mardi 30 janvier 2018

Encore du Brel : reprises luxueuses

Un Jacques Brel démoralisé écrivit Ne me quitte pas en 1959.
La petite histoire veut que cette chanson fut un message personnel adressé à la chanteuse Suzanne Gabriello,  (dite Zizou, à l'époque membre du trio "Les filles à papa) alors sa maîtresse, qui, le Jacques refusant de quitter sa légitime, Miche, et ses gosses, s'éloigna vers une nouvelle vie.
Hymne à la veulerie amoureuse, elle fut coécrite par son pianiste, Gérard Jouannest et était, à la base, destinée à la chanteuse Simone Langlois avant que Brel ne se décide à la graver lui-même.
Et en faire ainsi, une de ses chansons certainement la plus reprise de par le monde.
Adaptée en anglais par Rod Mc Kuen comme If you go away, elle fut chantée en allemand, italien, portugais, catalan, tchèque, polonais, hébreu, arabe, turc, wolof, kabyle, malgache, etc.
Lapidaire, Édith Piaf commenta : "Un homme ne devrait jamais chanter des trucs comme ça".
Par conséquent, voici une femme, miss Nina Simone herself :


Et au rayon chamallows, monsieur The Voice, himself



Bien plus surprenant et porté à notre connaissance par Joseph Ponthus, ce charmant document qui fait suite à l'enregistrement de Vesoul. Grandeur et déboires de la Haute Saône !
Cerise sur le gâteau : les Belges de Summer Rebellion, chouette groupe relativement influencé par Tom Waits et Loic Lantoine dans une autre immortelle  :

samedi 27 janvier 2018

Février, un peu d'amitié dans ce monde de brutes

Des Amis de Durruti (emprunté au SBHAC)
On ne vend jamais ses meilleurs chameaux, mais quelquefois l'amitié les donne. (Proverbe persan)

Nos amitiés seront-elles particulières, cette inclination qui nous pousse vers autrui est-elle question d'affinités ?
Dans sa quête des sentiments chantés, l'Herbe Tendre avait jusqu'alors négligé cet état d'esprit ambigu qu'on nomme Amitié.
Cette lacune sera donc comblée le lundi 5 février à 17h30 sur le 92.2 de Canal Sud. On vous y espère, les aminches.
Accessoirement et, ironie du vocabulaire, Amistad est aussi le nom d'un bateau négrier repris en main par les Africains révoltés. Cette affaire fera grand bruit en 1839 et capturés par l'US Navy, les mutins seront acquittés.

Voilà l'occase de rappeler que l'expression britannique "Thick as thieves" signifie en français "comme larrons en foire" ou "copains comme cochons". The Jam, nom de Zeus...



Et de s'envoyer ce bon vieux Roger Riffard, ici bien entouré (René Louis Lafforgue est à sa gauche et on reparlera de ce gars), qui profite de l'occase pour évoquer un pote d'outre-Pyrénées en 1957.


Copains d'Espagne

mercredi 24 janvier 2018

Lys Gauty



Lors de la dernière émission, Humphrey nous apprit que Damia l'avait surnommée la "Sous-préfète". Amabilité sans doute due au fait que ces deux dames jouaient dans un registre très proche. Il est d'ailleurs parfois difficile, à une simple écoute, de distinguer l'une de l'autre.
Belle longévité que celle d'Alice Gauthier (1900 Levallois-Péret, 1994 Monte-Carlo) née dans une famille de modestes travailleurs, devenue dactylo, vendeuse de chapeaux, modiste et prenant des cours de chant sur ce que ses parents lui laissaient de son salaire.
Elle aurait fait ses débuts de cabaret Chez Fyscher en 1924, y rencontrant son futur mari, Gaston Gröener, qui devient à la fois son manager et co-auteur de chansons.
On la verra ensuite en1926, au Théâtre de Dix-Heures à Bruxelles et à Paris à La boite aux Matelots, en 1932, puis à Bobino en 1933, à l'Alhambra en 1934 et à l'ABC en 1936. Elle est déjà devenue un vedette à ce moment-là.

Parallèlement, elle apparaît dans plusieurs films : Jours de noce (Maurice Gleize, 1930) La goualeuse, du sur-mesure taillé pour elle (Fernand Rivers 1938) où elle chante Dis-moi pourquoi.
En 1933, elle créé son immortel succès, Le chaland qui passe, version française de Parlami d'amore, Mariu de Vittorio de Sica.
La chanson sera un tel carton qu'en 1937, elle en fera une parodie : Le chaland qui reste.


Elle se spécialise alors dans des interprétations de Kurt Weill et sera la première à chanter du Prévert en 1939 : Les escargots qui vont à l'enterrement (1940). Le tout en tournant jusqu'en Amérique du Sud dans ses robes blanches qui l'avaient rendue fameuse.
Entre 1941 et 1944, elle enregistre Les petits pavés, Fumée sur le toit et un texte Françis Blanche sur une musique de Django Reinhart, Crépuscule.
Elle qui avait, avant-guerre dénoncé l'antisémitisme ambiant, se fourvoie sur les ondes de Radio Paris pendant l'occupation et fait une tournée, promotionnée par Kraft durch freude (organisation kulturelle nazie) , en compagnie de Fréhel et Raymond Souplex,  en 1942, entre stalags et STO.
Du coup, son retour d'après-guerre sera fort discret. Après avoir tâté de l'opérette et employé le jeune Léo Ferré comme pianiste en 1947, elle abandonne la scène en 1953 pour diriger un cabaret niçois et ouvrir une école de chant. 

Un autre succès tiré du film de René Clair 14 juillet, (1933) À Paris, dans chaque faubourg :



Un merci au site Du temps des cerises aux feuilles mortes pour une biographie bien plus étoffée.

dimanche 21 janvier 2018

Marseille et sa réinvention de la langue d'Oc

Lors d'une semaine consacrée à la ville de Marseille, l'émission La fabrique de l'histoire du 2 janvier a proposé un sujet sur la réapparition de la langue occitane, de sa variante provençale, dans la mouvance musicale marseillaise des années 1990.
Si l'usage courant du provençal a pratiquement disparu, des musiciens s'en sont emparés entre désir de fête, recherche historique ou revendications sociales.
On retrouve là Moussu T et Papet J du Massilia Sound System, Manu Théron du Cor de la plana et de Gacha Empega, Sam Karpenia de Dupain et Gacha Empega, le tout sous l'ombre de l'inévitable Alessi Del Umbria.
Même si, à l'époque, on a assez peu goûté certaines injonctions à la bringue (gens du Midi, exhibez votre joie !) virant parfois au vulgaire folklore, l'émission est passionnante : entre récupération de la mémoire populaire, ouverture sur l'ensemble de la Méditerranée et résistance à une modernité marchande et totalitaire.



Un classique de Dupain. On a pu constater, lors d'un concert dans un bistrot parisien il y a une quinzaine d'année, que même à la capitale, une bonne partie du public connaissait les paroles par cœur.  L'usina en concert en 2011.


jeudi 18 janvier 2018

Évacuation prochaine de la ZAD ?



Ubi solitudinem faciunt, pacem appellant (Tacite)
Ils ont fait un désert et appellent ça la paix.

Du moins c'était ce qui était prévu, dans la grande tradition nationale.
Et puis, ils ont arrêté les frais, balancé un gros nonosse à un ministre de l'écologie dévalué, un autre à Vinci, dont la taille est à évaluer. Et roulé une dernière fois des mécaniques avant de s'éloigner la queue entre les jambes.
Une petite chanson de Marc André d'après un texte du collectif de la Roche-sur-Yon et une musique de qui vous savez. En honneur à la tronche tirée par l'ex président de région :



Allez savoir pourquoi, les rodomontades finales du ministre de l'intérieur qui rêve de rendre quelques hectares à l'autorité de l'État et de la SAFER inspirent quelques associations d'idées. Du Eugène Pottier en rapport avec l'authentique affiche ci-dessus.



lundi 15 janvier 2018

Exclusif : Jean Ferrat se défonçait.

Outre l'horoscope et les faits-divers, les ressortissants de notre beau pays se sont toujours passionnés pour la rubrique "faits de société".
Ainsi, en 1969, le sujet n'était pas tant le sort du gaullisme agonisant ou la mise en place immédiate des conseils ouvriers mais bien l'arrivée sur le marché de la "drogue".
Voici une contribution au débat par un surprenant Jean Ferrat qui n'hésite pas à se vautrer dans de la sitar indienne sur fond de guitare psychédélique dans un 45 tour quatre titres méconnu (premier titre excepté).

 Le moustachu manie l'ironie en s'attaquant à la dope préférée de ses compatriotes : la télévision, alors ORTF, solidement reprise en main par le pouvoir après la crise de mai 68.
On désignait alors par couramment par "intox" le discours journalistique. Que voulez-vous, c'était il y a déjà presque cinquante ans et une drôle d'époque.
Pour mémoire, ne cherchez pas plus loin ce qu'est un CDR, il s'agit d'un nervi de la bande à Charles Pasqua (Comités de défense de la république).
Quoi de neuf depuis ?
L'internet, le smartphone, les jeux vidéos, les réseaux sociaux, les séries interminables, etc.



vendredi 12 janvier 2018

Otis honteusement pompé

Et c'est parti pour une reprise trèèès limite qui prouve, une fois encore, que les gars de chez nous faisaient ça tellement moins bien que les gars du Tennessee. 
Lamentable et néanmoins divertissante version d'un classique du grand, de l'indispensable Otis Redding par les Jelly Roll (1968) ex Piteuls et Bain Didonc (nom sous lequel ils jouèrent brièvement avec...Charles Trenet !) et (soupir) futurs Il était une fois. En fin des années soixante ils avaient commis un 45 tour relativement écoutable sous le nom des Papyvores.
Serge Koolen (guitare) monta ce combo en 1968 avec Jacques Mercier (guitare, chant) Riquet Serre (chant, basse), Christian Burguiére (orgue) et Richard Dewitte (batterie).
Ce groupe un peu balochard, un peu parodique, passa de temps en temps au Golf Drouot et tourna surtout dans l'Est (Aisnes, Ardennes, Marne...).
Romain Bouteille se laisse voir dans cette séquence en total play back où la peine de cœur laisse place au le dégoût du travail.


Try a little tenderness en concert en 1967, peu de temps avant le fatal accident d'avion, et là, au moins, on vérifie où sont les cuivres. Quant au sieur Otis, il ne perdait pas son temps à régler sa chorégraphie, c'était plutôt un bûcheron ayant atterri sur une scène.



Et pour notre plus grande joie, un des titres les plus sauvages mais pas des plus connu que le petit gars de Dawson (puis de Memphis) ait jamais enregistré. Un coup de pied au cul de l'Alabama profond : Shout Babalama


mardi 9 janvier 2018

Herbe Tendre de Janvier, chantons sous la pluie


Inutile de préciser que nous n'avions absolument pas prévu les tourmentes, tornades et inondations de ces derniers jours. Disons que, puisque c'est tombé à verse, on s'est réfugiés qui près d'une radio, qui près d'un ordi, afin de voyager de rayons de soleils en nuages noirs, de gros flocons en canicules.
Il est donc tombé ce soir :
Brigitte Fontaine                 Il pleut
Bobby Lapointe                   L'été où est-il ?
Claude Nougaro                  La neige
Brassens                              Le vent
Catherine Sauvage              Le noël des ramasseurs de neiges
Allain Leprest                      Il pleut sur la mer
Henri Godon                        Tempête de neige
Les Frères Jacques              Il fait beau
Compagnons de la chanson Ce sacré vieux soleil
Lys Gauty                             Un soir d'hiver...tard
Jean Sablon/ Django            Rendez-vous sous la pluie
Jacques Brel                         Les carreaux
Shane Mc Gowan                 Sous le soleil exactement
Higelin (Jacques)                  L'hiver au lit à Liverpool
Oxmo Puccino                      Soleil du nord
Noir Désir                            La chaleur
Jacques Yvart                       Chanson de la tempête
Charles Trenet                     Chanson d'automne
France Gall                          L'orage
Gillot-Pétré                           Fréquence météo
Ricet Barrier                        Isabelle, voilà le printemps

 Comme d'hab, retrouvez cette émission à l'adresse habituelle.

Remarquons, au passage, que la pluie n'est pas toujours bienvenue en Kabylie, surtout si elle est métaphore de guerre civile. Idir, Pourquoi cette pluie ?

  

Et encore, un croquignol né en 1968, qui utile toujours son orgue Bontempi des 70's. Nous avons nommé Monsieur Orange dans Il pleut des bombes :

vendredi 5 janvier 2018

Joseph Vacher, assassin de bergers

Surnommé "Le tueur de bergers" ou "Jack l'éventreur du Sud-est", le vagabond Joseph Vacher (1869-1898), auquel on impute une trentaine de meurtres, serait certainement expulsé des mémoires, hormis celles de quelques amateurs de chroniques judiciaires ou de tueurs en série primitifs sans le film de Bertrand Tavernier Le juge et l'assassin (1976).
Rebaptisé Joseph Bouvier, pour l'occasion, Michel Galabru y trouve un de ses meilleurs rôles, glapissant des répliques tirées des lettres réellement écrites par Vacher lors de sa détention.
Né dans une famille misérable et mystique, sujet à des crises de folie, Vacher exclu d'une école religieuse pour "immoralité" restera traumatisé par une opération médicale. Sa période militaire ne fera que renforcer son sentiment de persécution, souvent bien réel.
Après avoir commis deux tentatives de suicide, une pour protester contre la décision de ne pas lui accorder du galon, l'autre après avoir tiré sur une cantinière ayant refusé de l'épouser (il en gardera un infection permanente à l'oreille droite) Vacher est réformé en 1893. Entre deux séjours en hospice, il sillonnera son errance de cadavre de jeunes gens.
Vacher et Fourquet

Arrêté pour outrage à la pudeur en Ardèche, Vacher tombe entre les mains du juge Émile Fourqet qui, entre flatteries et manipulation, parviendra à lui faire confesser une quinzaine de crimes.
Le procès de Vacher sera un champ de bataille d'experts aliénistes. Selon le docteur Bozonnet : « Le nommé Vacher, détenu, vingt-huit ans, est atteint de débilité mentale, d’idées fixes voisines des idées de persécutions, de dégoût profond pour la vie régulière. Il présente une otite suppurée et une paralysie faciale, consécutives à un coup de feu. Il affirme aussi avoir deux balles dans la tête. La responsabilité de Vacher est très notablement diminuée. » Pour le docteur Lacassagne : « Vacher n'est pas aliéné. Il est absolument guéri et complètement responsable des crimes qu'il a commis et avoués. »
En conséquence, le forcené sera guillotiné le 31 décembre 1898.

Les mêmes joués par Galabru et Noiret
Le trait de génie de tavernier et de son scénariste, Jean Aurenche, est d'avoir remis ces sordides fait-divers dans leur cadre historique, entre souvenir des massacres de la répression de la Commune et hystérie patriotique de désir de revanche. De traiter de crimes d'artisan avant les crimes de masse...
Comme souvent chez Tavernier, la bande-son est soignée. Un gag : l'air édifiant Sigismond le strasbourgeois est interprété par un ancien gorille de De Gaulle reconverti en ténor.
Jean-Roger Caussimon se charge des autres chansons dont La complainte de Bouvier l'éventreur.



et La Commune est en lutte qui achève le film sur une évocation des conflits ouvriers qui émaillèrent cette drôle de fin de siècle. Exécutée par Isabelle Huppert (Rose dans le film).




mardi 2 janvier 2018

Janvier et le temps qu'il fait

It's a hard rain that has fallen (New Orleans 2005)
Quand on n'a rien à se raconter, on parle de la pluie et du beau temps. Il paraît que l'abject personnage qui joue au con à Washington confond climat et météo. Et on n'aura plus d'eau d'arrosage car il n'a pas plu à la bonne saison. Que le nucléaire nous sauverait du réchauffement. Ben tiens... Que les tempêtes vont se multiplier, voyez l'Iran. Promis, je ne fous plus un pied dehors sans un ciré, etc.
Au vu du temps squatté par le temps qu'il fait, à venir et malgré les pressions atmosphériques, l'Herbe Tendre du 8 janvier (ben oui, vous ne pensiez tout de même pas que...) s'attaquera donc à ce sujet fourre-tout.
Rencard à 17h30 sur le 92.2 de Canal Sud.
Pour patienter, quelques considérations météorologique d'un pas encore nobélisé en 1963.