jeudi 4 avril 2019
1, 2, 3, Viva l'Algérie !
Réjouissons-nous, avec les Algériens, du départ La Momie, ci-devant président du pays. Avec cette réserve qu'on ne sait encore s'il s'agit du énième coup d'état militaire, d'un règlement de compte entre clans ou d'une révolution qui passe, tranquille et belle comme une rivière bleue (comme l'écrivit Jules Vallés).
Par contre, on n'a aucun doute sur le fait que la, ou plutôt, les mafias qui se sont maintenues au pouvoir depuis 57 ans ont basé leur racket sur une réécriture de l'histoire* en se basant sur une version héroïque de la guerre de libération et en éliminant tour à tour de la mémoire, entre autres, les communistes, le MNA, des massacres comme à Melouza, les purges sanglantes au sein du FLN, le rôle des Algériens de France et ne parlons pas du sort des harkis.
En parlant de mémoires, il est piquant de constater que dans les années où, en France, on digérait les années l'Occupation en passant La grande vadrouille ou Le vieux fusil à la télévision, en Algérie, les téléspectateurs devaient s'envoyer chaque année La bataille d'Alger, de Gillo Pontecorvo, film qui malgré ses qualités fut produit par Yacef Saâdi, lui-même producteur à succès proche du pouvoir et servit de camouflage au colonel Boumédiène pour réaliser son putsch contre Ben Bella. Ce film, qui connut sa deuxième jeunesse lors de l'invasion de l'Irak, tint donc lieu de vérité officielle pendant longtemps.
L'occasion de se rappeler que voici trois ans, le rapper algérois Diaz**, Farid Belhoul de son vrai nom, ancien membre du légendaire groupe de rap MBS, associé à Rabah Donquishoot, lui aussi un ex-MBS, avait sorti un titre aussi respectueux pour les combattants que moqueur pour l'utilisation du film.
Marrant aussi de constater comment quelques années auparavant, un groupe de la banlieue parisienne, La rumeur, tout en rendant un superbe hommage aux djounouds avec ce Premier matin de novembre, restait dans les clous de la version officielle. Tout en crachant sur l'État-FLN, à la fin, il est vrai.
* Passionnante émission de la Fabrique de l'histoire, ce mercredi 3, au sujet des mémoires de la guerre d'indépendance avec Nedjib Sidi Moussa, Emmanuel Alcaraz et Karima Dirèche.
** Son pseudo vient du Diazepam, un anxiolytique.
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