lundi 24 septembre 2018

Vivons joyeux en attendant la catastrophe

Le film de 1936
Catastrophistes et autres prophètes de l'Armageddon, passez donc votre chemin. 
Il n'est pas si fréquent que le refrain d'une chanson devienne expression populaire, en l'occurrence, il traduit une béate inconscience face à une situation qui s'annonce tragique.
Et ce n'est pas un hasard si cette chanson comique de l'orchestre de Ray Ventura connut un tel succès en 1935, située qu'elle était entre tentative de putsch des ligues d’extrême droite, grève générale accompagnant le Front populaire et accords de Munich. Dès sa sortie chanson fut si répandue, qu'elle fut déclinée, entre autres de Tout va très bien, monsieur Herriot (en 1936) à Tout va très bien mon Führer, de Pierre Dac, sur les ondes de Radio Londres.
Écrite par Paul Misraki, elle aurait été créée lors d'une tournée foireuse dans le sud de la France. Les Collégiens de Ventura faisant un flop retentissant, Coco Aslan aurait demandé à Misraki d'essayer un truc inspiré du sketch de la "Lady écossaise". Partant des premières notes et terminant par le pont "un incident, une bêtise..."  celui-ci écrivit le morceau en une nuit et ce fut l'ovation assurée dès le lendemain.


D'après Lise Gruel-Apert, la "Lady écossaise" apparaissait déjà dans les contes russes compilés par Alexandre Afanassiev en 1871 sous le titre Khorocho, da khoudo (Ça va bien, sauf que ça va mal) qu'elle a traduit sous le titre Tout va très bien ou le noble ruiné. 
On trouverait même traces d'un semblable thème dans des fabliaux du XIIIème siècle.
Quant au refrain, il est intégralement repris du sketch déjà cité du duo de comique troupiers Bach et Lavergne, de 1931. Ray Ventura les créditera comme co-paroliers.
Cette chanson sera reprise en russe dès 1935 par Leonid Outiossov, puis en allemand, italien hébreu, etc. 
Une version télévisée de 1967 par Sacha Distel, Jean-Pierre Cassel, Roger Pierre, Jean-Marc Thibaut et Jean Yanne.


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