"Rockeur-agriculteur". Il paraît que, jeune adolescent, j’avais donné
cette réponse à une conseillère d’orientation qui me demandait ce que je
voulais faire plus tard. Personnellement, je n’en ai aucun souvenir. En
revanche, je me souviens que ce souhait singulier m’a souvent été
rappelé de façon peu charitable, voire carrément moqueuse. C’est
embêtant de se faire charrier pour un événement qu’on a oublié. Je me
suis même demandé s’il avait réellement eu lieu.
Une chose est sûre :
il y avait bien des séances de sensibilisation à l’orientation
professionnelle au collège. Dans un capharnaüm dantesque, la conseillère
essayait en vain de nous projeter vers un futur qui nous semblait bien
lointain. Et les pseudo-rebelles que nous étions ne manquaient pas de se
lancer dans des déclarations intempestives. Toutefois, «
rockeur-agriculteur », ça semblait sortir de nulle part. Dans les années
1980, les premiers étaient synonymes de "cool", les seconds de "plouc". À l’époque, je ne savais pas encore que le rock’n’roll étaient
né chez les péquenots du sud des États-Unis. Il fallait donc chercher
ailleurs.
Et puis, ça m’est revenu. C’était dans le village de mon
grand-père. Il y a quarante ans, la région entière était un océan de
vignes, peuplé par ceux que les gens des montagnes tarnaises appelaient
les Paybassols. Il y avait ce métayer, dont la famille avait
traversé les Pyrénées, qui était affecté d’un bégaiement d’anthologie.
Sa sœur disait qu’il était né de la rencontre d’un dialecte
catalano-occitano-français et d’un instituteur sadique. Les
conversations étaient souvent éprouvantes, et les parties de cartes
frisaient le pagnolesque. Cependant, une fois par semaine, il enfilait
un costume, coiffait une perruque, et montait sur scène pour s’asseoir
derrière sa batterie et chanter dans son groupe qui tournait sur la
côte. Évidemment, il le faisait sans bégayer, et cette transfiguration
était incroyable.
Pour la petite histoire, le guitariste Marc Police, qui a œuvré au sein du groupe de rockabilly toulousain Jezebel
Rock de 1979 à 1983, souffrait aussi de bégaiement. Ce qui ne l’a pas
empêché de devenir un guitariste fort reconnu de la surf française. Puis il se fit sauter le caisson un jour de 1991. Il a joué essentiellement dans les Pasadenas et les Wampas.
Merci à l'ami Peponne pour sa vigilance sur les archives de Toulouse
Qui n'a rien à voir avec ce qui précède
Aujourd'hui, 18 mars, voici 150 ans que débutait la Commune de Paris et 100 ans qu'agonisait celle de Kronstadt. Mais, là-dessus, la gôche préfère cultiver une prudente amnésie.
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