mercredi 24 janvier 2018

Lys Gauty



Lors de la dernière émission, Humphrey nous apprit que Damia l'avait surnommée la "Sous-préfète". Amabilité sans doute due au fait que ces deux dames jouaient dans un registre très proche. Il est d'ailleurs parfois difficile, à une simple écoute, de distinguer l'une de l'autre.
Belle longévité que celle d'Alice Gauthier (1900 Levallois-Péret, 1994 Monte-Carlo) née dans une famille de modestes travailleurs, devenue dactylo, vendeuse de chapeaux, modiste et prenant des cours de chant sur ce que ses parents lui laissaient de son salaire.
Elle aurait fait ses débuts de cabaret Chez Fyscher en 1924, y rencontrant son futur mari, Gaston Gröener, qui devient à la fois son manager et co-auteur de chansons.
On la verra ensuite en1926, au Théâtre de Dix-Heures à Bruxelles et à Paris à La boite aux Matelots, en 1932, puis à Bobino en 1933, à l'Alhambra en 1934 et à l'ABC en 1936. Elle est déjà devenue un vedette à ce moment-là.

Parallèlement, elle apparaît dans plusieurs films : Jours de noce (Maurice Gleize, 1930) La goualeuse, du sur-mesure taillé pour elle (Fernand Rivers 1938) où elle chante Dis-moi pourquoi.
En 1933, elle créé son immortel succès, Le chaland qui passe, version française de Parlami d'amore, Mariu de Vittorio de Sica.
La chanson sera un tel carton qu'en 1937, elle en fera une parodie : Le chaland qui reste.


Elle se spécialise alors dans des interprétations de Kurt Weill et sera la première à chanter du Prévert en 1939 : Les escargots qui vont à l'enterrement (1940). Le tout en tournant jusqu'en Amérique du Sud dans ses robes blanches qui l'avaient rendue fameuse.
Entre 1941 et 1944, elle enregistre Les petits pavés, Fumée sur le toit et un texte Françis Blanche sur une musique de Django Reinhart, Crépuscule.
Elle qui avait, avant-guerre dénoncé l'antisémitisme ambiant, se fourvoie sur les ondes de Radio Paris pendant l'occupation et fait une tournée, promotionnée par Kraft durch freude (organisation kulturelle nazie) , en compagnie de Fréhel et Raymond Souplex,  en 1942, entre stalags et STO.
Du coup, son retour d'après-guerre sera fort discret. Après avoir tâté de l'opérette et employé le jeune Léo Ferré comme pianiste en 1947, elle abandonne la scène en 1953 pour diriger un cabaret niçois et ouvrir une école de chant. 

Un autre succès tiré du film de René Clair 14 juillet, (1933) À Paris, dans chaque faubourg :



Un merci au site Du temps des cerises aux feuilles mortes pour une biographie bien plus étoffée.

7 commentaires:

  1. "Elle aurait fait ses débuts de cabaret Chez Fyscher en 1924, y rencontrant son futur mari, Gaston Gröener, qui devient à la fois son manger et co-auteur de chansons" : hé oui, c'était chouette, à cette époque, de pouvoir apporter son manger au troquet !

    Mais Lys avait-elle les dents longues au point de bouffer du manager ?
    Faudrait demander à Serge Ayoub… euh, non, pardon ! Gabriel Yacoub !

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  2. Et le doux hommage du gros François de Pigalle sur leur magnifique " Regards affligés sur la morne et pitoyable existence de Benjamin Tremblay, personnage falot mais ô combien attachant"

    https://www.youtube.com/watch?v=3ZT65UHH9oE

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  3. Et oui, le gros François s'était fait une spécialité dans la reprise de chansons considérées ringardes.
    On rectifie aussi sec la coquille Georgie, merci de votre œil aiguisé.
    Shame on me.
    (je transmettrai le rappel du lapsus à ce cher Serge)
    J.

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  4. Cher Michel,

    Désolé de pinailler, mais Le Chaland de Pigalle est un hommage direct et non une reprise -quoi que je valide avec force leur spécialité de reprises !

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  5. Le tube de Lys Gauty a hélas une triste réputation cinématographique : alors que Jean Vigo agonisait, la Gaumont décida de distribuer son dernier film, L'atalante, sous le titre Le chaland qui passe, à cause du succès de la chanson. Celle-ci n'avait rien à voir avec la choucroute mais on la substitua à la musique de Maurice Jaubert. Ce qui n'empêcha pas l'échec complet du film.

    Cf. la notice Ouiqui :

    « La Gaumont, inquiète après l'interdiction de Zéro de conduite, film précédent du cinéaste, décida de remplacer la musique de Maurice Jaubert par la chanson à succès de Lys Gauty Le Chaland qui passe. (« Imaginez qu'au milieu d'une représentation de Pelléas, l'orchestre exécute soudain "Parlez-moi d'amour" », s'était insurgé Claude Aveline). Le film est sorti sous le titre de cette chanson2. Des scènes furent supprimées, le film étant monté par le même Chavance. De 84 minutes, la durée, raccourcie de 19 minutes, devient 65 minutes. À la suite de l'échec commercial du film, les exploitants de salle coupèrent à leur tour dans la copie pour l'« améliorer », ce qui était habituel au temps du cinéma muet, mais encore plus destructeur avec les films sonores. »

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  6. J'ignorais que Jean Vigo fut une victime collatérale, comme on dit de nos jours, du tube de la Gauty.
    Pas étonnant au vu du retentissement de la chanson, finalement.
    Merci pour ces précisions, Georgie.

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