lundi 25 janvier 2016

Carte de séjour, un certain gâchis


De Carte de Séjour, il ne reste malheureusement dans le souvenir de la plupart que le tube Douce France, fort mal tombé à l'époque d'un anti-racisme englouti par un pouvoir qui jouait à Machiavel dans le texte. Et la carrière de Rachid Taha, chanteur du groupe, qui s'ensuivit.
Et pourtant, voilà un groupe qui méritait mieux. D'abord, c'était un excellent groupe de scène, pour les avoir vus quelques fois, on peut en témoigner. Et puis, dans le genre pas facile à mettre en case, ces Lyonnais se posaient un peu là.
Certes, il y avait déjà eu une vague de chanteurs algériens qui avait constitué une véritable école sur le sol français. Des noms comme Slimane Azem, Dahmane el Harrachi, Aït Menguellet, Ahmed Soulimane, entre autres, étaient bien connus, il en reste un paquet de scopitones réalisés dans les années 60.
Mais cette culture restait confinée aux bistrots et familles maghrébines ou à ceux qui les fréquentaient, c'est à dire finalement pas grand monde.
Carte de Séjour seront sinon les premiers, du moins les plus populaires à fondre le raï algérien, le gnawi,  le rock qui était encore la musique des prolos et le reggae, alors celle des cités.  
En parallèle, des deux côtés de la Méditerranée, Raïna Raï, groupe mené par Lofti Attar, donnait ses lettres de noblesse au rock rebeu en ces mêmes années.
Repérés dès 1981, CDS auront un premier succès avec "Zoubida", reggae issu du premier maxi 45 tour, chanson dénonçant les mariages forcés.
Le légendaire dj londonien John Peel avait dressé l'oreille dès le 14 août 1982 à la BBC (excusez le son perrave, c'est un document)


Leur meilleur disque reste sans conteste " la Rhorhomanie" (1984) qui mêle arabe algérien, de banlieue et français.
Un exemple, cet allègre twist qui raconte le périple picaresque et commercial d'un petit gars qui va d'Alger à Lyon. Bleu de Marseille :


Momifiés par leur fausse bonne idée de reprise de Trénet "Douce France", Jack Langisés, propulsés symboles de-la-jeunesse-multiculturelle-qui-réussit-même-en-étant-rebeu tout en restant relativement incontrôlables, ils vont jeter l'éponge en 1990. Depuis Rachid Taha poursuit le chemin que l'on sait, collaborant régulièrement avec le producteur britannique Steve Hillage (ex membre de Gong, groupe hippie barré mais talentueux basé en France dans les années 70).

Le groupe original était formé de
Rachid Taha (chant), Mokhtar Amini (basse), Mohamed Amini (guitare), Jérome Savy (guitare), Brahim M'sahel (percus), Djamel Dif (batterie) et Jallal (oud et banjo).

2 commentaires:

  1. Rachid Taha a fait le boeuf cet été avec Rodolphe Burger (tiens, vous n'en parlez jamais à Dans l'herbe, pas l'occasion ou vous ne l'appréciez pas ?) en Bretagne. Rachid est resté bon vivant, tenait pas debout sur scène et une prestation artistique plutôt destroy... Mais sympa, ma belle soeur l'a vu le lendemain matin soigner sa gdb et se faire un peu presser par son manager au petit déj' à son hôtel, nature le type, pas la grosse tête, convivial.

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  2. Que Rachid Taha soit un joyeux drille, aussi insupportable qu'attachant, pour personnellement avoir traîné un temps entre Saone et Rhône, nous n'en doutons pas. D'où l'expression "incontrôlable" dans l'article.
    Je connais mal Roldolphe Burger et j'ai l'impression que c'est aussi le cas de mes collègues.
    Voilà donc l'occase de réparer une lacune.
    Jules

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