vendredi 6 avril 2018

La bataille duraille et la loco déraille. (Actualités)

Nous n'oublierons pas les jaunes (Yorkshire 1984)

Une petite histoire qui semble bien écrite en 1911* par le ménestrel des syndicalistes IWW Joe Hill (Joel Hägglund), fusillé à Salt Lake City (Utah) en 1915 suite à un procès truqué.
Ce travailleur, poète et chanteur n'ayant pas été enregistré, nombreux et nombreuses furent ceux qui reprirent ses chansons là où ses héritiers s'appellent Woody Guthrie ou Bob Dylan, entre autres.

Pete Seeger, figure du folk qui proteste, interprète ici ce détournement.
Chauffeur de locomotive, Casey Jones, fut tué dans un accident ferroviaire où, en évitant une plus grosse catastrophe, il fut considéré comme un héros national, sujet de ballades ou même de gospels.
Suite à un conflit entre cheminots et patrons des chemins de fer, les syndicalistes lassés de la  pieuse figure de l'ouvrier modèle, chantèrent une variante : Casey Jones, the Union scab (Casey Jones, le jaune).  
Refusant la grève, l'obstiné crétin finit par dérailler (à cause d'un sabotage ou de l'état lamentable du matériel ? Le doute demeure).
Arrivé au paradis, la bourrique se retrouve embauchée par Saint Pierre pour briser la grève des anges nouvellement syndiqués. Qui, indignés, le précipitent au bas de l'escalier céleste et le Diable se fait un plaisir de lui faire entretenir les chaudières infernales. "Voilà ce que tu as gagné à faire le jaune sur la SP Line..."



Bon, tirez-en les conclusions que vous voudrez, tout ça, est un prétexte à exhiber cette affiche qu'on peut trouver sur les murs de Toulouse et de quelques autres lieus.


* Précision de Serge : en septembre/octobre 1911, à San Pedro, où passait la Southern Pacific dont il est question dans la chanson, en pleine grève nationale
des cheminots. C'est une parodie, l'original du même nom date de 1909,
histoire d'un mécano qui se sacrifie pour son chauffeur dans un accident. Elle a été tirée en format carte à jouer et vendue en soutien aux grévistes de l'époque.

6 commentaires:

  1. On en trouve de ces trucs sur (ex) FR3. Et ces rimes...
    C'était notre séquence "Usagés du monde entier, pourquoi ne pas vous pendre une bonne fois pour toute ?".
    Give 'em enough rope.
    J.

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  2. « qui semble bien »...? Infâme provocation sociale-traître !

    Plus de 30 000 cheminots débrayent le 30 septembre 1911 à 11h à travers tout le pays pour contraindre l'Illinois Central Railroad à négocier avec une fédération unique et non plus plus métier par métier. Le patron refuse illico et embauche des jaunes. Divers échanges par balles et autres objets contondants feront au moins 12 morts de part et d'autre.

    La chanson apparaît pour la première fois dans l'édition de 1912 du petit recueil IWW, le fameux Little Red Song Book, petit livre rouge bien plus réjouissant que sa pâle copie chinoise.

    Avec The Preacher and the Slave, c'est la chanson qui fera connaître Joe Hill dans le syndicat et bien au delà. De sa cellule, il peut écrire en 1915 à un pote : « Casey Jones ferait un tabac à Londres […] Casey Jones c'est un angelino tu sais, j'aurais jamais cru qu'il quitte Los Angeles un jour ».

    « qui semble bien »...? Môssieur accorderait-il quelque crédit aux divagations d'une célèbre encyclopédie participative ?

    Mystères de wikipedia : l'article en français prétend que la parodie aurait été écrite dans les années 1930. Il est pourtant repompé sur l'article en anglais qui ne donne aucune date ni contexte mais attribue bien la parodie à Joe Hill.

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  3. Pas la peine d'engueuler le monde, Serge, ni de se focaliser sur une formule écrite avant de te demander confirmation sur l'origine exacte.
    Môssieur se méfie tellement des encyclopédies en ligne que c'est pour ça que Môssieur demande aux éminents Joe Hillistes.
    Qui sont plus susceptibles qu'un chef de clan Corse dans Astérix.
    À tob'
    J.

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  4. ... m'enfin, j'use assez rarement du lexique d'un apparatchik du Komintern dans le Hambourg de la fin des années 1920 ... la prochaine fois je mettrai un panneau « sarcasme affectueux » ... besos

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  5. Gros malin va, on note avec plaisir l'allusion à l'apparatchik "hambourgeois" et on a toujours un café frais à vot' disposition.
    Abrazos.

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