lundi 21 février 2022

Qui sont les Hommes chats ?

 

Le maire de l'époque a reçu de nombreux individus et plus de deux cents appels téléphoniques. Il parlait aux journalistes, aux policiers, à la Maria Teresa Campos¹, aux émissions de la télévision basque et au président de la communauté autonome de Navarre. À un tas de gens connus. Il s'est pas mal affaibli. Il ne dormait presque plus. Mangeait peu. Il était sempiternellement entouré d'étrangers et répondait à deux téléphones portables en même temps. Une chose chassant l'autre.

Qui l’eut cru ? On avait vécu avec un collectionneur. Mais celui-là ne s'était pas passionné pour les timbres ou pour les images de footballeurs. Il se contentait de nettoyer la contrée de tous ceux qui rôdaient autour de son troupeau. Il les tuait et leur tranchait les mains. Aux voleurs de bétail. Pour les conserver ensuite dans le sel. Nous, on pouvait l'entendre. On doit défendre sa propriété envers et contre tous. Mais du monde extérieur, on n'a reçu que de la merde et du venin. Ce n'était que sauvageries incompréhensibles pour les esprits comme il faut.

Qu'avec les mains, il se faisait des attouchements pas catholiques. Je ne sais quoi encore à propos de fétiches. Qu'il était complètement cinoque. Que pendant des décennies, il avait terrorisé toute la région. Qu'il était impossible que les autres n'aient rien suspecté. Qu'on avait encore peur de parler alors qu'il était mort. Qu'on était complices. Par ce qu'on s'était tus et qu'on n'avait pas voulu alerter qui que ce soit. Qu'on entravait l'enquête. Que nous vivions en pleine folie. Que vivre éloignés du monde avait fait de nous des misérables. Que si ça se trouve, c'était nous, ses propres voisins, qui avions mis le feu pour nous libérer de ce fou. Que nous représentions l'Espagne Noire. Que nous étions tous coupables. Et je ne sais combien d'autres conneries.
Josu Arteaga Histoire universelle des Hommes-chats (Nouveau Monde) 

L'auteur ne dédaigne pas taquiner la muse du rock et la mythologie du western spaghetti made in Spain.
Avec ses deux complices de la Banda del abuelo.

 

Un village enchâssé dans les brumes des montagnes basques, non loin de la frontière française. Qui se maintient à l'écart d'un monde qu'il méprise et qui l'agresse.

Un village dont plusieurs habitants sont décrits comme correspondants à un félin particulier. D'où leurs surnoms d'Hommes Chats.

Un village dont une bonne partie de la population, traditionnellement catholique, a choisi le camp des vainqueurs durant la guerre civile mais autour duquel des guérilleros anti-franquistes ont longtemps rodé.

Un village qui cache de terribles secrets. Outre les jalousies, rivalités ou haines qui se résolvent de façon tragique ou cocasse, une rumeur persistante fait état de cadavres aux mains coupées, on ne sait par qui ni pourquoi.

Jusqu'à ce que le brouillard se lève sur la scène des crimes. 
 

¹ Maria Teresa Campos : animatrice de différents talk-show de la télévision espagnole.

 

4 commentaires:

  1. Magnifique couverture en tout cas. Si son ramage se rapporte à son plumage, ça doit valoir le détour.

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  2. Bien reçu, merci ! M'en va lire ça avec appêtit.

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    1. Normal, l'auteur ayant été publié dans le dernier Chéri Bibi.

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