Il ne suffisait pas de pratiquer un darwinisme social qui n'ose pas dire son nom en laissant crever bon nombre de migrants sur leur route d'exil. Il ne suffisait pas de laisser croupir ceux qui passent la frontière entre taudis et trottoir. Il ne suffisait pas de faire passer une nouvelle loi sécuritaire ou anti-terroriste tous les ans. Il ne suffisait pas de rallonger des peines de prison à l'infini. De prolonger des états d'exception, sécuritaires ou sanitaires, qui deviennent la règle commune.
Non. Pour complaire à la frange la plus réactionnaire de l'électorat et paraître viril, il a fallu livrer en pâture à la justice transalpine sept hommes et femmes (tous nos vœux de longue vie aux trois en cavale) qui vivaient ici au vu et au su des autorités, pour certains depuis plus de 40 ans, tout en étant suspendus au quotidien à une menace d'extradition.
Le problème n'est pas tant qu'en Italie, une fois condamné par contumace, on n'est pas rejugé et que cette soi-disant justice n'est qu'une forme de vengeance. Le problème n'est pas de tergiverser pour savoir si les BR étaient ou non légitimes*, elles appartiennent à l'histoire. Le problème est que l'Italie inaugura en son temps la politique du repentir et que depuis, cette infâme conception est devenue la règle sous nos latitudes.
Pathétiques ! Ils sont pathétiques. Tant le petit coq qui nous gouverne qui croit se faire une crédibilité en arrêtant d'ex membres de lutte armée devenus majoritairement travailleurs sociaux et aménageant le droit à sa guise (même une crapule comme Mitterrand, même une brute comme Sarkozy savaient que ça ne se fait pas) que l'ancien ténor du barreau médiatique devenu deuxième flic de France. Parce qu'à force de vouloir contenter une soi-disant opinion fascisante, celle-ci va finir par préférer l'original à l'imitation. Et ces sombres manœuvres ne marqueront que le crépuscule des odieux.
Ce lamentable épisode sera au moins l'occasion de passer le très symbolique Addio a Lugano écrit par Pietro Gori en 1895 à l'occasion de l'expulsion de réfugiés italiens (anarchistes ceux-là).
Et de rendre un hommage à la grande Milva, décédée le 23 avril dernier.
* Ces lignes sont écrites pendant que le lèche-cul radiophonique du matin mélange allégrement Brigades Rouges, djihad et antisémitisme. À vomir.
Mise à jour du 30 avril : Depuis deux des trois recherchés restant se sont livrés (on comprend que partir en cavale à 71 et 72 ans...) Tous les concernés n'appartenaient pas aux brigades Rouges mais aussi à d'autres groupes (PAC, LC, FCC). Quant aux "crimes de sang" qui auraient justifiés l'extradition, mon œil ! La majorité sont poursuivis pour "appartenance à bande armée".
Des détails, me direz-vous mais comme d'habitude symptomatiques du traitement de l'information.
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