vendredi 30 décembre 2016

La chanson immortelle de Gabin


Pour terminer 2016, une des plus célèbres chansons du cinéma des années 30, séquence de la Belle équipe de (toujours lui) Julien Duvivier, sorti en septembre 1936.
On se souvient de l'argument du film : les tribulations de cinq chômeurs, dont un réfugié espagnol en instance d'expulsion, qui gagnent à la loterie et décident de s'associer pour monter une guinguette plutôt que d'aller le dépenser chacun pour leur compte.
Première particularité, trois des acteurs gardent leur véritable prénom dans ce film : Jeannot (Gabin), Charlot (Vanel) et Raymond "Tintin" (Aimos*) 
Métaphore du Front Populaire, ce film connut deux fins** : l'originale, voulue par Duvivier, dans laquelle la joyeuse bande s'étiole, puis se déchire jusqu'au meurtre et une optimiste dans laquelle nos gaillards voient leur rêve se réaliser, quitte à ressusciter un mort au passage!
Cette fin, montrée à l'époque, était si artificielle qu'elle doit avoir joué son rôle dans le flop du film à sa sortie.
Par contre, la chanson, écrite par Julien Duvivier et Maurice Yvain, interprétée par Gabin, ici suivi par Raymond Cordy et accompagné de l'orchestre musette de Pierrot Deprince est restée dans toutes les mémoires.

 
Une dernière remarque en ce qui concerne le cinéma et le Front Popu : ce film, tourné début 36, comprend un personnage espagnol. Il ne pouvait y avoir d'allusion à la guerre en cours pour cause de date de tournage. Par contre, les films qui suivront vont soigneusement éviter le sujet. Reflet de la lâcheté et de la trahison du gouvernement de Léon Blum ? Sans doute. Il existe toutefois quelques exceptions notables, dont le fabuleux "Hôtel du Nord" de Marcel Carné (1938)

* Tué sur les barricades lors de l'insurrection parisienne de 1944. 
** On n'en dira pas trop, tout le monde n'a pas vu le film. 

PS : Pierre Barouh est donc disparu le 28 décembre. On y reviendra.

mardi 27 décembre 2016

Moustique et deux fameux proxénétes

Michel Grégoire (né en 1944 à Paris) est un personnage maudit du rock français des tout débuts.
Son joli brin de voix ne lui a jamais permis d'accéder au statut d'idole, lui qui arriva au concours du Golf Drouot juste derrière Johnny Halliday envers qui il gardera une certaine rancune.  
Moustique se sera tout de même produit en première partie de Little Richard, Gene Vincent, Jerry Lee Lewis ou les Beatles à l'Olympia. Excusez du peu.
La télévision lui avait consacré un bref sujet à l'époque.
En voici un autre de 1989 où notre homme révèle aussi des talents de cuistot et de raconteur :


Il a tenu un temps un restaurant dans son quartier de La Bastille, depuis, il semble qu'on puisse le croiser à son stand de brocante africaine au marché d'Aligre.
Par ailleurs, notre rocker monte toujours sur scène à l'occasion.
Et les proxos du titre, alors ?
Il est ici fait référence à une de ses plus fameuses adaptations, la chanson de geste américaine Stagger Lee.


Variante édulcorée de la version originale, cette chanson (aussi connue comme Stago Lee, Stack-O-Lee, Skeeg-a-Lee, etc.) part d'un règlement de compte entre deux macs de la Nouvelle Orleans.
Selon l'anecdote recueillie par les Lomax, Lee "Stag" Shelton (vraisemblablement issu d'une lignée de truands écumant des steamboats, les "Stack") et William "Billy" Lyons, deux noirs concurrents ont une querelle dans un bar un soir de noël 1895. Le ton montant, Billy arrache le stetson de Lee qui sort son flingue et l'étend pour le compte.

Jugé pour meurtre, Shelton ne restera en taule que jusqu'en 1909 (après tout il avait débarrassé la Louisiane d'un truand notoire) avant d'y retourner pour vol à main armée en 1911 et d'y crever l'année suivante.
Pourquoi et comment ce fait divers assez banal est-il devenu un grand classique du folk, puis du blues, puis du rock ? Mystère !
Chantée dans les rues et les bars, enregistrée une première fois en 1923 (par Waring's Pensylvanians ?), la version de Lloyd Price fera un carton en 1959.
Connaissant moult rajouts, elle a été reprise, entre autres, par Sydney Bechet, Ike et Tina Turner, Wilson Pickett, James Brown, Sam the Sham, Grateful Dead, Tom Jones, les Clash, Nick Cave...
La plus chouette version ? C'est hautement subjectif.
Dixit, Romain, Grand Timonier du blues sur Canal Sud, celle des Isley Brothers avec Fats Domino au piano vaut le coup d'oreille :



samedi 24 décembre 2016

L'Herbe Tendre passe à table



Quoi de plus fatal et tragique après avoir fréquenté la police que de se mettre à table ?
À peine remis des agapes annuelles, l'Herbe Tendre passe à la grande bouffe.
Entre ragoûts mis en musique et bonnes manière de se tenir à la table de la Baronne Nadine de R., nous nous proménerons du côté des maîtres-queux.

Avis ! Achtung ! Pour cause d'absence de certains de ses membre, l'Herbe Tendre de janvier est remise au DEUXIÈME lundi du mois. Ce sera donc le lundi 9 janvier à 18h sur Radio Canal Sud.

Et l'on verra ci-dessous l'immortel Raymond Oliver en compagnie de deux chansonniers qui n'avaient rien contre un p'tit verre à l'occase subir la recette du Water Pudding :


Pierre Dac Francis Blanche recette de cuisine... par Antipathes

vendredi 23 décembre 2016

Encore Jacques Grello et toujours Noël


Le 27 mars 1962, Jacques Grello célébrait la nativité à sa manière, accompagné par son pote Pierre Nicolas.
On croit reconnaître au passage Jean-Pierre Chabrol, Georges Brassens, Maurice Fanon, Guy Béart et peut-être d'autres... Physionomistes érudits, à vos claviers.


mardi 20 décembre 2016

Brassens, Paul Fort (3) et Gabriel Yacoub

On savait que Brassens, lorsqu'il empruntait un texte, aimait tailler dans le gras pour en faire une chanson efficace.           
Au point de nous faire parfois oublier le poème original. Une des plus belles réussites du Sétois restant, à notre goût, La Marine du "Prince des poètes", comme se plaisait à l'appeler Jacques Yonnet, on s'est rendu compte que le texte, à la base intitulé L'Amour marin (qu'on retrouve donc en cliquant sur le lien) comportait en tout 27 strophes ! 
Inadaptable, donc ?
Pas vraiment, il suffisait d'oser.
À preuve et pour notre édification, cette version de Gabriel Yacoub, ci-devant fondateur du groupe (parfois pénible) Malicorne qui est ici entouré de BJ Cole, John Lester, Jeff Boudreaux, Ronnie Caryl, Rob Armus, Gabriela Arnon et Paul Tiernan.
Le texte est ici dans son intégralité et ça lui rend une belle justice. 

 

samedi 17 décembre 2016

LA habanera par Arno


Allez, une question à la con. À votre avis quelle est la chanson la plus reprise au monde ?
L'Internationale ? Veni creator ? Let it be ? Évidemment, c'est introuvable.
Un sérieux candidat au titre est ce classique des baloches de notre enfance : 
La Paloma (en espagnol, la Colombe). On en recense autour de 5000 reprises !
Cette chanson, généralement signée (Traditionnel), aurait été composée, autour de 1863, par le Basque Sebastian Yradier qui revenait de faire un petit tour à Cuba, encore colonie espagnole et pas encore satellite des États-Unis, (ce qui n'adviendra qu'en 1898).
L'origine caraïbe de la chanson est attestée par cette musique, si populaire à la fin XIXème, la Habanera, dont Bizet et Ravel useront avec profit.
Dès 1865, on entend les premières traductions, en France et en Allemagne.
Les versions françaises ont divers auteurs et paroles au gré des adaptations (Jean Rodor, Jean Loysel, Reda Caire, Catherine Desage) 
Mireille Mathieu en fit, en 1973, une adaptation en allemand de Georg Buschor La Paloma Ade qui fut numéro 1 des hits dans les pays germanophones, puis une autre en français par Catherine Desage, La paloma adieu, numéro 1 dans les pays francophones. Puis, elle gravera encore deux autres versions : en anglais La Paloma Good-Bye et en espagnol La Paloma Vendra.
Même Elvis Presley s'y est frotté dans sa période crooner à Las Vegas.
Mais un des tout premiers enregistrements discographique fut celui de la Garde républicaine (France) en 1899.
Illustration plus moderne :


 

Cette réjouissante version tout à fait balocharde, est chantée par Arno sur son disque d'avril 1991, par ailleurs très bluesy, "Charles et ses Lulus".
Le groupe était formé de Arno, Roland, Adriano Cominotto et Piet Jorens. 

La Paloma fut également le nom d'un dancing de Barcelone, aussi charmant que populaire, du temps où il se trouvait dans un quartier pas encore ravagé par la spéculation, le modernisme, la bourgeoisie, la publicité, les épiceries bio, etc.
On pouvait y boire du mousseux catalan dans une salle rococo peuplée de couples endimanchés au son d'un orchestre qui devait déjà jouer du temps où Juan Garcia Oliver faisait le service. Lorsque les musiciens entonnaient La Paloma, il fallait songer à trouver un autre abreuvoir ou tituber jusqu'à sa piaule.
Un mien camarade, issu des rues de ce quartier, aimait tellement ce titre qu'il en faisait subir plus de quarante versions enchaînées sur une cassette au cours d'interminables trajets automobile.

jeudi 15 décembre 2016

Hitler est mort (curiosité québecoise)

  Canadiens assez satisfaits, fin 1944
Encore une trouvaille de l'ami François, du blog Le Garage.
Hitler est mort
Une chanson de Billy Paradis, alias Taffnut, (sur le 78 tour Starr 16641-B) de 1945 avec "Mouchons-nous" en face B.

Au vu du peu de sources dont on dispose, il semble que le sieur Billy Paradis ait été un fantaisiste québécois, un tant soit peu comique troupier, qui commit quelques amabilités comme "Le Japon ne jappera plus" ou " D'l'amour atomique" et aussi certains titres plus sociaux.
Le style raciste employé vis à vis des Japonais est bien dans le ton universel de l'époque. Pas plus dégueulasse, par exemple, que les bd belges de Victor Hubinon où l'on cassait des "faces de citons" à qui mieux mieux jusque dans les années 60.
Pour mémoire, dans cette guerre, plus de 45 000 Canadiens ont laissé leur peau sur les différents fronts avec un événement particulier, celui du débarquement foireux de Dieppe, (19 août 1942) pur massacre de troupes du grand nord, qui laissera chez certains d'entre eux une rancœur tenace vis à vis de l'état-major britannique.
Au 8 mai 1945, 80 000 Canadiens se trouvaient dans les forces du Pacifique contre le Japon. De ce côté là, la guerre avait débuté par une campagne, assez lamentablement menée, dans les Îles Aléoutiennes en juin 42 / mai 43.

Juste pour se mettre en joie, un petit supplément de 1942 au sujet de l'odieux personnage par l'immense bluesman Leadbelly :