vendredi 24 mars 2023

Sa majesté la foule

Ici, même les mémés aiment la castagne


De notre correspondant

Toulouse, 23 mars 2023, 6h30 du matin. Des barrages filtrants ou enflammés sont en place aux entrées Sud, Ouest, Nord (à l'est rien de nouveau). Mention spéciale au barrage enflammé sur le périphérique ouest qui provoqua le plus monstrueux embouteillage de l'année. 

L'intervention de la BAC sur la zone industrielle de Sesquières, au nord, a tout de même abouti sur une quinzaine d'arrestations. Ce qui est un peu cher payé. Ambiance...
Dans la région, les barrages sont en place à Auch, Montauban, Albi, Tarbes, Foix.....
 
16h30, la tête de la manifestation partie de St Cyprien à 15h (30 000 selon les flics, 100 000 selon la CGT) arrive en plein centre-ville à la place Jeanne d'Arc. 
Cette tête de cortège est formée de non syndiqués, reste de GJ, jeunes et vieux gens en noir et tout ce qui refuse de défiler derrière un SO en général.
Présence policière massive et les pelotons de la BAc viennent coller aux manifestants.
À l'entrée de la rue Denfert-Rochereau tombent première grenades destinées à diviser ce groupe de tête de la manif syndicale. C'est là que le miracle se produit : au lieu de se disperser sous les gaz, sa majesté la foule (King mob chez les Brits) réplique, s'enflamme, se bat, se défait pour se reformer derrière les poulets, se fluidifie, élève des barricades, chante, se marre, abat les pauvres vitrines des banques, agences immobilières et d'intérim. Pendant trois heures, les boulevards toulousains seront un incessant jeu de chat et souris avec deux escadrons de CRS munis de deux canons à eau, effectuant des aller/retours Jaurés / Arnaud Bernard sans arriver à disperser qui que ce soit vu que les rues alentour flambent et que SM la foule les attaque régulièrement dans le dos. 
La scène du jour : un groupe d'une douzaine de baqueux charge au kiosque de presse de Jeanne d'Arc pour appréhender un gars. Toute la rue à leur droite fait demi-tour pour leur tomber dessus à bras raccourci, à coup de projectiles, de tabourets de bar, de parasols et les cow-boys fuient en emportant deux blessés chez eux. Sous le regard, 100 mètres plus loin, d'une escouade de CRS qui ne lève pas le petit doigt pour secourir des collègues qu'ils haïssent cordialement.
Notons pour les crétins ou francs salauds faisant la différence entre bons et mauvais manifestants qu'il y a là des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes, des lycéens, des chasubles syndicales, des fainéants, des travailleurs, en somme un bon nombre de lapins ayant décidé de devenir chasseurs, pour voir l'effet que ça fait.
À part les boulevards, les troubles s'étendent au secteur Capitole, Esquirol, Saint Pierre, Matabiau. 
Pause musicale avec tube immortel et en play-back (1978)

 


Les graffitis fleurissent.
(La foule triomphera, Consommez local, bouffez vos flics, 1312, etc.)

Le côté rigolard s'exprime dans les chants, les slogans : Il fait beau, il fait chaud, sortez les canons à eau ! Ou on voit des milliers de gens reculer face à une charge en chantant On vous a niqué ! avant de se reformer au cul de la charge. Une rumeur court sur les grévistes d'Enedis ayant coupé le jus sur les quartiers concernés et, de ce fait, les caméras de surveillance. Qu'en est-il vraiment, on va pas tarder à être fixés. À la tombée de la nuit, la ville est illuminée de brasiers. Dans la pénombre d'un éclairage public déficient, entre deux incendies, des jeunes gens dansent au son d'un accordéon sur une place libérée. Bilan de la journée : la peur, cette sainte trouille par laquelle on prétend tenir la foule s'est envolée. On dirait même qu'elle a sauté dans la tranchée d'en face.

Comme un printemps avec un millier de 19 juillet. Esprit du feu, ne nous abandonne jamais !

 


 

5 commentaires:

  1. Ça c'est de la radio !!!

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  2. Beaucoup mieux que les playlists dégueulasses, la plupart du temps, du FC Radio Paris...

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  3. Un 23 mars peut donc en éclipser un autre. Et pas qu'à Paname, (très) loin s'en faut...

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  4. Que voulez-vous, on a une certaine méfiance du 22 mars et pas qu'à cause de celui d'il y a déjà 39 balais (https://radioherbetendre.blogspot.com/2017/03/22-mars-1984-un-crime-democratique.html).
    Par ailleurs, c'est dingue la manière qu'ont eu ces groupes de casseurs, d'ultra machins, de black blocs, de vandales, d'irresponcontrolessables, d'infiltrer l'ensemble du mouvement sur tout le pays y compris dans des villes pas si grosses. À mon avis, y'a un complot là derrière.

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  5. Chut. Ils nous écoutent en ce moment même (depuis l'étranger, bien entendu)...

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