vendredi 16 novembre 2018

Fréhel, les Garçons Bouchers et quelques nouvelles de Guy Peterman

Pigalle, 1938

On en revient toujours à Fréhel.
Parfois par les voies les plus sinueuses.
Tout vient de cet article au sujet des détournements situationnistes de Guy Peterman publié par le collègue George le 15 octobre dernier.
Pas mal de questions restaient en suspens après ça.
Remercions donc chaleureusement les éditions-privées-hors-commerce d'avoir mis à disposition des enregistrements de ces détournements, avec des maquettes de Pour en finir avec le travail accompagnées d'une brochure où on en apprend un peu plus.
On peut les joindre à cette adresse : edition-privee-hors-commerce@mail.com pour jouir de leur salutaire taf d'archiviste
Les rocks made in Peterman ayant été publié par notre Lexomaniaque, une nouvelle surprise vient du détournement de cette valse lente de Fréhel, écrite par Charlys et Maurice Vandair (1935) 
Pour mémoire :


Extrait de la brochure:

Peu de mois après cette parution (du disque Pour en finir avec le travail en 1973, ndr ) Guy Peterman projette de faire un disque de rocks détournés et avec Francis Lemonnier enregistre une maquette de quatre titre au studio Saravah en 1975.
Tout cela est détaillé article cité plus haut ndr.
[Les musiciens étaient] Francis Lemonnier, saxophone ; Michel Muzac, guitare électrique ; Olivier Zdrzalik-Kowalski, guitare basse,claviers. Le chanteur et le batteur sont inconnus. Guy Peterman donne la réplique dans le premier titre.
Au cours de cette même session d’enregistrement et avec les mêmes musiciens, un cinquième titre est enregistré : il s’agit d’une valse dans l’esprit du FHAR (Front homosexuel d’action révolutionnaire), Où sont tous mes amants ?, détournée et chantée par Jean-Louis Rançon (Francis Lemonnier y joue de l’accordéon, le violoncelliste est inconnu).

Voici donc l'objet du scandale (bien dans l'esprit provo de l'époque) 

O tempora, o mores !

Ce projet de disque n’aboutira pas mais Guy Peterman continuera à détourner des rocks qu’il proposera à divers groupes musicaux dans les années 1970-1980, et récemment, en 2016, le groupe Gommard a enregistré Y a du baston dans la taule ! (Riot in Cell Block # 9) sur des paroles de Guy Peterman.
Interprété par Le jour de l’addition, ce rock figure aussi sur le CD La Belle qui accompagne le livre Au pied du mur, 765 raisons d’en finir avec toutes les prisons (L’Insomniaque, 2000)


Notons que d’autres liens avaient existé entre ces protagonistes, dont la plupart sont décédés aujourd’hui : Guy Peterman avait connu Étienne Roda-Gil du temps de la JAC (Jeunesse anarchiste communiste) en 1967. Et c’est ce dernier qui avait suggéré à Francis Lemonnier et ses amis le nom de leur groupe, Komintern (le lien renvoie ici à l'article qui leur est consacré )...
Fin juillet 1989, « sans amertume aucune », Guy Peterman se suicide au cyanure sur les marches de l’Institut médico-légal de Paris. Il est inhumé au cimetière du Montparnasse.

Pour clore ce tour des héritages de l'incontournable Fréhel, on vous avait passé une reprise toute en finesse de la même rengaine par les Garçons Bouchers, en 1992 et en public. Toujours chez Georgie, on a en plus, grâce à un commentaire du sieur Hardipetit, une vidéo toute aussi savoureuse dans laquelle le rôle de la femme fatale est tenu par la camarade Lola Miesseroff (celle là-même qui commit l'intéressant Voyage en outre-gauche chez Libertalia l'an dernier).


18 commentaires:

  1. Comme le temps passe ! Le "Voyage en outre-gauche" de Lola Miesseroff est paru en février 2018 chez Libertalia, et non l'an dernier…
    En tout cas, merci pour la musique !

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  2. Juste. Prenez-ça pour une première atteinte du mal et merci pour avoir signalé cette vidéo kitschissime.
    J.

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  3. Guy Peterman a signé les paroles de cinq titres de l'album "Parabellum" du groupe Parabellum, après la défection de Géant vert comme parolier.
    Peterman s'est suicidé peu avant la sortie de l'album.

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  4. Merci Matéo (de la Première Internationale ?)
    J'ai appris tout récemment cette collaboration mais en réalité Guy Peterman n'est mentionné nulle part sur cet album de 1990. Cependant, l'un de ses proches m'a certifié que sur les douze morceaux, ceux qui sont crédités "Paroles/Musique : PARABELLUM" ont effectivement été écrits par Guy.
    Il y en a quatre : "La bande", "Les hommes torpilles", "Casbah rodéo" et "CCCP". Je m'apprête à les numériser pour un billet consacré à Guy.
    Six autres ont été écrits par Kik, et les paroles de "La belle" sont dues à Albert Londres (ici chantée par Lucienne Boyer).

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    1. En voilà une nouvelle.
      Merci aussi Matéo.

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    2. @George. J'étais bien trop petit pour faire partie de l'AIT mais c'est un de mes sujets de prédilection oui.
      Et pour les crédits du disque, il semblerait en effet qu'il y ait eu une rude indélicatesse.

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    3. Si ta prédilection est allée jusqu'à fabriquer un ouvrage sur le sujet, cela signifie qu'on a passé jadis nombre de lundis midi à déjeuner ensemble au BDS…

      Indélicatesse ou pudeur, je l'ignore, mais je compte bien voir Kik prochainement, il pourra m'en dire plus. Après cette rencontre et une discussion avec Lola, j'espère enfin pondre un billet exhaustif sur Guy P.

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    4. @George. Ne pas confondre Kik (ex-Strichnine et ex parolier de Parabellum) et Kick des gommards. Oui j'ai fabriqué ce que tu dis. Dis-moi George, tu étais libraire toi, ou je confonds?

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    5. @George. Je connais quelqu'un (que tu dois connaître aussi) qui a très bien connu Peterman dès la fin de l'adolescence.

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  5. Tu parles, Charles, que je le connais ! J'ai même dans la boîte une heure et demie d'entretiens avec lui au sujet de Guy P. (enregistré à l'ex-BDS, justement, lieu de prédilection des Gommards, voici deux semaines) et c'est lui-même qui m'a prêté ce vinyle de 1990 de Parabellum que je m'en vais numériser tantôt.

    Oui, j'étais ce libraire, et non, je ne confonds pas Kick (qui ne sait rien de Guy P. même s'il le chante) avec Kik mais je compte bien sur le premier pour me présenter le second.

    On croise décidément beaucoup de copains par ici !

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  6. Si vous voulez télécharger les chansons de Guy Peterman pour Parabellum, vous pouvez le faire ici :
    https://www.mediafire.com/file/0jt03myazmm/parabellum+-+l%27int%C3%A9grale+vol1.rar

    https://www.mediafire.com/file/errlav7ekh1tlce/Parabellum+-+L%27int%C3%A9grale+%28volume+2%29.rar

    Quant aux paroles, on peut les lire ici :
    http://gvink.pagesperso-orange.fr/parabellum/disk3.html

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    1. Les paroles retranscrites sont à corriger parfois !

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    2. Merci pour ce beau cadeau, Hardipetit, vous m'économisez la peine d'une numérisation !

      Et cette retranscription des paroles corrige déjà certaines aberrations grammaticales des textes que l'on peut lire sur la pochette…

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    3. Merci pour l'intégrale, monsieur Hardi.
      J.

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  7. je l'avais aussi entendu fredonner un tango détourné -mais je serais incapable de dire si c'était de son fait ou de quelqu'un d'autre :

    J'avais révé, d'un diplomate,
    D'un cuisinier, serbo-croate,
    Mais tu m'es ton, bé dans les pattes
    Mon petit ma, rin de Kronstadt

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  8. Réponses
    1. je me souviens aussi d'un texte apparemment de lui et qu'il m'avait montré (ébauche de chanson mais sans plus s'y arrêter, à l'époque) et où l'Amérique était définie comme le pays "du fric, et de la chaise électrique"

      PS. un ordre est apparu à l'écran quand j'ai posté : "Veuillez prouver que vous n'êtes pas un robot". Sic

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  9. Cet ordre nous est asséné à tous : Un robot nous prie de faire conaître notre humanité. Ce serait plaisant si ce n'était tragique.
    Pour la chanson sur l'Amérique, ça me rappelle, en gros et de mémoire, cette scène du film de Giuseppe de Santis, "Riz amer" dans laquelle Silvia Mangano dit à Raf Vallone (je crois que c'est lui).
    "Partons en Amérique. Là-bas ils ont l'électricité."
    Et l'autre de répondre.
    "Oui, même les chaises y sont électriques."

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