Il est notoire que l'ouvrier a une espérance de vie plus limitée que bien d'autres catégories sociales (huissier, académicien, toubib...).
Il est des exceptions et l'ami François, du pays d'en face, nous signale un petit gars qui fait preuve d'une belle longévité malgré ses deux carrières.
Né en 1945 dans la région d'Abitibi-Témiscamingue (en Cri et Algonquin dans le texte) à l'ouest du Québec, Réal V. Benoît est un mineur de fond qui se lança dans la chanson au début des années 1970.
Vite surnommé le "chanteur-mineur" (pourquoi pas le "mineur chantant" tant qu'on y est ?) le gars en a eu vite class de se produire sur scène en habit de travail à l'insistance de quelques producteurs et de se faire arnaquer par des labels véreux pour ses trois LP Voilà (1971), Revoilà (1972) et Pour le fun (1973).
Chanteur de folk countrysant doté d'une conscience de classe à fleur de peau et au son fruste, il se fit une belle popularité avant de tout envoyer paître pour retourner dans les obscures galeries. Après avoir annoncé son départ sur scène, il resta anonyme vingt-cinq ans durant.
Un exemple de son art : Ça peut pas marcher.
Et le bonhomme refit une apparition en 2005 en artisan de la chanson, allant jusqu'à se produire avec un accompagnement enregistré. Depuis, il a sorti trois nouveaux disques et taille sa route en persistant à maudire l'arrogance des possédants et à s'adresser aux prolos.
Même si de nos jours, il faut parfois tout expliquer, comme dans ce Christ de pauvres.
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