mercredi 3 mars 2021

Lettre à mon colonel

 

À l'ex lieutenant-colonel de la Bénémérite Antonio Tejero 

Permettez que je vous appelle mon colonel
 
Voilà maintenant quarante années que vous vous couvrîtes de ridicule en déboulant dans la Chambre des Cortés avec votre escouade, le 23 février 1981.
Voilà quarante ans que vous avez tenu votre pauvre rôle dans une tragi-comédie dont on ne vous avait pas communiqué le dénouement.
Après votre pathétique position dans la conspiration Galaxia en novembre 1978, qu'aviez-vous en tête pour jouer le rôle de l'idiot utile et servir non seulement à sauver la démocratie mais à la plus gigantesque entreprise de blanchiment que l'Espagne ait connu lors de ces quatre dernières décennies ?
On ne parle pas là, des rares députés pris en otage sous les caméras de télévision qui ont refusé de se coucher comme le sénile général Gutiérrez Melado (votre supérieur hiérarchique) cette vieille crapule stalinienne de Santiago Carillo qui savait passer devant le peloton d'exécution si votre putsch d'opérette réussissait ni du premier ministre, ex-franquiste, méprisé par tous et reconverti en bâtisseur de la démocratie, Adolfo Suárez
.  
Non, on fait bien allusion au véritable coup d'État qui s'abritait derrière vos poses de matamore et que vous avez saboté en balançant des rafales en direct à une heure de grande écoute et en jouant au fasciste intransigeant. 
Car le problème des documents déclassifiés est qu'on sait aujourd'hui que votre fanfaronnade devait servir à amener au pouvoir le général Alfonso Armada avec une bande d'ex-ministres conseillers du roi (Luis María Ansón, Villar Mir, Pérez de Bricio) de financiers (Valls Taberner, Escámez, Carvajal) et de patrons (Silva Muñoz, Rosell) liste non exhaustive.
Mais il a fallu que, comme votre collègue, cette baderne de général Milans del Bosch qui fit sortir ses blindés dans les rues de Valence, vous jouiez au forcené.
Et envoyiez paître le général Armada qui avait tout ficelé et qui restera le grand perdant de la farce. Alors, on vit le roi en grand uniforme apparaître en sauveur de la démocratie et redonner une virginité miraculeuse (Virgen del Pilar, ora pro nobis) à sa dynastie.
 
 
Et vous êtes resté comme un con au milieu d'un hémicycle dévalué.
Car vous êtes un con, mon colonel, terriblement con, au point d'aller porter le tricorne pour les autres, oh pas trop longtemps : treize ans de taule.
Il ne restait plus qu'à appeler un écrivaillon à la rescousse pour avaliser l'histoire officielle et glorifier les politicards nommés plus haut. 
Tout ça pour un scandale refroidi dont maintenant tout le monde se fout...
Et maintenant, vous pouvez toujours aller manifester, avec d'autres couillons de votre espèce, pour empêcher le transfert de la charogne qui vous tint lieu d'inspiration.
Mais dormez tranquille, vous avez pas mal d'héritiers dans la péninsule, et pas seulement chez VOX. 
Mon colonel, je vous crache à la gueule.
 
Et comme tout finit par des chansons, Juan palacios, Tanguillo del golpe.

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