dimanche 19 mai 2019

Damia joue Damia chez Duvivier


Valery Inkijinoff et Harry Baur écoutant Damia
Pour meubler ses films, Julien Duvivier écrivait des chansons. Qu'il faisait chanter par Fréhel ou Gabin.
Quelle ne fut pas notre surprise et notre joie de retrouver également Damia dans une adaptation de Simenon, La tête d'un homme (1933).

 D'abord elle pousse sa Complainte (paroles Duvivier, musique Jacques Dallin) au générique où elle est créditée du rôle de "la femme lasse".
Puis sur le trottoir, devant un bistrot bondé, Missia entonne Un assassin va se faire raccourcir la cabèche manière de planter l'intrigue.
Des fois que le titre et la guillotine du générique ne vous aient point convaincu qu'on va s'enfoncer dans le crime et son châtiment.
Mais c'est lorsque l'excellent Harry Baur (Maigret) et le génial Valery Inkijinoff* (Radek) se confrontent dans une piaule miteuse et qu'ils sont interrompus par le chant de la voisine d'une palier que la chanson, cette fois vécue à travers les regards de ses deux auditeurs, occupe réellement tout l'espace.

Vingt minutes plus tard, Inkijinoff, en pleine crise de démence meurtrière, fait irruption chez la voisine sur la voix de laquelle il fantasme depuis longtemps et tombe sur Damia en personne, en proie à un grandiose cafard au milieu d'une partie fine.
Vu l'état de la post-production en 1933, on ne peut s'empêcher de se demander "Mais où étaient donc placés les musiciens ?"
Parce que la bougresse était bien foutue d'envoyer ça en direct dans n'importe quelle position.
Jugez-en donc..


* Acteur né à Irkoutsk (Sibérie) en 1895 ayant joué les filles de l'air vers la France en 1931 où il a fait carrière jusqu'en 1972. 

3 commentaires:

  1. Magnifique ! Il faut dire que ces "intermèdes" musicaux étaient placés généralement à un moment du dialogue pour servir de palier nécessaire. Voyez par exemple le joueur de trompette venant interrompre Gabin/Berry dans leur Prévert-dialogue.

    RépondreSupprimer
  2. ps: dans "Le jour se lève" scène des explications au café.

    RépondreSupprimer
  3. Certes mais pas seulement, il y a une chose remarquable chez Duvivier (outre le fait qu'il est l'auteur des chansons) : cette scène est mieux qu'un palier, elle créé une tension supplémentaire dans la mise en place d'un acte violent qu'on sent arriver au grand galop. La chanteuse n'est pas vraiment telle que Radek l'imaginait.
    On n'a pas dégotté la scène avec Missia (autre chanteuse oubliée) mais cette goualeuseuse de rue qui couvre le brouhaha du café du boulevard sert aussi à présenter les divers protagonistes apparaissant au même endroit.
    Il reste d'autres scènes mémorables dans ce film trop rare, comme celle de la petite fille à la tartine...
    Quant à la trompette du "Jour se lève", on l'avait oubliée. On va se remettre ça très vite.
    Merci M'sieur Julius.
    J.

    RépondreSupprimer