Malgré un nombre respectable de films et de romans noirs, en particulier ceux de Dennis Lehane qui le démontrent, insistons ici sur le fait que Boston, Massachsetts, n'est pas qu'une cité coloniale de la haute réputée pour ces espaces verts, ses élites et son université, cette ville a aussi ses quartiers interlopes et son prolétariat vivant par communautés puisqu'elle est aux États-Unis. On dit aussi que c'est une des plus grandes villes irlandaise de la planète.
Or, à Boston, Noirs et Blanc, Latinos et Asiatiques, irlando-américains ou italo-américains, tout le monde se réconcilie non pas lorsqu'il s'agit de rosser les cognes mais plutôt d'entonner en chœur Dirty Water.
On sait que les chansons comportant le nom d'une ville dans leur titre ont en moyenne meilleur chance de faire carrière que d'autres mais le cas de celle-ci est assez curieux.
Les amateurs savent généralement qu'elle fut créée par un obscur groupe de Garage, The Standells, en 1965.
On sait généralement moins que le groupe (Larry Tamblin, clavier et chant, Tony Valentino, guitare et chant, Jody Rich, basse et Benny Hernadez batterie et chant) est issu de Los Angeles, à l'autre bout du continent. Mieux, lorsque cette bande qui végéte sort d'abord la chanson au riff impeccable en 45 tour puis en album éponyme, les petits gars n'ont jamais foutu les pieds à Boston ! C'est leur manager, Ed Cobb, qui a effectué un séjour là-bas en galante compagnie et a écrit les paroles afin de se venger d'une cité où il a connu quelques émotions pas toutes agréables.
Car les paroles font référence aux bas quartiers irlandais près de la rivière Charles (aux eaux polluées) à l'étrangleur de Boston, à la frustration des étudiantes de l'université Simmons. Tu parles d'un dépliant de l'office de tourisme !
Tout en connaissant un succès d'estime et restant le tube (assez confidentiel) des Standells le morceau sera purement ignoré du côté de Boston. L'honorable groupe de rock aura quelques autres succès d'estime avant de se déliter autour de 1968. Sometimes good guys don't wear white, par exemple.
On aurait pu en rester là mais en 1972, Lenny Kaye, par ailleurs guitariste de Patti Smith, exhume des 45 tours oubliés des années 1964-1968, racines du rock garage et proto-punk des USA sous le nom de compilation Nuggets (pépites). Et le premier 33 tour de la série s'ouvre par Dirty Water, faisant aussi sec accéder le titre au statut de légende méconnue.
Toute une génération des années 1970 se fait les dents en reprenant les Nuggets, et les titres sont encore joués de nos jours dans les bistrots et autres salles confidentielles, devenant une école pour rockers débutants ou confirmés.
D'ailleurs, nous sommes quelques-uns à avoir d'abord connu ce truc repris par un honnête et énergique groupe de pub rock anglais, The Inmates, en 1979, sur leur premier album First offense. Ils avaient juste changé Boston par... London ! Commerce oblige.
La chanson poursuit donc son bonhomme de chemin, devenant de plus en plus connue et en 1995, l'équipe de hockey de Boston l'adopte comme hymne, aussi tôt imitée par les supporters des Red Socks, équipe de base-ball nationalement classée. Du coup, tout Boston se met à chanter cet air dédicacé aux eaux crades, même les citoyens écolos s'en servent pour leurs campagnes de dépollution. Et voilà comment un relativement obscur single de 1965 s'est retrouvé beuglé par une capitale de 700 000 habitants.
Entre-temps, Dodd et Tamblyn ont remonté une nouvelle mouture des Standells. Et dans les années 2004-2006, les californiens se verront jouer leur désormais succès aux ouvertures des matchs de Boston.
Surtout, ne jamais désespérer !
Allez, une dernière par des gloires locales, les Dropckick Murphys.
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