jeudi 8 février 2018

12 décembre 1969, Milan, la guerre est déclarée


Le 12 décembre 1969, un engin explosif éclate à la Banca Nazionale dell'Agricoltora, Piazza Fontana, Milan. Seize personnes sont tuées, quatre-vingt neuf blessées.
Dans la même heure, trois autres bombes explosent à Rome, faisant dix-sept blessés, et une dernière charge, défectueuse, est retrouvée devant la Scala de Milan. 
En plein "mai rampant" italien, ces attentats sont généralement considérés comme le point de départ de la guerre civile larvée qui ravagera la péninsule dans les plus de dix années suivantes.

Il semble que la police ait d'abord suggéré d'orienter l'enquête de la "Piazza Fontana" vers des fascistes d'Ordine Nuovo et du MSI. Mais le ministère de l'intérieur renverra ses chiens de chasse vers le groupe anarchiste "du 22 mars". Quatre cent personnes sont arrêtées, le danseur Pietro Valpreda est emprisonné et le cheminot Giuseppe Pinelli, anarchiste bien connu des services, ne survivra pas à une chute de quatre étages lors de son interrogatoire.

Claudio Bernieri écrivit la chanson "Luna Rossa" en 1971 pour hurler sa rage et réclamer vengeance face aux manœuvres de l'État.
Chantée durant toutes les années 70, en particulier par le groupe Yu Kung, elle fut impeccablement reprise par les romains rouges de Banda Bassotti sur leur troisième disque, en 1995. 



Depuis, s'il y a une chose claire, c'est que ces attentats, qui serviront de matrice à bien d'autres (par exemple, le train Rome-Brennero de 1974 ou la gare de Bologne de 1980) portent la marque de la "stratégie de la tension", destinée à créer un climat favorisant l'établissement d'un État (un tant soit plus) autoritaire et écraser toute opposition sociale.
Fascistes manipulés par les services secrets ? Services infiltrés par les fascistes ? Implication de Washington ? La loge P2 et le Réseau Gladio ? Tentative de coup d'état à la grecque ? Peut-être un peu de tout cela soigneusement mélangé.  Une manipulation ne peut être considérée réussie que si elle en devient incompréhensible.
Longtemps, une explication plausible a été que ces actes terroristes auraient dû être suivis de la proclamation de l'état d'urgence. Fort heureusement, nos démocraties occidentales n'osent pas déclencher un état d'exception pour quelques attentats (sic).
La liste des éventuels impliqués dans ces faits sanguinaires comprend successivement Stefano Delle Chiaie (MSI, Ordine Nuovo, plan Condor, narco-trafic, etc.) Massimilio Fachini (ON) Carlo Maria Maggi (ON), Delfo Zorzi (ON) Giancarlo Rognoni (ON), l'américain David Carrett (CIA), Sergio Minetto (services secrets de l'OTAN) Carlo Digilio (CIA), Maurizio Tramonte (barbouze infiltré dans ON, à moins que ce ne fut l'inverse).

En mémoire de Giuseppe Pinelli, tué par les flics, il reste, entre autre, une chanson, Balata per pinelli, ici jouée par Les amis d'ta femme.


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