François Marie Béranger voit le jour le 28 août 1937 à Amilly, un village où vivent ses grands-parents maternels près de Montargis, dans le Loiret. Les parents de François habitent Suresnes, dans la banlieue Ouest de Paris, pas très loin des usines Renault de Billancourt. André, le père, y est tourneur et militant syndicaliste; Jeanne, la mère, couturière à la maison. Durant la guerre, les usines sont bombardées et André, quand il est démobilisé, emménage en famille dans un hôtel particulier de Boulogne où il dirige un centre de jeunesse et participe activement à la Résistance. Une ascension sociale consacrée à la Libération quand il est élu député à l'Assemblée Nationale. La scolarité de François Béranger se situe dans la bonne moyenne jusqu'à sa première dans un lycée parisien. Ressentant le besoin de se confronter à la vraie vie, il arrête brutalement ses études et devient ouvrier chez Renault, où son père, las de la carrière politique, est retourné, mais à la direction générale cette fois.
Mais on ne s'improvise pas prolétarien quand on a étudié le grec et le latin. François Béranger le comprend vite et il rejoint une troupe de théâtre amateur, La Roulotte, où il chante pour la première fois en s'accompagnant à la guitare. Ils tournent en France et, dès que la troupe a réuni assez d'argent, voyagent en Europe. Au retour d'un périple en Grèce en 1958, François doit rejoindre les drapeaux et, comme la plupart des jeunes hommes de sa génération, fait son service militaire en Algérie. Affecté aux transmissions, il est profondément marqué par les dix-neuf mois passés là-bas, n'ignorant rien des sévices longtemps cachés commis par l'armée française. De retour au foyer fin 1960 pour assister à la naissance de sa fille Emmanuelle, il souffre du retour à la vie civile. Grâce à des rencontres, il entre à la toute puissante ORTF de l'époque, où il est tour à tout régisseur, chef de production et réalisateur. François Béranger semble avoir trouvé sa voie, son fils Stéphane agrandit le cercle familial, mais bientôt l'heure de la contestation va sonner.
Plus âgé que la moyenne des contestataires (il a 31 ans), François Béranger se retrouve dans l'esprit de liberté qui règne alors dans les rues de Paris.
Il ressort sa vieille guitare de La Roulotte et compose des chansons dans l'air du temps qu'il fait écouter à ses amis. En 1969 paraît un 45 tours atypique, composé d'une seule longue chanson sur les deux faces, Tranches de vie, un réquisitoire contre la censure et le manque de liberté ressenti par la jeunesse de l'époque. Un premier album, Une ville, sort l'année suivante, avec un de ses plus grands succès Natacha et d'autres titres qui évoquent le printemps de Prague, ses années à La Roulotte et d'autres cris de révolte. L'accueil est excellent, tant par les médias que chez le public.
En 1971, François Béranger apparaît en première partie de Gilles Vigneault à Bobino, puis il surprend tout le monde avec Ça doit être bien, un album déconcertant où il est accompagné par un groupe de musiciens expérimentaux américains, Mormos. Sa maison de disques n'apprécie guère et les deux parties décident de divorcer à l'amiable. Si ce deuxième disque ne connaît pas un grand succès, François Béranger est pourtant très sollicité pour ses spectacles. Un nouveau groupe, Electrogène, l'accompagne désormais pour ces prestations dans toute la France.
Sous le label Escargot, il sort son troisième album en 1974 où les folklores du monde l'inspirent, comme le Tango de l'ennui ou Rachel, sur une musique tzigane. François Béranger rencontre le guitariste Jean-Pierre Alarçen qui ne le quittera plus pendant cinq ans. Avec Gérard Cohen à la basse et Michel Bonnet à la batterie, le quatrième album sort avec les photos et les noms des quatre nouveaux compères sur la pochette, Le Monde bouge. Avec eux, il a trouvé l'équipe musicale dont il rêvait. Plus d'une centaine de dates par ans, les tournées de François Béranger font salle comble, malgré l'absence de l'artiste à la radio et à la télévision. Ses chansons ont un goût trop protestataire pour les programmateurs de l'époque.
Alternative est le titre du cinquième album de François Béranger, avec la chanson Paris-Lumière qui occupe les 19 minutes de la face B. La collaboration avec Jean-Pierre Alarçen fonctionne à merveille, avec un album en public enregistré en 1977 où les plus anciennes chansons sonnent beaucoup plus électriques, et un nouveau 33 tours en 1978, Participe Présent. Pourtant, après une dernière série de concerts à l'Elysée-Montmartre, le guitariste part bientôt fonder sa propre formation et de nombreux admirateurs de François Béranger le regretteront.
Joue pas avec mes nerfs, l'album de 1979, contient une chanson qui devient son plus grand succès populaire, Mamadou m'a dit. Dans la foulée, il participe à la création d'une association soutenant l'aide au retour créatif des travailleurs africains. L'intérêt des médias retombe l'année suivante avec un album aux titres-fleuves, Article sans suite. L'arrivée de François Mitterrand au pouvoir le déçoit bien vite et il le chante dès 1982, dans l'album Da Capo.
Après le Printemps de Bourges en 1982, fatigué par les tournées qu'il a enchaînées pendant douze ans, François Béranger quitte le devant de la scène et traverse le désert à sa façon. . Il ne revient qu'en 1989, avec son dixième album en studio Dure Mère, suivi par sa première tournée depuis sept ans. François Béranger reste toujours un chanteur marginal, jamais dans le système qu'il a toujours dénoncé dans ses chansons.
En 1997, il fait sa rentrée parisienne au Trianon en novembre, après la sortie d'un nouvel album et reprend la route pour une nouvelle tournée qui donnera lieu à un enregistrement en public l'année suivante.
En 2002, il enregistre Profiter du temps, son dernier album composé de chansons personnelles et se produit pour la dernière fois à Paris au Limonaire. En 2003, il enregistre un disque, 19 chansons de Félix (Leclerc), qui sortira après sa mort.
Merci à Ricky Banlieue
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