Quand ethnologues et sociologues n'étaient pas encore flics
On constatera ici que la sainte trouille du bourgeois pour une jeunesse irrespon-contrôlessable ne date pas d'hier.
L'auteur va peu à peu se faire accepter par Fab, fan des Stones, par Freddy, par Ali Capone (si !), modeste voleur et par quelques autres barjots, qui vont l'initier au fonctionnement de la bande, aux rituels, aux défis, à la solidarité, au langage codé, mi-argot, mi-verlan.
Monod va décrire, sans moralisme, les modes de vie et de survie de ces jeunes confrontés à la peur, au mépris et à l'hôtel des gros verrous. Rockers, mods, beatnicks, yéyés, dandies c'est tout le Paris loubard des années soixante tardives qui défile, entre démerde et refus du travail, entre casses et bastons autour des auto-tamponneuses.
Plus de quarante ans après sa parution, le livre que Jean Monod a consacré aux « blousons noirs » n'a pas pris une ride.
Paru dans "Elle", édité en 1968 et 1971, ré-édité en 2007.
Pour arroser ça, on s'envoie le loser magnifique, idole des blousons noirs :
Pour l'anecdote, notre ethnologue en déroute finira par dégotter un travail vers la forêt amazonienne. C'est de là-bas qu'il suivra mai 68, sur une radio d'occase.
J'ai sous les yeux l'édition Julliard du 1er trimestre 1968 et j'en aime bien la conclusion "non-prédictive", quelques mois avant mai : … si je ne fais pas de "prédiction", c'est avec la conviction que le destin des groupes sociaux dépend finalement d'eux-mêmes, et qu'il appartient aux jeunes de définir[,] par-delà les mensonges tentants qu'on leur insinue, leur propre rôle historique. Loin de péremptoirement conclure, puisse mon livre, qui n'est rien d'autre qu'une ébauche, les aider à passer du rituel à l'action.
RépondreSupprimerBref, "encore un effort, camarades…"
À signaler aussi, depuis : Nous… la Cité, poignant au possible.