jeudi 24 octobre 2019

The Gun Club : Fire of love


Pour la presse comme pour le public, ce sera du tout cuit tant il y a là un de ces objets que les deux affectionnent particulièrement : l'énergumène qu'on va traiter en bête de foire.
Barney Hoskins (...) voit en Jeffrey Lee Pierce "avec sa voix désespérée et habitée un Jim Morrison gothique chantant sur les fantômes et les poissons, les sorcières et les poupées vaudou".




Tout au long des trois premiers albums, du blues au jazz en passant par la country, Pierce et son groupe vont donc revisiter le folklore nord-américain de la première moitié du XXe siècle, avec tout ce que le prolétariat y a produit comme expression d'un rude quotidien. émigration vers le nord industriel, Grande dépression, difficultés des conditions ouvrières et paysannes avec ce qu'elles comptent de vicissitudes, ségrégation en plus pour la communauté noire.



L'originalité du Gun Club est là : Pierce a capté le fond du blues en s'émancipant de sa forme. Et si Pierce a capté le fond du blues, c'est parce qu'il est une personnalité blues. Là se situe la différence avec les productions des musiciens blancs comme le blues-boom des années 1960 a pu en produire. au fond, les disques des Cream et même des Stones n'étaient-ils pas plutôt un hommage au blues que véritablement du blues ?



"Ma mère est mexicaine. Une métisse, mi-indienne, mi-française. Du coup, j'étais catholique et dans le sud-ouest, être catholique, c'est pire que d'être communiste. Je sais ce que c'est que d'être traité comme un bougnoule. Ma mère, quand j'étais môme, elle ne parlait pas un mot d'anglais et moi j'étais un foutu bâtard : trop blond pour les mexicains, trop mexicain pour les autres. Déjà, quand j'étais môme, je portais des médailles et des gris-gris pour faire chier le monde. Les cathos mexicains sont complètement givrés : ils pratiquent un mélange de christianisme et de superstitions indiennes. C'était bonnard, je n'avais qu'à voler des amulettes à ma mère."  Jeffrey Lee Pierce.

Les deux morceaux sont tirés du premier album du Gun Club, Fire of Love (1981)
Preachin' the blues est une reprise de Robert Johnson.
Texte et citations sont extraits du livre Jeffrey Lee Pierce de Marc Sastre (LFDB 2013)

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