mardi 21 janvier 2025

Des mégalos pour mes galas

 

Elon Musk vu par Kubrick (anachronisme de base)

Le plus désolant n'est pas le triste spectacle d'une bande de guignols fascistoïdes et mégalomanes tous alignés derrière un bouffon*, le plus désolant n'est pas que la gauche du monde entier soit devenue la gauche la plus bête du monde, comme on qualifiait la droite à l'époque.
Le plus désolant est le sort des migrants qui ne seront pas tous et toutes traqués ni déportés, les grossiums ayant trop besoin de main d'oeuvre pas chère, le plus désolant est le sort des réserves indiennes, tristes confettis désolés, où les projets de mines, d'exploitation pétrolières et gazeuses, d'oléoducs vont repartir comme en quarante (pardon, comme sous Obama et Trump Premier, le plus désolant est le sort des malades, des pauvres, des femmes, des taulards, des... Mais vous savez tout cela par coeur et les néfastes plus près de nous sauront sûrement en prendre de la graîne.
Dédié au pantin obscène.


Et puis dégoûté qu'on était pas le cours des événements, on n'avait pas osé mettre ça en plein incendies de Los Angeles. Mais puisqu'il paraît qu'on est entrés dans l'Armageddon, autant danser sur les ruines.



* The venal, lying, racist, misogynistic, hateful, crude, vulgar, socially and environmentally destructive reactionary crap, leavened by blatant greed and coated in the most abysmal stupidity that we in the United States (and you innocents in the rest of the world) will be subject to on a constant basis starting today. (pioché du blog "Kvetchlandia")

dimanche 12 janvier 2025

Du Baudelaire quelque peu inattendu

 


On avait jusqu'alors plutôt l'habitude d'entendre du Baudelaire bramé par Ferré, susurré par Gainsbourg, déclamé par Reggiani, entonné par Georges Chelon, bref, rien que d'assez classique (voir lien).
Quelle ne fut pas notre agréable surprise de découvrir une jeune chanteuse dénommée UTA, reprendre le poème Recueillement, tiré des Fleurs du Mal, sous le titre bizarre de l'auteur même du texte et en une version rock psyché d'assez bon aloi. 
Le nom de la dame fleure bon une certaine consonance germanique que vient étayer son charment accent mais on n'a aucune certitude à ce sujet.
Et sinon essayez voir de chercher des renseignements sur une chanteuse au pseudo (en est-ce seulement un ?) aussi improbable, même en écartant toutes les compagnies aériennes imaginables... Et qui n'a, en outre, qu'un seul 45 tour répertorié au compteur.
Heureusement, l'indispensable Discogs est là. 
Donc, l'objet est sorti en 1969 chez Disc' Az (ref. AZ 10 458) avec en première face une reprise d'une chanson des Shangrilas, Past, present and future , pas leur plus connue, écrite par les forçats de la plume Jerry Leiber, Arthur Buttler et George Morton qui avaient joyeusement repomper Beethoven au lieu de lui rouler dessus.
Cette Face A, toute à fait dispensable, sous le titre prévisible de hier, aujourd'hui demain est à ce clic là. 

                                 

La face B, de bien meilleure tenue, est interprétée par on ne sait qui, mais la musique fut composée par Pierre Groscolas, honnête artisan ayant vécu à la frontière du rock et de la variétoche et qu'on vit officier derrière Eddy Mitchell ou Johnny Halliday.
Sinon, le single en question serait sorti... au Liban !
Mais qu'est donc devenue UTA ?

mardi 7 janvier 2025

Au suivant !

 


Illustration en hommage au Tenancier et à l'ami L. qui nous apprirent une des rares bonnes nouvelles de cette période bourrique. Comme quoi, ce ne sont pas toujours les meilleurs qui...

C'est pas nous qu'on le dit, c'est la Grande.


mercredi 6 novembre 2024

L'empereur "nouveau" est arrivé

 


L'Empereur voudrait fuir de ses crimes
mais le sang répandu ne le laisse pas en paix.
Malgré les morts et l'air éteint
il tente en vain
de leur échapper.

D'abord, on arrive à effacer
à coup de peinture, l'ombre
que dans l'après-midi
le corps de l'Empereur finit par projetter
sur les murs du Palais.

El emperador de los cadáveres in No me preguntes cómo pasa el tiempo (trad maison)


Même si on doute fortement que le gangster pornographe devenu maître du monde a des insomnies, nous lui dédions ce poème de José Emilio Pacheco et cette chanson avec nos compliments.


Ainsi que celle-ci adressée ses valets



Tout ça n'est peut pas très lyrique mais que voulez-vous, y'a des jours comme ça.  

lundi 30 septembre 2024

Kris la belle gueule

 




Et allez, après avoir été une des plus belles voix de la country, joué chez Dennis Hopper, Sam Peckinpah, Michael Cimino et j'en passe, Kris Kristofferson nous a quitté à l'âge respectable de 88 ans.
Démissionnaire de l'armée de l'air en 1965, il s'était tiré à Nashville (Tennessee) pour copiner avec Johnny Cash ou Janis Joplin. Qui lui empruntera une chanson en 1970, éponyme du premier album du beau gosse prometteur, Me and Bobby McGee

 

L'année suivante Hopper le fait tourner dans The Last movie. s'ensuivront, pour les plus inoubliables Pat Garett and Billy the Kid (1973), Bring me the head of Alfredo Garcia (1974), Le Convoi (1978) et notre préféré, le grand, le démesuré, l'increvable Heaven's gate (1979)
Ici avec Isabelle Huppert et David Mandsfield à qui on doit la musique du film.


Il aura tourné jusqu'en 2017 et commis la bagatelle de 21 albums dont trois live. 
Mais tant qu'à rendre hommage, autant reprendre le Blow up du délicieux Luc Lagier, C'est quoi Kris Kristofferson ?

mercredi 25 septembre 2024

Comrade George



 Il est très facile d’imaginer une classe moyenne financièrement poussée dans ses derniers retranchements et n’en demeurant pas moins farouchement hostile à la classe ouvrière : et vous avez là un parti fasciste tout trouvé.  
Le quai de Wigan

 

 Le véritable ennemi, c’est l’esprit réduit à l’état de gramophone, et cela reste vrai que l’on soit d’accord ou non avec le disque qui passe à un certain moment. 

 L’idée que le Parlement n’a plus guère d’importance est à présent très répandue. Les électeurs sont conscients de n’exercer aucun contrôle sur les députés. 

Essais, articles, lettres 1943-1945

 

lundi 26 août 2024

Cinéma : la fin de la frontière

 

Andy Dale Petty

WESTERN LANDS un film de Nicolas Drolc - FR / USA  - 86 minutes

Un essai cinématographique à la gloire de la côte Ouest américaine, à travers la parole de ses habitant-e-s en résistance contre l'ordre établi et la culture dominante.

Alors qu'ils s'embarquent pour une tournée d'un mois sur la côte Ouest, le musicien de Folk originaire d'Alabama Andy Dale Petty et son ami, le cinéaste nancéien Nicolas Drolc en profitent pour improviser un film, à la croisée du road movie, de l'expérimental, du documentaire fauché et du journalisme gonzo. Sillonnant les routes des Etats de Californie, Oregon, et Washington, le film est un hommage à l'esprit de liberté qui caractérise ces lieux et leurs habitants, des pionniers de la ruée vers l'or, jusqu'au beatniks de San Francisco des années 50, aux punks de Portland des années 70 jusqu'à l'explosion culturelle Grunge qui part de la région de Seattle à la fin des années 80 pour embraser le monde entier. Le long de la route, on croise des curiosités oubliées et on obtient une collection visuelle détaillée , hommage à une amérique étrange, vouée à disparaître.

On y écoute les témoignages de Lloyd Kahn, architecte hippie de 87 ans, ancien rédac chef de Shelter et du Whole Earth Catalog, d'Art Chantry, l'un des plus importants graphistes vivants, figure de proue du mouvement grunge, de V. Vale, anthropologue et éditeur du fanzine Search & Destroy et des livres Re-Search), de Kelly Halliburton, activiste punk pionnier de la scene de Portland et collaborateur du groupe culte de garage punk Dead Moon, d'Eric Isaacson, fondateur du label indépendant Mississippi Records, de Dave Reisch, du groupe de rock psychédélique new yorkais Holy Modal Rounders, de Bret Lunsford, historien, et musicien membre du groupe Beat Happening, ainsi que bon nombre d'anonymes, artistes, activistes politiques et agitatrices et agitateurs notoires.

   

Un film de l'ami Nicolas Drolc est toujours une (bonne) surprise.
Western Lands ne déroge pas à la règle en nous offrant une errance qui va de Big Sur jusqu'aux environs d'Oak Harbour en compagnie du musicien folk Andy Dale Petty.
S'il y a bien un ensemble de sensations plus difficiles à faire ressentir au spectateur qu'elles n'y paraissent, ce sont bien celles du vent, du frais, de la chaleur, de la pluie et du froid au long de cette longue route ponctuée de motels, de snacks, de bars, de boutiques étranges et de musées bizarres. 
On ressent tout ça en avançant vers le Nord. Et en tombant sur autant de pancartes, montagnes, panneaux, plaines, baraques, routes et encore d'autres routes.
Et on y croise des fantômes. Ceux de la classe ouvrière émiettée, des diggers de l'été 1969, des lobotomisés oubliés, des squatters expulsés, des Indiens pas assez glamour pour Hollywood, des homeless, des rockers SDF, des créateurs du punk de l'Ouest, des trop pauvres pour rester là alors barrez-vous vers l'Est ce coup là, des country singers et soulmen du nord-ouest... De tout un peuple qui est devenu gênant car il n'est ni assez propre ni assez soumis ni surtout, assez friqué pour ce monde.
C'est ce que nous racontent toutes ces voix, graves, profondes, hésitantes, éraillées dont on ne verra jamais le visage mais qui forment le choeur de cette évocation. 
On adorerait avoir une deuxième série qui serait, par exemple, une route Detroit / Chicago / Cleveland. Mais chaque film a son histoire et l'histoire ne se répète point. 

Un rappel d'un de ses autres films, Bungalow sessions avec la séquence consacrée à Andy Dale Petty.