Chaque époque a généré les Alexandre Benalla qu'elle pouvait.
La Révolution de 1789 étant une référence de ces derniers mois, allons faire un petit tour du côté d'un groupe de gros bras contre-révolutionnaires plutôt tombés dans l'oubli.
Sans résumer toute une période riche en rebondissements (surtout dans la saison 1, 2 et 3) partons du 9 thermidor de l'an II (27 juillet 1794) date considérée comme la fin de la Terreur car marquée par la chute de Maximilien Robespierre (arrêté avec son frère Augustin, Le Bas, Couthon, Saint-Just, Dumas, etc.). Tout ce beau monde est guillotiné à la hâte dès le lendemain.
Une jeunesse dorée plus ou moins royaliste refait alors surface et tient même le haut du pavé à partir du mois de septembre.
Figure centrale, un curieux personnage comme seules les circonstances historiques exceptionnelles en ont le secret : le "journaliste" Louis Marie Stanislas Fréron.
Ci-devant Missionnaire de la Terreur, autrement dit envoyé par la Convention en 1793 pour mater de soi-disant insurrections royalistes ou girondines, Fréron avait planifié de grands massacres à Marseille et Toulon. Soupçonné de détournements de fonds, il doit ensuite comploter avec Fouché et Tallien pour précipiter la chute de Robespierre.
Lui qui avait fondé le journal l'Orateur du Peuple dans lequel écrivait son ami Marat, passe sans état d'âmes dans le camp réactionnaire et organise une bande de 3000 muscadins ou "collets noirs", selon une méthode qui sera reprise sous l'occupation pour monter "la Carlingue". Outre quelques commerçants ou clercs issus de la jeunesse dorée, il suffit de donner l'impunité à un bon nombre de costauds qu'on tire de prison pour mener une guerre privée contre les jacobins. En novembre, ce nouvel ami de l'ordre envoie même ses troupes ravager le club de ses anciens collègues.
L'occupation principale de ces nervis munis de cannes plombées (appelées "pouvoir exécutif"), en basques queue de morues et culottes serrées est alors de tabasser tout ce qui ressemble de près ou de loin à un sans-culotte. En le forçant à entonner l'hymne de la réaction thermidorienne Le réveil du Peuple, censé remplacer la Marseillaise.
Autre code vestimentaire, les muscadins portaient des cheveux longs avec des tresses pour amortir les coups de gourdins ou de sabre récoltés dans les bagarres contre les sans-culottes. Ils exhibaient des vestes vertes, en souvenir du Comte d'Artois pourvues de 17 boutons de nacre en l'honneur de l'orphelin du Temple. Leur mot de passe est une allusion à ce dernier : « Combien huit et demi et huit et demi font-ils ? ».
Ils fréquentaient les bals des victimes, réservé à ceux qui affirmaient avoir perdu des parents à l’échafaud. On y dansait en habits de deuil et s'y saluait d’un coup sec de la tête, comme frappée du couperet de la guillotine.
Les insurrections de germinal et prairial (avril et mai 1795) seront un premier coup d'arrêt aux menées royalistes. L'émeute du 13 vendémiaire (5 octobre 1795) écrasée par un obscur général corse qui changeait lui aussi de camp comme de chemise achèvera les espoirs de restauration.
De la jeunesse dorée du directoire resteront des snobs Incroyables et Merveilleuses refusant d'employer la lettre R qui évoquait trop la Révolution. Le mot muscadin désignera un gandin réactionnaire durant tout le XIX ème siècle.
Quant à Fréron, cette girouette avait déjà abandonné l'extrême-droite pour devenir un modéré. Méprisé, déconsidéré par tous il finit exilé à Saint Domingue par ce même Bonaparte nommé Premier consul. Il y meurt de fièvre jaune dans le mois qui suit son arrivée.
un mot est resté aussi de cette époque, accolé à ceux-et-celles qui se refusaient obstinément à entonner l'hymne de la réaction thermidorienne : on les accusait de MENEES TERRORISTES
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