jeudi 20 novembre 2025

Cinquantenaire et nostalgie

 

Cinquante ans après la disparition dans son lit de cette barbaque faisandée et sanguinaire, 20% des jeunes espagnols affirment ressentir de la nostalgie pour le régime de Francisco Franco.
Rappelons qu'à l'époque, ce même dictateur sut se débarrasser de ses phalangistes les plus excités en les envoyant jouer à la guerre européenne du côté de Leningrad dans la Division Azul* (División Española de Voluntarios).
Nous ne saurions trop conseiller à ces dynamiques jeunes gens d'assumer leur mélancolie en partant jouer à la guerre européenne du côté de l'Ukraine.
Et en plus, tu peux choisir ton camp, camarade !






* Ce qui était finalement bien moins risqué pour lui que d'aller s'emparer de Gibraltar, comme l'exigeait son créancier, Adolf H.

PS (OE) : Bien des questions que vous vous posez sur l'après, dite transaction démocratique, trouveront quelques réponses là.

lundi 17 novembre 2025

Andalucia Joe

 

La peinture murale aujourd'hui disparue

On a souvent quelques chouettes surprises dans les rues de la perle d'Al Andaluz, la toujours superbe et néanmoins livrée au tourisme de masse, j'ai nommé Grenade.
Quel rapport avec notre John Mellor adoré ?
Déjà, il existe une placette Joe Strummer au bas du quartier du Realejo, en dessous de l'Alhambra. Elle fut inaugurée en grande pompes le 20 mai 2013. Il y avait ce jour-là sa veuve, Lucinda Garland, ses filles, Jazz et Lola, quelques vieilles connaissances, Marcia Farquhar, Esperanza Romero et Richard Dudanski, tous trois anciens du squat situé au 101 Walterton road, où naquirent The 101ers, premier groupe de pub rock sérieux de Strummer, le violoniste Tymon Dogg, Mick Jones de vous savez qui, des membres des Pogues (Joe fit une tournée avec eux) et un échantillon de la fine fleur du rock et flamenco grenadin (Quini Almendros, Curro Albayzin, José Antonio Lapido, José Antonio García, Lagartija Nick, etc.). Accompagnés d'une foule d'habitants venus faire la bringue au bout de la nuit.














Plutôt que d'aller faire le couillon à Almeria ou sur la Costa Brava, comme les Anglais moyens, notre agité de la Telecaster fréquentait déjà la cité dans les années 70 avec sa copine de l'époque, Palmolive, future batteuse des Slits.
Mais en 1984, ayant décidé de jeter l'éponge suite à une prolongation désastreuse de The Clash, Strummer s'établit à Grenade. 
Quelque peu émotionnellement en vrac et s'inspirant sans doute de son éphémère carrière de fossoyeur, le grand projet de la légende ci-devant punk était de tenir une quincaillerie du côté de Víznar, bled situé à une dizaine de bornes de Grenade, où se trouveraient, les reste de Federico García Lorca, massacré par des phalangistes en 1936 en compagnie de plusieurs centaines d'autres.
Ladite quincaillerie n'aurait évidemment constitué qu'un camouflage destiné à mener à bien l'exhumation du poète. 
Bien entendu, ce projet délirant resta à l'état de rêve et il en demeure une trace dans le documentaire de Carlos Prats, Quiero tener una ferretería en Andalucia
Par contre notre Strummer farceur profita de son séjour, non seulement pour faire la tournée des bars de la ville mais surtout produire le second album du groupe de rock local 091 (numéro d'appel de police secours à l'époque) formé par José Ignacio Lapido, Tacho GonzalezJosé Antonio García (El Pito) et Antonio Arias, bassiste qui rejoindra ensuite le groupe Lagartija Nick.
Le titre qui donne son nom à l'album : 


Enfin, inévitablement une très honorable reprise de Spanish bombs par les Mexicains de Tijuana No datant de 1998. 

vendredi 7 novembre 2025

Des blessés de Sainte Soline

C'était pas mieux avant : en 1968, ils sortaient les armes de guerre

Le 25 mars 2023, lors d’une manifestation à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) contre les mégabassines, les forces de l’ordre ont blessé plus de 200 personnes – dont nous quatre gravement. Une plainte a été déposée par nous ou par nos proches, notamment pour tentative de meurtre et pour entrave à l’arrivée des secours. 

Les experts que le procureur de la République a chargés d’enquêter sur les violences policières ont mis deux ans à rendre leurs conclusions, qui sont à la fois partiales et lacunaires. Selon eux, les forces de l’ordre auraient seulement répondu à la violence de certains manifestant-e-s. En fait, comme l’ont démontré force témoignages, images et enquêtes journalistiques, les 3 200 policiers « défendant » un trou de terre vide ont bombardé (de 5 010 grenades) sans sommation l’ensemble des manifestant-e-s. 

Toujours selon ces experts, l’organisation des secours n’aurait pas entraîné une « perte de chance » pour les victimes… parce qu’elles ont été soignées sur place « de façon consciencieuse et irréprochable ». En fait, ce n’est pas la qualité de ces soins qui a été dénoncée, c’est l’interdiction faite aux ambulanciers d’accéder aux personnes blessées même quand il y a eu un retour au calme – interdiction que, là encore, divers témoignages confirment.

L’enquête indique que les soignants n’étaient pas autorisés à arriver seuls sur les lieux, et que des tirs « non réglementaires » ont été opérés par les forces de l’ordre. Mais de nombreuses zones d’ombre subsistent dans ses conclusions, en particulier concernant les ordres explicites d’effectuer ces tirs « non réglementaires » : quoique figurant dans le dossier, ils n’ont pas été traités. Enfin, si des « dysfonctionnements inexplicables » sont relevés dans l’organisation des secours (le PC pompiers ne répondait pas aux appels à l’aide, des motards de la police ont tardé à venir escorter des ambulanciers et les ont abandonnés en chemin, etc.), aucun avis n’est émis dessus. La manière dont a été conduite cette enquête laisse clairement apparaître l’intention de classer sans suite nos plaintes ; aussi demandons-nous la poursuite des investigations. 

Loin d’être un événement ponctuel, le 25 mars 2023 à Sainte-Soline s’inscrit dans un processus visant depuis de nombreuses années à banaliser une répression toujours plus violente. L’objectif de l’État ce jour-là n’était pas d’empêcher les manifestant-e-s de parvenir sur le chantier de la mégabassine, mais de dissuader quiconque de manifester à nouveau contre de telles constructions – lesquelles ont depuis été jugées inutiles et illégales par les autorités compétentes. La mobilisation antibassines de Sainte-Soline a ainsi été pour l’État une occasion d’appliquer sa « doctrine du maintien de l’ordre », qui implique d’assimiler les mobilisations sociales à des attentats terroristes afin de déclencher officieusement un plan Orsec permettant leur répression par de véritables moyens militaires, mais ne prévoyant pas les moyens sanitaires à la hauteur de cette répression.

Le terrorisme, c’est ça : rendre une population passive face aux agissements d’un pouvoir devenu omnipotent. Nous avons aujourd’hui les preuves audio et vidéo de ce dont nous nous doutions : les actes qui ont causé tant de blessures et fait frôler la mort à nombre d’entre nous ne sont pas l’œuvre d’individus particulièrement violents, mais découlent de l’ordre donné par une institution. Et des actes semblables ont blessé et tué dans d’autres contextes (mouvements des Gilets jaunes ou contre la réforme des retraites, émeutes après la mort de Nahel…). Alors nous voulons faire peser sur cette institution le cadre juridique dont elle s’affranchit délibérément. Apporter un éclairage sur ce dossier ne suffira évidemment pas à le clôturer, mais cela nous aidera à trouver les réponses dont nous avons besoin et à affirmer un refus de se laisser tétaniser par la terreur. 

Nous n’en continuerons pas moins de mener d’autres batailles pour une réelle justice sociale et environnementale.

MICKAËL, SERGE, ALIX, OLIVIER et des proches,
le 5 novembre 2025.


À la vision de la vidéo publiée par Médiapart / Libération, ce n'est pas tant la brutalité, somme toute raisonnée, comme écrit ci-dessus, de la garde mobile (corps qui, sous l'acronyme de GMR, connut ses heures de gloire sous l'Occupation dans la chasse aux maquis et réfractaires) mais c'est plutôt le niveau de jubilation et la misère du vocabulaire. Ce qui tend à confirmer qu'une bonne part des concernés ne sont que de mauvais voyous (les "bons", eux, assument leurs risques) se protégeant sous l'uniforme et que leurs expressions et leur "humour" ne sont autres que ceux de nervis fascistes.


Remarquez, c'est partout la même