jeudi 8 juillet 2021

Le blues de la travailleuse : la grève de Douarnenez 1924

 

 
À Douarnenez, à Concarneau, les hommes sont généralement marins et les femmes travaillaient aux ateliers de conditionnement des prises, principalement des sardines. On appelait d'ailleurs ces ouvrières des Penn Sardin
Travaillant jusqu'à 18h par jour, payées à la pièce, ces femmes déclenchèrent une série de grèves en 1905 pour exiger un paiement horaire. S'étendant à toutes les villes côtières, ce conflit se conclue par la victoire des ouvrières et la création du Syndicat des sardinières. 
En 1924, elles perçoivent entre 80 centimes et 1,30 franc de l’heure. Elles sont en poste plus de 70 heures par semaine et il n’existe aucune prise en compte du travail de nuit ou des heures supplémentaires.
Une grève réclamant une augmentation conséquente éclate en novembre 1924. Elle va durer 46 jours et, pour la première fois, les hommes se rangent derrière les ouvrières. Les marins entrent dans la danse et toute la côte est bientôt paralysée. Le maire communiste de Douarnenez, Daniel Le Flanchec, soutient le mouvement et organise des soupes populaires. Ce qui lui vaudra d'être destitué par l'État et la ville mise sous tutelle. Autre leader communiste, Charles Tillon, récemment sorti des geôles pour mutinerie se démène et connaît même quelques cuisants échecs en tentant d'étendre la grève à la côte basque et vendéenne.  
Malgré la violence des gendarmes mobiles et le recours massif à des jaunes, la ville est paralysée. Le Flanchec est même victime d'un attentat causé par des nervis du patronat.  
Les agriculteurs locaux ravitaillent les grévistes et des collectes sont organisées dans toute la France. Le ministre du Travail offre sa médiation.
Le 8 janvier 1925, les patrons finissent par cèder et les ouvrières gagnent 20 centimes d'augmentation. 
Ces ouvrières, réputées catholiques et soumises, ont foutu un beau bordel sur toute la côte et, comme on chantait pas mal dans les ateliers, voici la chanson la plus célèbre qui leur rend hommage, paroles écrite par Claude Michel (une femme) musique de Jean-Pierre Dovilliers : Penn Sardin.

 

Un autre air fort populaire fut Saluez, riches heureux, repris aux ouvriers de Carmaux lors des grèves de 1909 et 1910. Ici chantée par Marie-Aline Lagadic et Klervi Rivière

 

On retrouve cette histoire dans une chronique d'Aliette de Laleu sur France Musique.

À Bastien R.  

In memoriam

3 commentaires:

  1. 25% d'augmentation après un mois et demi de grève, ça s'est pas revu beaucoup par la suite !
    Les accords de Grenelle ont certes abouti à une augmentation du SMIG de 35% mais en moyenne c'était 10% pour le reste des salaires.

    Et puis 20 centimes, c'était justement le prix de L'Humanité d'alors…

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  2. Ce qui prouve qu'en protestant, quand il est encore temps
    on peut finir par obtenir des ménagements.

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  3. D'autant qu'on est en juillet et que ce matin y'avait du soleil !

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