vendredi 8 juillet 2016

Bandits biens aimés en Argentine

Le bandit fantôme
C'est l'été, vingt dieux, profitons-en pour voyager un peu et prolonger notre virée américaine !

Bandits ruraux,difficiles à capturer
Cavaliers rebelles dans le vent sauvage
Bandits ruraux, difficile à capturer
Autant tâcher d'enclore les étoiles sur cette terre sans maître.

Tel est le refrain de “Bandidos rurales”, véridique histoire de quelques bandits de grand chemin argentins du début du XXème siècle, parmi lesquels deux des plus fameux : Juan Bautista Vairoleto "Le protecteur des pauvres" et David Segundo Peralta "Mate Cocido"( rien à voir avec l'infusion mais plutôt avec une vieille cicatrice), les justiciers du peuple.
Ce blues qui fleure la pampa (les violons sont d'Anastasio Peñaloza et de Don Custodio) est extrait du douzième disque de l'Argentin Leon Gieco ("Bandidos rurales" 2001).
Commentaire de l'auteur : "C'est un appel à lutter, même si dans ce pays la vie est en elle-même une lutte permanente. Seul un peuple faible peut avoir voté pour des Busi, Rico, Patti ou réélire Menem*. On passe notre vie à croire aux affiches collées dans la rue. Et on est aussi un pays de beaux parleurs qui s'imaginent que le prochain va venir nous sauver de tous les maux."


Fils d'émigrés italiens, Vairoleto**, cavalier errant, fin danseur et tireur de winchester émérite est, en 1919, l'objet de la haine et des abus d'un officier de police, tortionnaire ordinaire, pour rivalité amoureuse. Après avoir éliminé le nuisible, il sera poursuivi pendant 20 ans par les flics de six provinces. Aimé des anarchistes des pauvres et des filles de joie,***  il s'unit à la bande de "Mate Cosido", homme fort bien éduqué, expert en travestissement et fausses identités, qui se consacre à exproprier
Le protecteur du peuple
méthodiquement les entreprises de la région en évitant de faire couler le sang et en payant le moindre service qu'on lui rend.
 

Continuateur de la geste des gauchos rebelles, ils s'associent aux anarchistes**** agraristes de cette époque ultra violente (1500 ouvriers fusillés suite aux grèves de 1921 en Patagonie) durant laquelle compagnies forestières et gros éleveurs ravageaient le pays et payaient leurs ouvriers en monnaie de singe. Attaques de trains, de banques, enlèvements de gros propriétaires seront leur quotidien de deux décennies.
Vendu par un de ses amis, Vairoleto, cerné, se tirera une balle dans la tête en 1941. Il se convertit aussitôt en saint miraculeux pour bon nombre d'humbles qui vont en pèlerinage sur sa tombe à General Alvear (Mendoza).
De son côté Peralta, grièvement blessé à la hanche suite à une attaque de train, avait disparu sans laisser la moindre trace en janvier 1940. On ne sait toujours pas où se trouvent ni son corps, ni sa tombe.
Comme beaucoup d'autres, ces deux-là sont encore l'objet de contes, romans, chansons, films ou pièces de théâtre.

* On peut avec plaisir remplacer ces noms par n'importe quels autres d'ici.
** Comme on le constate sur la photo, son nom est diversement orthographié.
*** Dans le texte de la chanson de Gieco.  
**** Une partie des cotisations des adhérents du syndicat argentin FORA allait aux camarades illégalistes qui se chargeaient, de leur côté, de "récolter" des fonds.  

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