dimanche 18 avril 2021

Jouons avec Baudelaire

Par Courbet
Coincé entre Napoléon et la Commune de Paris, ce qui lui va d'ailleurs comme un gant, on dirait que tout le monde a oublié le bicentenaire de la naissance de Charles Baudelaire.
Si nous ne goûtons guère ces commémorations à fragrance de charogne marquons tout de même l'occasion par une petite devinette.
Une lectrice lettrée nous a envoyé l'extrait d'un texte, portrait de Baudelaire.
Le moins qu'on puisse dire est que le rédacteur a une dent tout à fait dure contre le jardinier des Fleurs du mal.
Extrait :

Il y avait en lui du prêtre, de la vieille femme et du cabotin. C’était surtout un cabotin.

Poète, il ne l’était point de par le ciel, et il avait dû se donner un mal affreux pour le devenir : Il eut une minute de gloire, un siècle d’agonie : aura-t-il dix ans d’immortalité?

A peine !

Ses admirateurs peuvent tout au plus espérer qu’un jour un curieux ou un raffiné logera ce fou dans un volume tiré à cent exemplaires, en compagnie de quelques excentriques crottés. Il ne mérite pas davantage : et combien sont tombés qui étaient plus dignes d’être embaumés dans les pages d’un Elzévir ; ceux-là sont morts poitrinaires et non pas fous ; ils n’ont point eu les préoccupations terribles et les angoisses mesquines qu’eut toute sa vie ce forçat lugubre de l’excentricité.

 
Non seulement le critique est hargneux mais il ne se distingue pas ici par son flair. 
Mais qui est ce est donc ce grognon ?
On avoue avoir lamentablement séché à cette même question. Mais comme on a une confiance sans borne dans la culture de l'honorable lectorat...

Mettons à profit les bons conseils du poète, délivrés par Serge Reggiani.

Et persistons à contredire le grincheux inconnu avec cette version des Femmes damnées par Damien Saez.

 

La réponse ayant été trouvée, nous nous bornerons à conclure que notre cher Jules Vallés avait parfois des fautes de goût assez surprenantes. À moins qu'il ne se soit agi d'une tendance "commissaire politique" des Arts et lettres toute à fait déplorable.

6 commentaires:

  1. https://biblioweb.hypotheses.org/13395

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    1. On a beau avoir une certaine tendresse pour les tricheurs, z'auriez mérité qu'on supprime ce lien. Et puis, pouviez prendre la peine de choisir un pseudo.

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    2. L’anonyme se trouve, sous le pseudo (décidément !) facebookien paul.henry.71216 et, citant ses sources, partage parfois articles ou vidéos en provenance de chez vous. L’anonyme, puisque sa profession l’amène à travailler sur Baudelaire, connaissait ce texte de Vallès et pensait bien faire en répondant à un blog qu’il consulte régulièrement, avec plaisir et curiosité. L’anonyme ne savait pas que ce blog était tenu par de dogmatiques grincheux. L’anonyme se trouve, sous le pseudo (décidément !) facebookien paul.henry.71216 et, citant ses sources, partage parfois articles ou vidéos en provenance de chez vous. Peut-il continuer sans remplir une paperasse supplémentaire ?

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  2. Houla ! On plaisantait.
    Mais c'était pas évident et on s'excuse platement si on est passé pour un grincheux dogmatique.
    Sans rancune, cher paul henry 71216.

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  3. J'aurais séché aussi, pourtant c'est pas faute de m'être farci tout Baudelaire et une bonne partie de sa correspondance... Mais si Vallès se trompe sur la postérité du poète, et d'après moi sur son talent (génie ?), je trouve qu'en ce qui concerne le personnage c'est très bien dessiné ("Il y avait en lui du prêtre, de la vieille femme et du cabotin. C’était surtout un cabotin" ; "les angoisses mesquines qu’eut toute sa vie ce forçat lugubre de l’excentricité"). Je pense que c'est surtout le personnage qui a dû énerver notre Jules. Baudelaire posait au réactionnaire, ne supportait pas, après 48, la moindre allusion à la lutte sociale, et ne ratait jamais l'occasion de cracher sur les activistes politiques qu'il prenait pour des débiles, obnubilé par sa passion de la beauté dans l'art. Forcément, ça a dû agacer le futur communard, plutôt passionné par la beauté de la vie...

    Merci pour cette trouvaille.

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    1. C'est tout à fait ça. Vallès a d'ailleurs commis dans les années 80 un petit texte moqueur au sujet des artistes du Chat Noir qu'il considère comme une belle bande de fêtards inconséquents tout en persistant à les appeler "mes copains".

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