et ensuite, écoutons Peligro, reggae tropical de la Mano dont voici la vidéo issue du documentaire Puta's fever.
 

 

Même sans posséder la langue de Cervantés et Julio Iglesias vous avez remarqué ? Ce sont quasiment les mêmes paroles. on se contente de remplacer les pénibles du quartier par la CIA et les forces de l'ordre. Après y'a plus qu'à balancer une accumulation de pays d'Amérique Centrale et le tour est joué !
Vous me direz qu'après tout, depuis Mozart (qui a pompé Salieri) et Muddy Waters (qui a pompé Robert Johnson), l'histoire de la musique n'est qu'une longue suite de plagiat.
certes. Mais ça fait longtemps que celui-là, on l'avait sur l'estomac !

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