mardi 4 janvier 2022

Pinard à la coca et belle époque

 

Extraits de l'article d'Anne Steiner, La gueuse blanche de Montmartre paru dans la revue Brasero n°1.   

Les feuilles de coca continuent à être exportées vers l'Europe pour une utilisation qui relève plus de l'herboristerie que de l'industrie pharmaceutique. Elles entrent notamment dans la composition d'un breuvage aux usages à la fois médicaux et récréatifs : Le vin tonique Mariani à la coca du Pérou élaboré en 1863 par le fils d'un apothicaire de Bastia, étudiant en pharmacie à Paris et préparateur dans une officine du boulevard Saint-Germain. Il est commercialisé sous forme de bouteilles de 50 cl contenant 60g de feuilles de coca macérées dans du vin de Bordeaux et tire ses 14°. Les sportifs comme les chanteurs d'opéra chantent ses propriétés stimulantes. C'est à la fois un apéritif et un remède énergisant censé soigner la grippe, les affections nerveuses, l'anémie et même l'impuissance. (...)
Outre ses talents d'apothicaire, Mariani a le sens de "la réclame". (...) Son coup de maître reste l'Album Mariani qu'il fait éditer par Camille Flammarion en 1894.
 
Il contient les notices biographiques d'hommes et de femmes célèbres dans les domaines artistiques, politiques ou littéraires auxquels il demande une dédicace vantant les bienfaits de son tonique après leur en avoir fait parvenir quelques flacons. Chaque notice est accompagnée d'un portrait réalisé par un dessinateur de renom agrémenté de la fameuse dédicace en écriture manuscrite.
Le pape Léon XIII voisine avec Sarah Bernhardt, Émile Zola et Léon Bloy, entre autres. Et Mariani n'hésite pas à mettre à contribution l'anarchiste Louise Michel, laquelle affirme avec quelque malice que le vin Mariani fortifie la volonté et double l'énergie.
Tremblez bourgeois !
Entre 1894 et 1925, quatorze volumes contenant plus de mille notices seront publiés. (...)
Le vin Mariani, dont il se vend 10 millions de bouteilles par an, est commercialisé dans toute l'Europe et même aux États-Unis. Un pharmacien d'Atalanta, John Pemberton, réalise en 1885 une imitation qu'il nomme "vin français à la coca". Mais face à la montée du mouvement de tempérance dans la pays, il substitue bientôt à ce produit un sirop non alcoolisé à la feuille de coca et à la noix de cola mélangé à de l'eau gazeuse qui deviendra fameux sous le nom de Coca-Cola. 
Cependant, la cocaïne étant de plus en plus déceiée aux États-Unis, les feuilles de coca, pourtant inoffensives, seront elles aussi expurgées de la recette.
À vous, madame Fréhel

5 commentaires:

  1. Tu vends du rêve. J'aimerais bien goûter ce vin Mariani (si ça foutait pas mon abstinence en l'air)
    Pour Noël, je me suis offert "le peyotl, la plante qui fait les yeux émerveillés"
    https://www.editions-tredaniel.com/le-peyotl-la-plante-qui-fait-les-yeux-emerveilles-p-44.html
    et je surveille le retour des graines chez zamnesia
    https://www.zamnesia.fr/recherche?search_query=peyotl&orderby=position&orderway=desc

    RépondreSupprimer
  2. Le bon côté du peyotl est que beaucoup vont le cueillir directement dans le désert de San Luis Potosi qui est, entre autre charme, truffé de puits de mine.
    Il en résulte une certaine sélection naturelle.
    Ce qui constitue une certaine revanche pour les Huicholes du coin, obligés d'aller faire leurs cérémonies bien plus loin au vu de la fréquentation aux heures de pointe.

    RépondreSupprimer
  3. Et comme dirait le jardinier de France Inter, franchement, aller semer des graines de peyotl sous nos latitudes... Bonne chance quand même.

    RépondreSupprimer
  4. ;-)
    Oui, c'est ce que je me suis dit aussi.
    Pour l'instant, c'est au stade de projet, comme dans la blague "beau vélo" de Xavier Gorce en haut à droite de votre écran
    http://john.warsen.pagesperso-orange.fr/

    RépondreSupprimer
  5. en + mes aventures avec les produits, on sait bien comment ça finit
    https://johnwarsen.tumblr.com/post/669513895080247296/le-docteur-bob-lattrait-vaut-mieux-que-la

    RépondreSupprimer