dimanche 14 octobre 2018

Peur sur la ville en chanson

Une intéressante émission d'Amaury Chardeau (Juke-box du 29 septembre dernier) consacrée à la trouille sociale engendrée par les bandes de jeunes.
Ça débute sur des faits-divers de 1959 au square Saint-Lambert dans le quinzième, ou à Bandol et ça remonte jusqu'aux fortifs peuplées d'Apaches.
Précisons que le blouson noir se revendiquant surréaliste du début n'est autre que l'écrivain René Fallet et que Vince Taylor n'a jamais été américain.



Dans le genre loubards de base, La Souris déglinguée, encore fréquentable à ses débuts. Et encore, ça se discute.





21 commentaires:

  1. "et encore ça se discute"
    Ah ! Ah ! C'est vrai que les fans de La Souris aimaient bien la discussion à l'époque, munis de toutes sortes d'accessoires démocratiques, permettant d'aplanir d'éventuels différends théoriques. Une bonne discussion, de temps en temps, ça fait du bien.
    Et encore, ça se discute...

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  2. Vous voyez bien à quel mot de trop de la chanson on fait allusion, cher Moine. Quant aux éventuelles discussions, on a toujours pensé qu'un zeste d'athlétisme martial éclairé ne nuisait point à une impeccable dialectique.
    J.

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  3. "Un peu de vengeance sur ta peau blanche" : c'est ça ? Bof, aujourd'hui, ça choquerait plus grand-monde : au contraire, ça ferait même un titre de best-seller aux éditions de la Fabrique. Et quant aux "disco juives" -autre possibilité - faudrait justement demander à M. Hazan si les Feujs en question n'étaient point déjà (en 1979) DÉJÀ "passés du mauvais côté du manche", selon sa sublime expression...
    cf ici : https://lundi.am/En-reponse-aux-accusations-d-antisemitisme-proferees-contre-lundimatin

    Bref : on voit bien, Jules.
    Mais, dès qu'il s'agit de causer d'ultra-gauche, voyoucrate ou pas, on a mauvais fond (vous savez bien aussi)

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    1. Ouais, c'était bien des discos qu'il s'agissait. Du fond de notre lointaine province, on trouvait ça tellement con qu'on a cru longtemps avoir mal compris. Mais non, il a fallu ce genre de phrase qu'on ne disait pas encore "décomplexée". Faut dire que pour en remettre une couche sur les blousons noirs on a trouvé tellement pire...
      Faudra faire une anthologie de la chanson con, comme le fit une regrettée émission sur France Inter.

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  4. Les "discos juives" de la chanson font référence au Gibus tenu par les frères Taïeb, business men et margoulins notoires. Perso, je n'y ai jamais vu d'insulte antisémite. Ou alors un film comme La Vérité s je mens l'est tout autant (ce qui peut se discuter).

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    1. Il se trouve qu'on était à l'école avec des ceusses de la famille feuj-Gibus, qu'ils nous racontaient leur week-end sauvage à Deauville (capitale d'Israël, disaient-ils, en se marrant). Et qu'on comprenait donc de quoi Taï luc et ses potes parlaient. Mais pour être tout à fait honnête, on ne se faisait guère d'illusion sur le côté, disons "neutralité axiologique" d'une telle saillie dans la chanson RnR Vengeance. Il y avait, comment dire, tout un public à satisfaire. Or, la chose antisémite était - comme on dit - dans l'air, tout autant qu'aujourd'hui, et voilà tout. Vers la moitié des 80's, dans notre cour d'école élémentaire du 19ème arrondissement, un vieux con de CM1 looké hardos Iron Maiden (jean et pellicules aux veuch et tout) avait un jour débarqué en disant : "Michael Jackson ? (c'était l'époque de Thriller) : un juif, à ce qu'il paraît..."
      Tel était le niveau général, et LSD (sans y croire vraiment, selon nous) faisait juste ici preuve de l'opportunisme qui les a toujours caractérisé, et qui faisait, d'ailleurs, leur talent paradoxal : saisir des sensibilités brutes, amplifier électriquement toute une époque et ses aliénations (notamment racistes-spontex). Du moment que c'était spontex, au fond, tout était bon à prendre selon eux. C'était leur force et leurs limites. Ca le reste aujourd'hui.

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    2. Paradoxalement, moi qui étions scolarisé dans ma banlieue rouge à forte proportion de métissages divers, j'y entendais beaucoup moins de cet "antisémitisme ordinaire" qu'à l'heure actuelle. Nos potes étaient juifs, rebeux, yougos, viets et chacun se voyait affublé d'un surnom qui aurait effarouché le MRAP, mais si des ceusses extérieurs s'avisaient d'employer les mêmes expressions, ils se prenaient une volée de marmaille dans les dents. Et j'ai assez d'éléments pour savoir qu'il en était de même parmi les bandes parisiennes de nos aînés. Donc je continue à affirmer que l'expression "discos juives" n'est nullement là pour brosser de quelconques antisémites dans le sens du poële mais pour rendre compte d'un banal état de fait dans la France d'alors. Après tout, n'oublions pas que le fait de dire qu'on va "chez l'épicier" plutôt que "chez l'Arabe du coin" (comme d'autres avant nous disaient "chez le Bougnat") est une rectification de langage très récente, y compris dans nos sphères antiracistes sous tous rapports. La familiarité des usages du langage n'est pas toujours l'expression d'un racisme viscéral, même si la caractérisation des gens par rapport à leurs origines ou cultures n'est pas souhaitable. Je me méfie toujours du fait de vouloir revoir l'Histoire à partir du moment présent.

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  5. Ah ben merci de préciser, camarade.
    Des mecs dans le genre d'Hélène Martini, donc.
    J.

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  6. Sorry, trop court. On pinaille peut-être mais on ne voit toujours pas ce qu'une discothèque aurait de "juive", même s'il faut bien avouer qu'on trouve encore quelques bistrots auvergnats ou crêperies bretonnes.
    J.

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    1. D'où ma réponse au Moine ci-dessus.

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    2. Pour abonder sur vos intéressants commentaires, je dois bien avouer que, vu depuis Ploucville, Gascogne, on constate que l'antisémitisme ordinaire et même pas rampant était toujours présent et pas qu'au niveau de certaines expressions.
      D'autre part, arrivé tout jeunot dans une de ces cités dont les architectes utopistes ont le secret (non Candilis ne s'est même pas suicidé)on se traitait de "greun", "feuj", nyak", "from" ou "rebeu" sans penser à mal tant cette pensée eut été ridicule.
      Mais c'était réservé au quartier.
      Et bien d'accord avec Chéri Bibi pour ne pas "révisionner" l'histoire. On le subit suffisamment comme ça, ces temps-ci. Et avant aussi d'ailleurs.
      J.

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    3. Le souci avec LSD (groupe pour lequel, par ailleurs, nous avons assez témoigné de notre admiration, là n'est pas le problème), c'est qu'on ne peut faire comme si une frange importante de leur public ne posait pas de (très) sérieux problèmes en la matière.
      D'accord, donc, avec Desproges pour dire qu'on pouvait rigoler de tout mais pas avec n'importe qui.
      Or, gueuler "disco juives" en choeur en 1979 (et après) à un concert de LSD pouvait impliquer, identiquement, de franchement pas être sur la même longueur d'onde que d'autres, gueulant pourtant la même chose. On ne peut pas faire comme si on ignorait tout cela.

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    4. Bon ben on va donc disserter sur le cas LSD, groupe qu'on a aussi beaucoup admiré jusqu'à ce que...
      En vrac, qu'on en ait marre de les voir indifférents face à des bandes de nervis minables faisant le salut nazi et qu'on soit obligés de se taper le ménage (z'étaient pas fiers, les fafs, face à la bande de Decazeville ou du Mirail), qu'on soit tout aussi fatigués de l'accumulation de paroles ambiguës (allusions à l'OAS, à la fierté d'être français, aux pires souvenirs de l'Indo, etc. Remarquez qu'à la base ils se la jouaient communistes) et surtout, qu'on apprenne qu'ils aient joué pour un parterre d'identitaires. Là, on garde nos amours de jeunesse mais on répudie les ceusses qui vieillissent mal.
      C'est con, c'était, à mon avis avec OTH, le meilleur groupe de rock de la décennie 1980. Et des individus tout à fait charmants et talentueux hors de ça.
      J.
      Mais comme vous dites, Moine, tout était bon à prendre du moment que c'était spontex et on finit par se vautrer à ce compte là.

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    5. "La fierté d'être français", vous dites ? Là, pour le coup, on ne sera pas d'accord. En FRANCE (c'est à celle-là que vous pensez, non ?) n'est pour nous pas une chanson de "fierté", mais plutôt d'"assomption" (c'est toujours, répétons-le la force et la limite de LSD : ils assument tout). Il n'empêche : à nos yeux c'est une des plus grandes chansons antiracistes françaises qui aient été écrites contemporainement. Et ouais ! Et pourquoi ? - Rappelez-vous du refrain : "c'est pour ça qu'on restera en France !" A l'époque, c'était ce que disaient les racistes : on n'EST PLUS en France ! Le détournement lysergique gît ici : La France reste la France : on reste en france : même si les "français" changent, et qu'ils "deviennent" arabes, noirs, jaunes, bleus ou que sais-je ! Car c'est au niveau du mode de vie que tout le monde se retrouve (mode de vie voyoucrate, certes, et contestable, donc : "y a tout ce que tu veux en France, l'alcool et les femmes en France, etc". Rien à voir avec une fierté nationale abstraite : plutôt le plaisir concret de ce mélange ethnique-là adepte d'un même mode de vie : libertin et jouisseur. Tout cela a bien changé. Car l'essentiel, hélas ! de cet imaginaire cosmopolite a été tragiquement abandonné aux fachos.

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    6. Oui enfin, je te rappelle, Moine, qu'en 1979 le public de La Souris n'était pas le même que celui que l'on a connu 10 ans plus tard. Et -bis repetita- les bandes de l'époque comportaient bien des feujs, rebeux, renois, etc. Donc voir une allusion antisémite dans Rock'n'roll Vengeance en raison de ce que l'on a connu plus tard n'est pas très honnête.

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    7. Pas le même ? Faut voir. On peut entrer dans les détails, le cas échéant.
      Et pis il s'agit justement de voir, en l'occurrence. Pas d'être honnête.

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    8. @Jules : désolé de "disserter", mais bon : fallait pas nous brancher sur Rockn roll vengeance, non plus. On vous fait pas le coup du dessin de l'affaire Dreyfuss ("ils en ont parlé...") mais si un peu quand même.

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    9. Voila j'arrive, j'arrive.
      Désolé Moine, z'êtes à côté de la plaque sur le coup. Entre autres choses, la "fierté d'être français" ne faisait pas d'allusion à "En France" qui resterait défendable selon vos brillants arguments, mais à "St Sauveur" ou là, sur ce coup, on a eu une immense lassitude.
      Un album plus tard, donc.
      En tout cas, c'est marrant et quelque peu réconfortant de constater à quel point la Souris soulève encore nos passions. Du moins chez les quelques-uns. Comme aurait dit ce con de Churchill.
      J.
      ps (pour les éventuels spectateurs de cet échange) : Quant à la bande à Taï Luc, elle se défendra très bien toute seule de la merde où elle se fourre. Perso, on ne sera jamais ni flics, ni procs.

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  7. Pas besoin d'être procs ni flics pour simplement réfléchir à tout ça. On n'a jamais causé ici, jusqu'ici, et après tout, que de paroles et de textes disponibles dans le domaine public : pas du comportement effectif circonstancié de quiconque. Bref. Pour nous, ce n'est pas telle ou telle chansonnette lysergique qui posera problème (puisque aussi bien on pourra alors défendre celle-ci, et même Saint-Sauveur, d'un autre point de vue possiblement aussi efficace) : c'est carrément l'ensemble du corpus. C'est ça qu'on suggère depuis le départ. Mais c'est que pour nous, l'essentiel est justement ailleurs ! LSD, des communistes ? Ou même des "camarades" ? Foutaises. Et alors ? Pourquoi diable faudrait-il qu'un ou des artistes s'avèrent politiquement corrects avant (et pour que) nous les appréciions ? La réalité est complexe, et nous devons l'être aussi pour lui coller aux basques. Traduit en langage clair : il convient de douter de tout, devise notoirement célèbre, et bien oubliée chez ses ouailles aujourd'hui, de certain barbu d'antan. Douter, et même désespérer de tout. Y compris, et surtout, de ses idoles quotidiennes antédiluviennes. Nobody's perfect. Seule morale provisoire qui vaille.

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  8. Ben justement c'est bien de ça qu'il s'agit lorsqu'il est question de ne pas instruire de procès. Vous savez bien que pour être moine on n'en est pas obligatoirement Torquemada.
    Et il n'a jamais été question que les différents artistes présentés dans ce foutoir soient des "camarades", on se fait juste une joie de le souligner lorsqu'ils sont tout simplement sympathiques.
    Et oui, le premier opus de LSD était bourré de références communistes au sens où à l'époque "on chantait rouge" dans la banlieue. C'était encore là le reflet d'une culture, d'un monde qui a aujourd'hui sombré corps et bien et qu'on ne regrette pas forcément. Juste que ce qui allait suivre ne sera pas beau à voir.
    Enfin, il y a une grosse nuance entre ne pas être "correct" et faire le jeu de nos ennemis. Le fascisme a trop de visages pour qu'on se paye le luxe de l'ignorer.
    Pour le reste évidemment d'accord avec le nobody's perfect.
    Salud !
    J.

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    1. Torquemada ? - "Rien que ça ? " comme dirait Taï-Luc.
      Salud aussi !

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