mercredi 21 novembre 2018

Terroristes et casseurs (4) la bande à Winstanley

Diggers ridiculisés par leurs ennemis
À tort ou à raison, il est beaucoup question de jacqueries ces derniers temps. Voilà l'occasion de se pencher sur des événements survenus outre-manche autour de 1649.
Résumons à la louche : de 1642 à 1651, le royaume d'Angleterre connaît une série de guerres civiles résultant de l'affrontement entre son souverain, Charles I, et son parlement qui se dote pour l'occasion d'une force baptisée New model army, dirigée, entre autre, par le hobereau et futur dictateur Oliver Cromwell. 
Ce conflit entre deux pouvoirs, également voraces, s'est déroulé au sein d'une kyrielle de sectes, hérésies, variantes du protestantisme, qui connurent un franc succès au sein des Têtes rondes, soldats du parlement, ainsi nommés pour leurs coupes au bol les différenciant des aristocrates chevelus.
Au nom d'idéaux qu'on peut qualifier de millénaristes, d'anarchistes ou de communistes primitifs, ces ancêtres des conseils de soldats n'hésitèrent pas à répandre des idées remettant en cause les différences sociales ou la sacro-sainte propriété. "Quand Adam bêchait, quand Ève filait, où donc était le gentilhomme ?" proclame un des innombrables pamphlets circulant dans l'armée, souvent au mépris de l'interdiction formelle des officiers.

Parmi ce fouillis de révolutionnaires, trois groupes furent particulièrement populaires : les Levellers ( Niveleurs) dont certains devinrent Diggers (Bêcheurs) ainsi appelés pour leur communisme chrétien agricole et les Ranters (Divagateurs) terme péjoratif donné à ces ennemis radicaux de la propriété et de la morale considérés par les puritains comme des hérétiques de la pire espèce.


Vers 1649, un ex marchand de draps, ancien soldat de Cromwell, Gerrard Winstanley, écrit une série de manifestes dans les quels on peut lire : "Lorsque l'humanité commença à acheter et à vendre, elle perdit son innocence et les hommes commencèrent alors à s'opprimer les uns les autres et à frauder leur droit naturel" ou " C'est indéniablement affaire de justice que le peuple travailleur puisse bêcher, labourer et habiter sur les communes, sans avoir à louer ni a payer une redevance à quiconque". Et joignant la pratique à la parole, ces anciens soldats devenus chômeurs occupent (on emploie alors le mot squat, promis à un bel avenir) des terres sur la colline St George dans le Surrey pour y réaliser leurs rêves de communauté égalitaire de travailleurs.


Bien évidemment les propriétaires et notables locaux, terrifiés à l'idée que paysans et soldats s'emparent des terres, se font un devoir de mettre fin à cette expérience avec la brutalité qui leur est coutumière. À l'été 1650, la soldatesque a déjà détruit les diverses communautés inspirées par les diggers. D'après plusieurs historiens, une partie de leurs idées se retrouveront chez quelques pirates britanniques qui créeront d'autres communautés, lointaines et maritimes, celles là.

Il nous en reste au moins un hymne, Digger's song, qui aurait été composé par Winstanley lui-même, ici interprété par Chumbawamba.


Une autre marche narre l'histoire de la colline St George, World turned upside down (Le monde à l'envers). Elle fut composée par le chanteur folk et écrivain de livres pour enfants Leon Rosselson en 1975.


Ou celle de l'agitateur chantant, Billy Bragg (1987)

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