mercredi 15 octobre 2014

En avant la zizique...

... et par ici les gros sous.






     La chanson, disons le tout de suite, n'a rien d'un genre mineur. Le mineur ne chante pas en travaillant, et Walt Disney l'a bien compris, qui faisait siffler ses nains. Le mineur souffle en travaillant pour éviter que le charbon ne lui entre dans la bouche. La pression du jet d'air, accrue par la réduction du diamètre de l'orifice émetteur, est en effet suffisante pour détourner les poussières, que le mineur se contente d'avaler par le nez, comme tout le monde.
    N'étant pas un genre mineur, la chanson joue, cela va de soi, un rôle majeur dans les circonstances les plus diverses et souvent les moins propices ; nous y reviendrons plus tard, mais empressons nous d'ajouter qu'on peut se faire faire presque n'importe quoi en chantant, sauf un lavage d'estomac ou enlever les amygdales, et que la mort n'exclue pas le reste.
    La chanson est éternelle, dit-on couramment.
    Je crois que l'on se trompe : la chanson est, sous sa forme de chanson, étroitement liée à l'existence de l'homme sur cette planète. Rien, donc, de plus relatif que cette éternité. Qui plus est, on a toute liberté d'imaginer une race d'hommes sans cordes vocales, et qui ne chanteraient point. Rêve revigorant quand on a écouté quelques temps la radiodiffusion, nationale ou privée, et quand on a fait passer quelques auditions.


Boris Vian, En avant la zizique...et par ici les gros sous.





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