samedi 11 juin 2016

Et on dépeuplait La Réunion

En 1963, Michel Debré, fringant nouveau député de La Réunion, créé le Bumidom (Bureau pour le développement des migrations intéressant les départements d'outre-mer). Le but de l'ex premier ministre recasé est simple : arriver à envoyer un maximum des 400 000 habitants de l'île (dont la moitié ont moins de 20 ans) repeupler la métropole, particulièrement certaines zones rurales du Centre. 
Il suffit de priver les Réunionais de toute perspective sociale ou économique et d'aller jusqu'à rafler des enfants via les mensonges des services sociaux : de 1963 à 1982, plus de 1 600 enfants réunionnais ont été placés de force par la Ddass dans des familles de départements métropolitains jugés vieillissants, en particulier la Creuse. 
Voici comment des milliers de gosses se sont retrouvés balancés dans un pays plus ou moins hostile, plus ou moins froid, où beaucoup sont surexploités comme main d’œuvre corvéable.   
C'est cette émigration plus ou moins forcée que raconte Danyel Waro, agriculteur, poète créole adaptateur de Brassens et grand maître du maloya*, chant d'esclave, blues de l'Océan Indien interdit par la France jusqu'en 1976.   
Un avion s'en va emportant la jeunesse de l'île.... 

 


Autre chanson plus récente sur le même sujet, celle de Mc Léo.
Cet article vient du film de Michael Gence "Rassine Monomon, Papa... Ce passé qui ne passe pas" (2014).  

Le terme « maloya » a plusieurs significations suivant les dialectes de l'Afrique de l'Est. Au Mozambique, maloya signifie : incantation, sorcellerie ; au Zimbabwe : grand sorcier ; en Bambara : honte, et à Madagascar "Maloy Aho" veut dire : "parler, dégoiser, dire ce que l'on a à dire". Dans de nombreux dialectes africains, il signifierait "peine, douleur, mal-être".

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