Récemment on pouvait voir dans la version online du journal fondé par Jean-Paul Sartre Libération, un étonnant personnage, gentiment fêlé, ouvrant une énorme valise contenant les 133 versions qu'il a pu compiler de Vesoul*.
On apprenait alors que Vesoul n'était qu'un bouche-trou permettant à Brel de boucler un disque (au temps du vinyl...) et qu'il ne l'a jamais chanté sur scène.
Brel aurait séjourné dans cette bonne ville de Vesoul en 1960 et elle aurait laissée en lui un souvenir tel qu'il s'en souvint huit ans plus tard...
Voici donc l'enregistrement du morceau :
Et une version télé où l'on appréciera le talent comique du Jacques et la virtuosité de Marcel Azzola évidemment!
"Vous avez la tête trop chaude et le cœur trop froid, Pierre-François.
Et moi je crains les courants d'air !"
Sublime réplique de Garance (Arletty) à Lacenaire (Marcel Herrand) concoctée par Prévert pour le film de Marcel Carné, Les enfants du paradis (1945)
Né le 20 décembre 1803 à Lyon et guillotiné trente trois ans plus tard à Paris, Pierre-François Lacenaire fut non seulement auteur de théâtre, assassin, poète, escroc, mais il écrivit aussi quelques chansons.
On en trouve dans un disque quelque peu décevant : Lacenaire enfin vengé de Fred de Fred (vous avez bien lu) d'après ses poésies (1992 Barclay Universal)
Marcel Herrand dans le film de Carné
Remis au goût du jour par les surréalistes, Prévert, les situs, Lacenaire ne fut pas vraiment un grand criminel. Un bon résumé de sa carrière est là.
Par contre, il transforma son ultime procès en joyeux foutoir, sa cellule en salon mondain et sa mort en grand spectacle. Ses aphorismes tels « J'arrive à la mort par une mauvaise route, j'y monte par un escalier… » nous son restés. Tout comme ses Mémoires atrocement censurées.
Extrait : " Quand j'étais enfant, j'étais déjà plus lucide que les autres. Ils ne me l'ont pas pardonné...Alors je suis rentré en moi-même...Je n'ai pas pu en sortir. Les imprudents ! Me laisser seul avec moi-même ! Et ils me défendaient les mauvaises fréquentations !"
En 1836, Le Charivari publiera ses chansons.
Une parmi toutes est restée : "Pétition d'un voleur à un roi voisin" aussi nommée "Le Larron" par d'autres interprètes. Ce texte de 1833 est d'une actualité féroce.
Voici donc deux versions du chef doeuvre
D'abord par Chiffonie (chansons de cabaret) et par les Modest Lovers (Garage rock toulousain)
La
Vaucaire, néeGeneviève
Collin (1918 Marseille, 2011 Paris),
était surnommée « La Dame Blanche
de Saint-Germain-des-Près»,
Longtemps
habituée à populariser les textes de Prévert (elle
est la créatrice des Feuilles Mortes),
elle s'est peu à peu imposée comme l'une des plus subtiles
interprètes de la chanson française, faisant connaître Barbara à
l'époque où celle-ci n'osait pas chanter ses propres textes (Dis,
quand reviendras-tu ?, Attendez
que ma joie revienne), Léo
Ferré (Les
Forains)
ainsi que le Québequois Raymond Lévesque (Quand les hommes vivront d'amour).
Elle
reprend aussi des chansons médiévales (La
Complainte du Roy Renaud, Le
roi a fait battre tambour),
crée La Complainte de la Butte dans
le film French Cancan de Jean
Renoir en 1955 et interprète Trois petites notes de musique dans
le film Une aussi longue absence d'Henri
Colpi, scénario de Marguerite Duras (Palme d'or à
Cannes en 1961). C'est ce film qui l'oblige à sortir d'une période
particulièrement sombre en lui faisant rassembler, en quelques
heures, les forces qui lui restaient pour chanter avec réalisme la
fameuse complainte alors que le film était déjà « bouclé »
avec une autre interprète. A ce stade, sortons donc les mouchoirs
Elle
chante aussi des chansons du répertoire du Café-concert : Fragson (Je
ne peux pas), Yvette
Guilbert (Quand
on vous aime comme ça). Côté agitation de l'époque, elle reprend Le temps des cerises et chante L'Internationale aux piquets de grève.
Après
une tournée au Japon dans les années 80, elle se
produisait encore dans un dépouillement de bon aloi : à
l'Olympia en 1991, au Théâtre Déjazet (Théâtre
Libertaire de Paris) en 1992, à La Comédie des Champs-Elysées et au Bouffes du Nord en 1999.
Elle restera célèbre pour ses interprétations, telles que : Le Pont Mirabeau (d'Apollinaire
), Maintenant que la jeunesse (
d'Aragon musique de Léonardi) ou L'écharpe (paroles
et musique de Maurice Fanon).
Les René Binamé (appelé jusqu'en 1995 René Binamé et les Roues de secours) sont un groupe belge de chansonettes punk'n'rolls qui sévit depuis 1988 sur les scènes d'Europe. Leurs concert festifs et joyeux ne se prenant pas au sérieux,
ils balancent des textes libertaires avec une désinvolture amusée. Ils donnent leur musique
librement (des dizaines d'excellents morceaux en copyleft) sur le site où vous pouvez donc vous servir (http://aredje.net)
René Binamé fait partie d'un ensemble de treize groupes issus de la scène alterno punk belge connue sous le pseudonyme de "La Famille".
Groupe à géométrie variable (Binam' à la batterie/ chant et Boris à la basse sont la stabilité de la formation les guitaristes sont alternativement R-Man, Smerf ou Titi) ils ont huit disques à leur actif dont un principalement consacré au Pape (En mai fais ce qu'il te plait) un autre de chansons révolutionnaires ( 71.86. 21.36) et un autre au travail salarié (Le temps payé ne revient plus)
D'où est tiré cette reprise de la chanson de raoul Vaneigem (signée Ratgeb* à l'époque)
* Jörg (ou Jerg) Ratgeb (litt. « Donneconseil ») ( 1480 -1526) peintre et révolutionnaire allemand écartelé suite à sa participation à la "Révolte des Rustauds"
mardi 10 septembre 2013
Archives du scopitone (4)
Gainsbourg poinçonne
Z'auraient tout de même pu faire gaffe à la synchronisation !
Une autre version largement supérieure supérieure où le maestro a l'aisance du Mexicain face au peloton d'exécution se trouve ici
On ne va pas ici vous refaire la biographie de l'indispensable Louise qu'on peut consulter ici-même mais plutôt rendre hommage à ses talents, moins connus d'auteur de chansons.
Outre être une source d'inspiration pour Rimbaud, Jules Jouy, Michèle Bernard, Juliette, Louise Attaque ou les excellents Louise Mitchell, notre révolutionnaire débuta comme institutrice avant d'être sociétaire de l'Union des Poètes en 1862.
Il semble qu'elle ait écrit quelques dizaines de comptines enfantines pour ses élèves, composé de nombreux poèmes, dont une partie a été perdue, et aurait même fait un opéra.
Seulement, voilà le Hic, pas moyen de retrouver ces premières chansons paraît-il assez politiquement "osées" en plein second empire.
A moins que quelqu'un n'ait une idée....
Il
est à noter que Louise signait ses poèmes Enjolras, qui est aussi
le nom d'un personnage, étudiant républicain, intègre et
révolutionnaire, que l'on retrouve dans Les
misérablesde
Victor Hugo. Qui s'est inspiré de l'autre ?
Hugo lui rendit, par
ailleurs, hommage, à travers un poème,Viro
major(Plus
grande qu'un homme), qu'il écrivit après son procès, en
1871.Verlaine
lui dédia Ballade
en l'honneur de Louise Michel. Elle
eut de grandes amitiés féminines, Marie Ferré, Charlotte Vauvelle
ou masculines, Hugo, Jules Vallés, Théophile Ferré et même
Clémenceau (première époque).
Pendant et après la Commune, elle continuera son activité d'écriture. Un exemple de poésie écrite en prison :
Quand
la foule, aujourd’hui muette,
Comme
l’Océan grondera,
Et
qu’à mourir elle sera prête,
La
Commune se relèvera.
Nous
reviendrons, foule sans nombre,
Nous
viendrons par tous les chemins,
Spectres
vengeurs sortant de l’ombre,
Nous
viendrons nous serrer les mains.
Les
uns pâles, dans les suaires.
Les
autres encore sanglants.
Les
trous de balles dans leurs flancs.
La
mort portera les bannières.
Le
drapeau noir, crêpe de sang,
Et
pourpre, fleurira la terre
Libre,
sous le ciel flamboyant.
Mais sa chanson la plus connue, celle qui est reprise de nos jours par un bon nombre de chorales est sa Danse des bombes. Ecrite en avril 1871, en pleine insurrection parisienne, elle est ici dans sa version la plus populaire, mise en musique et interprétée par Michèle Bernard sur son disque "Cantate pour Louise Michel")
lundi 2 septembre 2013
Parenthèse d'actualité par nos grognards
« Partant pour la Syrie » a été très populaire pendant une grande partie
du XIXème siècle. Chant de ralliement des bonapartistes (il a été
composé par Hortense de Beauharnais, la belle-fille de Napoléon), il a
même joué, dit-on, le rôle d’hymne national officieux pendant le Second
Empire.
On vous la souhaite fraiche et joyeuse selon l'expression consacrée.
ps : quand on pense que "la première armée du monde" n'a pas été foutue de prendre la ville de Puebla, défendue par une poignée d'Indiens mexicains (5 mai 1862) ça relativise toujours la chose.