vendredi 5 janvier 2018

Joseph Vacher, assassin de bergers

Surnommé "Le tueur de bergers" ou "Jack l'éventreur du Sud-est", le vagabond Joseph Vacher (1869-1898), auquel on impute une trentaine de meurtres, serait certainement expulsé des mémoires, hormis celles de quelques amateurs de chroniques judiciaires ou de tueurs en série primitifs sans le film de Bertrand Tavernier Le juge et l'assassin (1976).
Rebaptisé Joseph Bouvier, pour l'occasion, Michel Galabru y trouve un de ses meilleurs rôles, glapissant des répliques tirées des lettres réellement écrites par Vacher lors de sa détention.
Né dans une famille misérable et mystique, sujet à des crises de folie, Vacher exclu d'une école religieuse pour "immoralité" restera traumatisé par une opération médicale. Sa période militaire ne fera que renforcer son sentiment de persécution, souvent bien réel.
Après avoir commis deux tentatives de suicide, une pour protester contre la décision de ne pas lui accorder du galon, l'autre après avoir tiré sur une cantinière ayant refusé de l'épouser (il en gardera un infection permanente à l'oreille droite) Vacher est réformé en 1893. Entre deux séjours en hospice, il sillonnera son errance de cadavre de jeunes gens.
Vacher et Fourquet

Arrêté pour outrage à la pudeur en Ardèche, Vacher tombe entre les mains du juge Émile Fourqet qui, entre flatteries et manipulation, parviendra à lui faire confesser une quinzaine de crimes.
Le procès de Vacher sera un champ de bataille d'experts aliénistes. Selon le docteur Bozonnet : « Le nommé Vacher, détenu, vingt-huit ans, est atteint de débilité mentale, d’idées fixes voisines des idées de persécutions, de dégoût profond pour la vie régulière. Il présente une otite suppurée et une paralysie faciale, consécutives à un coup de feu. Il affirme aussi avoir deux balles dans la tête. La responsabilité de Vacher est très notablement diminuée. » Pour le docteur Lacassagne : « Vacher n'est pas aliéné. Il est absolument guéri et complètement responsable des crimes qu'il a commis et avoués. »
En conséquence, le forcené sera guillotiné le 31 décembre 1898.






Les mêmes vus par Tavernier

Le trait de génie de Tavernier et de son scénariste, Jean Aurenche, est d'avoir remis ces sordides fait-divers dans leur cadre historique, entre souvenir des massacres de la répression de la Commune et hystérie patriotique de désir de revanche. De traiter de crimes d'artisan avant les crimes de masse...
Comme souvent chez Tavernier, la bande-son est soignée. Un gag : l'air édifiant Sigismond le strasbourgeois est interprété par un ancien gorille de De Gaulle reconverti en ténor.
Jean-Roger Caussimon se charge des autres chansons dont La complainte de Bouvier l'éventreur.



et La Commune est en lutte qui achève le film sur une évocation des conflits ouvriers qui émaillèrent cette drôle de fin de siècle. Exécutée par Isabelle Huppert (Rose dans le film).




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