Les hommes morts sont toujours célébrés
Lorsque
le rock était encore dangereux, entre bastons de bandes pour deux mètres carrés de trottoir et charges
policières terminant les (rares) concerts naquit un groupe qui était destiné à devenir directement légendaire au rayon des freaks teigneux.
Formés
sous le doux nom de SADE (qu'un groupe bien plus
propre et maniéré leur piquera quelques années plus tard) en 1976, Eric Debris
(Voix, boite à rythme), Zip Zinc (synthé) et Rikky Darling
(guitare) vont croiser la route d'un énervé notoire, bientôt connu
sous le pseudo de Clode Panik, qui n'aura pas son pareil pour
vociférer slogans et dégueuler son écriture automatique dans un
micro.
Métal
Urbain naîtra en hommage à l'album bruitiste et
insupportable du Lou Reed obscur de l'époque, Metal Machine
Music.
Les
premiers concerts de nos quatre cavaliers vont bien sûr mal se
passer et virer à l'affrontement mais ils verront la naissance d'un style souvent copié et jamais atteint jusqu'à nos
jours.
Zip
Zinc, batteur pour un temps et bidouilleur au balbutiement de
l'électronique fabrique ses instruments de percus pour des raisons
avant tout économique, vu le prix des synthés en 1976. Même s'ils sont remarqués par un label qui
leur propose une semaine de studio, Rikky Darling va rester avec
l'autre groupe dont il est guitariste, Asphalt Jungle (
allusion au film de John Huston, en français « Quand la ville
dort »)
Le
groupe embauchera donc deux frangins, Nancy Lüger et Hermann
Schwartz (admirez la finesse des pseudos de cette époque !) aussi minimalistes que prompts à protéger le matos en cas
d'embrouille.
Le
premier 45 tour sera divisé entre « Panik » en face A,
long cri de haine où il est question d'éclater la gueule du
président de la république et « Lady Coca-Cola » en B,
pur exemple de texte décousu représentatif du folklore punk mélangeant
sado-maso et misère sexuelle sur fond de tapage
supersonique.
Mais
quel fut le programmateur sadique ou situationniste qui leur réserva leur premier et
unique passage télé à l'émission « Aujourd'hui Madame »
( programme de 15h élaboré pour les ménagères giscardiennes) ?
Évidemment,
le monde du show-biz prenant peur de ces nihilistes, ils allèrent
s'exiler en Angleterre (en chantant en Français ! Gonflés vous
dis-je...) où ils n'eurent qu'un succès d'estime tout en alignant
des titres impeccables (Futurama, Paris maquis, Clé de contact,
Anarchie au Palace, etc.) avant de se séparer une première fois
pour cause d'épuisement.
De
retenter le coup sous le nom des Métal Boys ou de Dr Mix &
the Remix puis de se reformer en....2004 !
Quelques concerts pour nostalgiques et jeunes plutôt sympas donc.
Depuis,
ils furent cités par Jello Biaffra (ex pape de la côte Ouest et chanteur des Dead Kennedys)
imités par les Béruriers Noirs première période ( celle qui va
jusqu'à Macadam Massacre) ou Jesus and Mary Chain et reconnus par
l'ensemble du cheptel rock extrémiste.
En bonus on peut aller voir le chouette article de Jello sur le site du groupe :
dans la partie biographie
effectivement l'infâme album de pépé Reed que même un fan de son indus schyzo et sous amphèts ne peut écouter en entier. Ceci dit les mecs de la maison de disque ont du se lamenter en écoutant cet écorche-oreille, bien joué Lou.
RépondreSupprimerLa critique de l'album et les "interviews" avec le Lou Reed azimuté de l'époque sont parmi les meilleures pages de Lester Bangs...
Elliot