Ainsi, pendant l’Exposition Internationale et Coloniale de 1894, le président Sadi Carnot, venu la visiter, emprunte la rue de la République à bord d’une voiture tirée par des chevaux, pour être applaudi par la foule. Il est accompagné du maire, M. Gailleton, qui raconte : je faisais remarquer à M. le président le spectacle de la rue brillamment illuminée lorsque d’un coup, je vis un bras se poser sur la voiture, vers le côté droit du président. Au même moment j’entendis un coup sec et, croyant qu’il s’agissait d’un maladroit qui remettait gauchement un placet à M. le président, je m’écriai machinalement : Quelle brute !
La main disparaissait aussitôt et, au lieu de voir le président souriant comme lorsqu’on lui remettait un placet je vis son regard devenir fixe, sa figure devenir très pâle. En même temps le président portait la main à l’endroit frappé et je dis à M. Carnot : "Qu’avez-vous M. le président ?" […] Le président m’a répondu d’une voix à peine perceptible : "Je suis blessé" ou "je suis frappé". J’ai eu alors tout d’un coup la pensée bien nette que M. Carnot venait d’être blessé par le bras que j’avais vu.
Gosse d'une famille nombreuse de Lombardie, Sante Geronimo Caserio, boulanger anarchiste de 21 ans, venait de venger Ravachol et Vaillant dont Sadi Carnot avait refusé la grâce.
Au tribunal, Caserio revendiqua un acte individuel et, coupant la parole à son avocat commis d’office, déclara : « Si les gouvernements emploient contre nous les fusils, les chaînes, les prisons, est-ce que nous devons, nous les anarchistes, qui défendons notre vie, rester enfermés chez nous ? Non… Vous qui êtes les représentants de la société bourgeoise, si vous voulez ma tête, prenez-la ! » Il accueillit sa condamnation au cri de « Vive la révolution sociale » et repoussa la possibilité de plaider la maladie mentale.
Son acte et son exécution furent suivis de diverses actions violentes contre les travailleurs italiens en France ainsi que par une troisième charrette de lois scélérates.
Le poète et dramaturge anarchiste Pietro Gori, auteur de Addio Lugano bella, avait été son mentor et ami. Il écrivit cette ballade, A Sante Caserio, sur l'air de la chanson Suona la mezzanotte, interprétée ici par Sandra Mantovani.
La vidéo est tirée du Bal des innocents de Joseph Paris.
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