vendredi 14 avril 2017

La vie infortunée de Robert Foulcan

Hélicon ramassé chez Pop 9 (Wieznak, 1962)
Posthume postérité pour le roi des calembours, des allitérations et de la scoumoune.
Robert Jean-François Joseph Pascal Lapointe est né à Pézenas le 16 avril 1922.
Gagman dès l'enfance et petit génie des mathématiques, il est raflé pour le STO en 1943 et s'en évade sous le doux  pseudonyme de Robert Foulcan avant de se planquer comme scaphandrier au port de La Ciotat.
En 1946, il monte à Paris avec femme et enfants pour ouvrir un commerce de layettes. Vu le physique du patron, on se doute que le petit commerce périclite promptement. Depuis quelques temps, il écrivait des chansons à nulle autres pareilles et, en 1954, l'accordéoniste de Bourvil lui emprunte Aragon et Castille pour un film. Voilà notre balèze lancé dans les cabarets et remarqué par Truffaut qui l'embauche pour une séquence de son film Tirez sur le pianiste, en 1960. La scène avec Aznavour au piano accompagnant Avanie et framboise vaudra à Boby le titre de "premier chanteur sous-titré".

Cet extrait du film donne une bonne idée de son jeu de scène : une grosse brute bourrue chantant des absurdités.
Embarqué en tournée par son copain et compatriote héraultais Brassens, un duo avec Anne Sylvestre et quelques apparitions chez le regretté Jean-Christophe Averty lui assurent un succès d'estime. Manifestant une authentique vocation commerciale, il ouvre son cabaret, le Cadran Bleu, qui coulera corps et bien le laissant couvert de dettes.
Entre temps, tout à son amour des maths, il invente le système bibi-binaire, ancêtre du langage informatique. Comme ses collègues de cabaret, ringardisé par la vague yé-yé, il tourne des petits rôles dans une dizaine de films : le chauffeur des Choses de la vie et le gorille à la mitraillette de Max et les ferrailleurs, c'était lui.
Régulièrement remis en selle par ses amis Brassens, Pierre Perret ou Joe Dassin, il meurt d'un cancer foudroyant à cinquante balais.
À partir de là il connaît renommée, reconnaissance et hommages mais on cherchera en vain un successeur digne de son art bordélique.
Autre de ses irruptions télévisée : Tube de toilette issu de l'album Comprend qui peut (1969).


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