Eut-il été italien que ce film aurait aussitôt gagné sa classification de néo réaliste.
Un homme dans la ville de Marcel Pagliero (1949) a été tourné en extérieur dans une ville du Havre dévastée par les bombardements, entre tas de gravats et terrains vagues alors que des immeubles tout moches sont édifiés de l'autre côté du bassin.
L'intrigue n'a pas grande importance. Le cadre, si. Sans arriver au talent de Carné dans Le jour se lève, on pige tout de suite que le travail est la malédiction de ces hommes qui boivent, qu'ils soient dockers ou ouvriers au chantier naval.
Même si l'argument est faiblard, la fin est brutale et noire à souhait.
Et les acteurs s'en tirent tout à fait honorablement, que ce soit Ginette Leclerc en garce (abonnée qu'elle était à ce genre de rôle) mal mariée, Robert Dalban en docker aigri et alcoolo, Yves Deniaud en impayable tenancier de bistrot, Jean-Pierre Kerien, le régional de l'étape, en Casanova des quais et du pauvre, André Valmy en flic placide mais juste et on a la surprise de retrouver notre Fréhel en marchande de sommeil entassant des Noirs dans un taudis.
Vous l'aurez compris, à part des acteurs méritants, ce film vaut surtout pour son ambiance et ses scènes de boulot dans des conditions tout à fait lamentables.
Ce qui n'a pas empêché le PCF de dénoncer ce film où "on traîne une catégorie de travailleurs dans la fange" et qui dépeint "des ivrognes paresseux et brutaux, préoccupés surtout de bagarres et de coucheries", dans le but aussi de "discréditer les dockers et le combat pour la paix, par tous les moyens".
La campagne communiste fera retirer le film du Havre au bout de six mois et tentera de la faire interdire ailleurs.
Encore bravo, camarades censeur. Si on picole sec et qu'on se fout sur la gueule à l'occasion, on a la faiblesse de penser que la vie quotidienne de 1949 ressemblait plus à ça qu'à un film d'Eisenstein.
Allez, on vous l'envoie pour que vous vous fassiez une idée par vous même
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