Michel Simon par Dimey |
Michel Simon à Noisy-le-Grand par Jean Mounicq |
Notre visite est un peu intéressée. Dimey souhaite que Michel enregistre son long poème du Bestiaire de Paris. Simon accepte à la condition incontournable que son amie y participe. Le rêve s'évanouit. Michel sort un billet de cinq cents francs d'une boîte à chaussures en carton et nous emmène au restaurant.
Bernard est missionné par Bruno Coquatrix pour convaincre Michel Simon de passer à l'"Olympia". Michel hésitant se fait prier, nous nous quittons sur un demi-accord pour un dîner chez Coquatrix qui une semaine plus tard nous réunit dans son appartement. Nous sommes dimanche soir, attablés devant des plats recherchés. Simon ne veut pas manger, réclamant du lait, rien que du lait. Boudu a gagné, l'inquiétude parcourt tous les étages. Il y a ici les meilleurs champagnes mais de lait, point. Un restaurant voisin nous dépanne. Michel trempe ses moustaches dans le blanc nacré, pour l'"Olympia", c'est oui.
Au jour dit, la salle comble est saturée d'émotion. Michel Simon entre en scène, les spectateurs sont debout pour une ovation spontanée, les minutes se transforment en quart d'heure puis en trois quarts d'heure. La tendresse passionnée du public empêche Simon de chanter, lui brisant la voix. C'est cinquante ans de géniale carrière qui sont acclamés. Enfin, il commence, sa voix de rocaille impose le silence, sa fragilité fait taire le torrent, le charme opère. Quand Simon chante Mémère une larme scintille sur la joue de Dimey qui l'essuie furtivement, ému encore une fois d'entendre la plus belle chanson d'amour qu'il ait écrite.
Yvette Cathiard, Dimey, La blessure de l'ogre.
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