dimanche 7 avril 2019

Quand les GARI chantaient du Bruant


On sait généralement que les GARI (Groupes d'Action Révolutionnaires Internationalistes), coordination de groupes anarchistes et autonomes, ont été actifs entre 1974 et 1975. Que, formés pour voler au secours des membres du MIL, arrêtés par la police de Franco, ils se sont déchaînés après l'exécution de Salvador Puig Antich.
Outre leur action la plus connue, l'enlèvement du banquier Baltasar Suarez, pour sauver la peau du camarade Oriol Solé Sugranyes et d'autres révoltés en instance de jugement, on sait moins que la coordination mena plus de 25 sabotages par bombes ou incendies d'une belle efficacité sans faire la moindre victime (exceptés les 6 blessés légers du consulat de Toulouse du 28 juillet 1974, les flics ayant eu l'idée stupide de manipuler le colis piégé. Les pompiers touchés reçurent une caisse de champagne) ainsi qu'une série de braquages destinés à se procurer les fonds nécessaires aux actions.
Qu'après leur auto-dissolution, leurs nombreux descendants ont continué les actions : le GAROT (Groupe d'Action Révolutionnaire Occasionnellement Terroriste), les GAI ( Groupes Autonomes Internationalistes ou d'Intervention selon le moment), GEAI (Groupe d’Entraide Anarchiste Internationaliste), PTT (Pouvoir Total aux Travailleurs), TDC (Trou Du Cul) etc.

Extrait du Dossier GARI, planche 7 (qu'on peut mieux lire en cliquant dessus)
L'intégrale est à cette adresse et en désordre (ce qui leur va très bien).
On sait peu qu'au milieu de cette frénétique agitation, des GARI trouvèrent le temps d'éditer un 45 tour dont la vente fut destinée à la solidarité avec les emprisonnés. Entre autre attentats, ce quatre titres fut un enregistrement de l'anarchiste Mario Ines Torres, arrêté à Toulouse le 14 septembre 1974, qui y chantait en Face A le traditionnel de la révolution mexicaine Carabina 30/30 et Preguntitas sobre dios (d'Atahualpa Yupanqui). En Face B À Ménilmontant et Aux Batignolles d'Aristide Bruant.
Là où ça devient croquignole, c'est que, d'après certain protagoniste, ces morceaux furent enregistrés à la prison de la Santé avec un dictaphone et une guitare artisanale fabriquée de bric et de broc. On comprend mieux pourquoi ça dérape par endroits. 
Nous sommes donc heureux de vous faire partager le souvenir de cette belle aventure. Suffit de cliquer sur les liens contenus dans les Faces pour écouter ou télécharger le 45 tour oublié.


Pour ceusses que ça intéresse plus en détail quelques bouquins sur le sujet:
- Les GARI (Groupes d'Action Révolutionnaires Internationalistes) - 1974, la solidarité en actes, par Tiburcio Ariza et François Coudray Éditions du CRAS, mars 2013
De mémoire (3) - La courte saison des GARI : Toulouse 1974, de Jean-Marc Rouillan, Agone, 2011.
- Le pari de l'autonomie : récits de lutte dans l’Espagne des années 70, ouvrage collectif Éditions du Soufflet, 2018.

2 commentaires:

  1. Oups ! Après une relecture plus approfondie je me rends compte que j'avais raté les deux chansons à télécharger ! Ça c'est du document, merci ! Et qui viendra compléter le livre du CRAS que j'ai dévoré l'été dernier !

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  2. Ouais. C'est mal foutu et de guingois mais vu les circonstances, c'est un plaisir.

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