mardi 27 décembre 2016

Moustique et deux fameux proxénétes

Michel Grégoire (né en 1944 à Paris) est un personnage maudit du rock français des tout débuts.
Son joli brin de voix ne lui a jamais permis d'accéder au statut d'idole, lui qui arriva au concours du Golf Drouot juste derrière Johnny Halliday envers qui il gardera une certaine rancune.  
Moustique se sera tout de même produit en première partie de Little Richard, Gene Vincent, Jerry Lee Lewis ou les Beatles à l'Olympia. Excusez du peu.
La télévision lui avait consacré un bref sujet à l'époque.
En voici un autre de 1989 où notre homme révèle aussi des talents de cuistot et de raconteur :


Il a tenu un temps un restaurant dans son quartier de La Bastille, depuis, il semble qu'on puisse le croiser à son stand de brocante africaine au marché d'Aligre.
Par ailleurs, notre rocker monte toujours sur scène à l'occasion.
Et les proxos du titre, alors ?
Il est ici fait référence à une de ses plus fameuses adaptations, la chanson de geste américaine Stagger Lee.


Variante édulcorée de la version originale, cette chanson (aussi connue comme Stago Lee, Stack-O-Lee, Skeeg-a-Lee, etc.) part d'un règlement de compte entre deux macs de la Nouvelle Orleans.
Selon l'anecdote recueillie par les Lomax, Lee "Stag" Shelton (vraisemblablement issu d'une lignée de truands écumant des steamboats, les "Stack") et William "Billy" Lyons, deux noirs concurrents ont une querelle dans un bar un soir de noël 1895. Le ton montant, Billy arrache le stetson de Lee qui sort son flingue et l'étend pour le compte.

Jugé pour meurtre, Shelton ne restera en taule que jusqu'en 1909 (après tout il avait débarrassé la Louisiane d'un truand notoire) avant d'y retourner pour vol à main armée en 1911 et d'y crever l'année suivante.
Pourquoi et comment ce fait divers assez banal est-il devenu un grand classique du folk, puis du blues, puis du rock ? Mystère !
Chantée dans les rues et les bars, enregistrée une première fois en 1923 (par Waring's Pensylvanians ?), la version de Lloyd Price fera un carton en 1959.
Connaissant moult rajouts, elle a été reprise, entre autres, par Sydney Bechet, Ike et Tina Turner, Wilson Pickett, James Brown, Sam the Sham, Grateful Dead, Tom Jones, les Clash, Nick Cave...
La plus chouette version ? C'est hautement subjectif.
Dixit, Romain, Grand Timonier du blues sur Canal Sud, celle des Isley Brothers avec Fats Domino au piano vaut le coup d'oreille :



2 commentaires:

  1. Salut,
    un bon petit bouquin sur cette histoire :
    https://www.editions-allia.com/fr/livre/321/sly-stone-le-mythe-de-staggerlee
    Et si le Clash aborde le mythe, c'est par une brillante reprise d'un merveilleux morceau des Rulers :
    https://www.youtube.com/watch?v=JNp9ymVrugQ
    Amitiés
    Marcela Zulu

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Quels farceurs ces Clash, ils auraient pu créditer "The Rulers" au lieu de le signer Clive Alphonso. Ce vieux ska de 1967 nous avait échappé, merci pour le tuyau.
      Quant au petit bouquin de l'excellent Greil Marcus, on va y jeter un œil.
      Thanks, Marcela.
      Jules

      Supprimer