dimanche 31 décembre 2017

Dimey conclue l'année

Qui de plus indiqué que Bernard Dimey pour clore une année déplorable ?
Pour ne rien vous cacher, on se sent assez en accord avec l'humeur manifestée dans ce Quand on n'a rien à dire.
C'est posé par-dessus l'air de Flambée montalbanaise de Marcel Azzola.



(...) Quand on n'a rien à dire, on parle du Mexique. De l'Amérique du Nord où tous les gens sont fous. Du Pape et du tiercé, des anti-alcooliques. Du cancer des fumeurs ou des machines à sous.
Des soldats, des curés, d' la musique militaire. De la soupe à l'oignon, de l'île de la Cité. Quand on n'a rien à dire et du mal à se taire, on arrive au sommet de l'imbécilité.

jeudi 28 décembre 2017

Marcel Martel : c'est Noël, nom de diou !

Marcel Martel
Pour finir l'année, le camarade Eliott nous a exhumé cette curiosité de 1958.
Marcel Martel (Né et mort à Drummondville, Québec, 1925-1999) fut un auteur-compositeur et interprète de chanson country western québécois qui sévit des années 1940 à 1980.
Issu d'un milieu modeste, il grimpa sur scène à 12 ans en jouant du violon, de l'accordéon et de la guitare avec son père. Dès l’adolescence, il composa ses propres chansons et forma le trio les Lone Rangers. Musicien, animateur radio, il est considéré comme l'un des pionniers de la musique country au Québec. C'est le père de la chanteuse Renée Martel, qui a repris quelques-unes de ses compositions. Sa vie aura également été marquée par une tuberculose qui finira par avoir sa peau.
Un rock du Père Noël



Sa chanson la plus connue, Un coin du ciel, dont les accords nous rappellent vaguement le corrido mexicain Cancion mixteca, écrite après un de ses interminables séjours en hôpital.


lundi 25 décembre 2017

Jazz et gangsters, le mariage idéal ?


Un livre surprenant. Quatrième de couverture :
Que seraient devenus Duke Ellington, Louis Armstrong, Earl Hines ou King Oliver sans les gangsters qui les employaient ? Ces mobsters et ces racketeers, souvent juifs ou siciliens, n’étaient pas aveuglés par les préjugés racistes qui empêchaient l’establishment blanc d’apprécier et de soutenir les musiciens noirs. Dans les clubs qui proliférèrent pendant la Prohibition, ils assurèrent la sécurité de l’emploi nécessaire à la constitution d’orchestres stables et à la maturation d’un style. Et ce sont les politiciens conservateurs qui, en faisant de la Mafia leur bouc émissaire, ont mis fin à l’âge d’or du jazz.
À l’appui de cette thèse étonnante, Le Jazz et les gangsters propose une enquête et une documentation exceptionnelles, une peinture réaliste de la vie des premiers musiciens de jazz et du milieu de la pègre à la Nouvelle-Orléans, à Chicago, New York et Kansas City. Ronald L. Morris lève ainsi le voile sur un pan méconnu de l’histoire de la culture populaire. Les gangsters, conclut-il, se sont comportés avec les jazzmen comme les grands mécènes de la Renaissance : « Il n’y eut peut-être jamais, dans toute l’histoire de l’art, d’association plus ­heureuse. »


Ella Fitzgerald (1949)
On a un peu de mal à se représenter les crapules que furent Lucky Luciano, Al Capone ou Meyer Lansky en "Laurent le Magnifique ", en mécènes éclairés de la Renaissance. Encore qu'au niveau de l'utilisation des poisons et autres moyens de se débarrasser de leurs contemporains, on doit trouver quelques points communs.
Ceci posé, l'auteur brosse un tableau déplorable des tripots d'avant le jazz, assommoirs dégueulasses, où la violence et le racisme régnaient en maîtres. Les Noirs avaient des juke joints où, vu les projectiles, les musiciens jouent souvent derrière un grillage. L'histoire du jazz débutant à la Nouvelle Orléans, les diverses mafias feront du quartier Storyville, the place to be, prenant les musiciens sous leur aile. Suite au grand ménage de 1917, mené par la police, tout ce beau monde montera vers Chicago. Petit à petit les gangs juifs et italiens vont tenir 90% des clubs de la côte Est. Et comme ça représente une belle source de revenus, ces boîtes vont devenir de splendides lieux de fête et de création musicale. Posséder un club fut surtout une façon de cacher d’autres activités (jeu, alcool de contrebande, stupéfiants), de rencontrer des gens influents (pour les piéger ou les corrompre), d'étaler sa richesse, son statut social et de séduire les femmes.
Fameux mécènes

Les collaborations entre mafieux et musiciens se sont plutôt bien passées à conditions de respecter certaines règles de base. Les gangsters attendaient de leurs employés qu’ils soient loyaux, travailleurs, élégants, discrets et qu’ils ne se mêlassent pas de leurs affaires. Bien entendu, il y aura pas mal d'accrochages, l'auteur en narre quelques-uns et pas mal de musiciens, y compris des légendes d'époque, n'hésitaient pas à se trimballer un flingue.
La crise de 1929 sonnera le glas de cette fête. Les clubs coulent, les jazzmen retrouvent la dèche et des guerres de gangs vont achever le tableau. Rajoutons que les politicards n'hésiteront pas à utiliser les arguments les plus racistes ou prêcher le retour l'ordre moral pour nettoyer cette racaille.
Bien entendu les mafieux les plus sérieux feront carrière avec ces mêmes politiciens.
C'est assez passionnant, même si on reste parfois sceptique devant ce "bon vieil âge d'or".
Où on y retrouve, entre autres, le "Duke" (ici dans le train A en 1939) :


Et aussi le "Fats"




vendredi 22 décembre 2017

En hommage à Bruxelles

Un clin d’œil à une ville qu'on aime bien et qui, a elle aussi, pas mal morflé ces derniers temps.
Cette comptine en forme de légende urbaine est prétexte une salutation aux camarades de Bruxelles et de ses environs. Gezondheid !
Et le Maneken Pis par Loic Lantoine...


mardi 19 décembre 2017

Parenthèse d'actualité : Welcome in Vienna

With a little help from my friend (1938)
Trois fois de notable rien ces jours-ci.
Juste Sebastian Kurz (ÖVP, Parti populaire, indécrottables réacs) et Heinz-Christian Strache, (FPÖ, Parti de la liberté, fascistes identitaires) formant un gouvernement en Autriche. Juste une bande de nazillons relookés, enfin, plus ou moins, raflant les ministères de l'intérieur, de l'armée et des affaires étrangères. Et des Sports, la force ne vient-elle pas dans la joie ? Et annonçant le rétablissement probable de la journée de 12 heures. Et la chasse aux réfugiés. Et d'autres joyeusetés encore.
Alors, plutôt que d'aller simplement dégueuler et comme on n'a pas de chanson autrichienne pour manifester notre mauvaise humeur, on se repassera avec bonheur la splendide trilogie d'Axel Corti Welcome in Vienna (1982-1986).
Précisons que le premier extrait se passe en 1938, le second en fin 1944.
On comprendra mieux pourquoi les Autrichiens les plus sympathiques ont toujours voué quelque exécration à leur chère patrie.



dimanche 17 décembre 2017

De la chute du roi à la propagande par le fait

Ortograff pas encore normalisé
On profite de l'envoi de ce joli document par l'ami Michel, du cerveau duquel naquit l'idée de notre émission radio, pour fouiner du côté de la chanson la plus célèbre de la Révolution (après la Marseillaise).

Si Il pleut bergère fut le refrain le plus chanté du début du grand chambardement, La Carmagnole devint, après août 1792, l'hymne des sans-culottes.
Ce refrain serait né le 10 août, jour de la chute des Tuileries et de ce fait, de la monarchie.
Même si une carmagnola est un rengaine piémontaise, Grétry fait remonter son origine à un air marseillais. Encore un apport des volontaires phocéens montés à la capitale qui participèrent activement à l'assaut des Tuileries ?
Pour sa part, Claude Duneton avance que si l'auteur est resté anonyme, c'est avant tout pour des raisons de sécurité. Il penche toutefois pour Mme Roland, qui nourrissait une haine toute particulière vis à vis de Marie-Antoinette et finit guillotinée en novembre 1793, en compagnie d'une charrette de Girondins.
Les envolées lyriques de Barrère claironnant les victoires républicaines à la tribune de la Convention furent également qualifiées de carmagnoles.
En voici une version de Milva enregistrée pour le disque Freedom songs (1965)


La fiche wiki de la chanson recense plusieurs intéressantes variantes. Ainsi, une carmagnole de Fouquier-Tinville thermidorienne (Fouquier-Tinville avait promis De guillotiner tout Paris. Mais il en a menti, Car il est raccourci.) une carmagnole du Parti ouvrier par Eugène Pottier, une autre de la Commune de Paris (Vive la commune de Paris, Ses mitrailleuses et ses fusils. La Commune battue Ne s’avoue pas vaincue. Elle aura sa revanche Vive le son, Vive le son...), une Carmagnole des corbeaux de Jules Jouy.
On aime particulièrement une version écrite par Sébastien Faure en 1893 en hommage à François Koënigstein alias Ravachol. On en avait causé là.



La Carmagnole redeviendra populaire lors des grandes grèves du Creusot en 1900,  celle des postiers en 1909 et même celle des employés de banque en 1957. Il y a eu une variante bolchévik pour fêter la révolution de 1917.


jeudi 14 décembre 2017

Stella et ses deux vies



Stella Zelcer est née en 1950 à Paris. Elle a enregistré son premier disque à 13 ans.
En tout, elle en a commis une quinzaine, entre maxis et LP entre 1963 et 1968. Un de ses album est même sorti aux USA. 
Ses 44 chansons ont été enregistrées et écrites son jeune oncle Maurice Chorenslup, sur le cas duquel on reviendra à l'occasion.
  Donnant un peu d'air frais décalé dans la niaiserie "yé-yé" de l'époque, elle parvient à placer quelques titres dans les hit parades.

 Mais, dixit elle-même, cette vie facile et superficielle de chanteuse à succès n'était pas conforme à celle de musicienne qu'elle imaginait. Elle met donc volontairement un terme à sa carrière solo en 1968 (comme par hasard). Elle a alors 17 ans. 

 

 Et entame une deuxième carrière : elle chante, joue du piano de la guitare et de
la flûte dans divers groupes.
En 1969, elle rencontre puis unit sa destinée à celle de Christian VANDER, leader provocateur et ambigu du groupe MAGMA en cours de formation. Stella ZELCER est devenue Stella VANDER et œuvre dans l'ombre du groupe en s'occupant notamment...  des éclairages avant d'en devenir choriste permanente en 1972. Dès lors, il y aura toujours des chœurs féminins dans MAGMA.
 Ayant toujours trouvé ce groupe un peu emphatique, on vous le passe dans un extrait du film de Jean Yanne "Moi y'en a vouloir des sous" avec un Caussimon jubilant d'y jouer à l'évêque depuis "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil".



lundi 11 décembre 2017

Quand Nicoletta s'essayait à... du Screamin' Jay !

Après une enfance passée chez les Indiens Blackfeet, Jalacy Hawkins (1929 - 2000), universellement connu comme "Jay le braillard", tenta d'abord sa chance sur les rings de boxe, comme guitariste de jazz, puis en chanteur fantaisiste dans les cabarets à soldats. En 1956, outre adopter une tenue loufoque entre vampire et cannibale, il révolutionne le blues en y collant un rythme de valse à trois temps et vitupère son I put a spell on you.
Même censuré en radio, le titre lui assure une belle renommée à l'étranger. Il sera ensuite repris par Nina Simone, Creedence Clearwater Revival, The Animals, Them, Buddy Guy, Brian Ferry, Natacha Atlas, Joe Cocker, Nick Cave, Marilyn Manson, Iggy Pop, etc, etc...
Ce qui donne à penser que le lascar savait parfaitement faire swinguer les droits d'auteur.   


Mais une des reprises les plus inattendues est peut-être cette adaptation en français, chantée par Nicole Grisoni, alias Nicoletta, en 1967. En ces années, la dame s'essayait au blues et au gospel et ce grand séducteur de Guy Marchand  lui avait mitonné ce Ça devait arriver qui n'a pas dû gonfler démesurément le portefeuille de notre Hawkins farceur.
On ne peut que déplorer de n'avoir pas eu la même jouée par le furieux Hector, digne variante locale du gueulard originel.


Pour se remettre de l'orgue, notre Sreamin' Jay au grand écran : cette séquence est tirée de Rage in Harlem, médiocre adaptation de la Reine des pommes du divin Chester Himes.

vendredi 8 décembre 2017

Mac Orlan nous mène en bâteau



Le 15 décembre 1948 l'émission de Maurice Séveno, "Les quais des brumes" amenait les auditeurs sur les canaux de Paris à Rotterdam et Londres. En outre, il évoquait les chansons de bistrots et de mariniers. Vu le titre du programme, il se voyait obligé de prendre brièvement à son bord et au passage, un Pierre Mac Orlan, bien entendu, bavard à souhait.
C'était le temps ou un reporter "embarqué" ne se traduisait pas stupidement par "embedded". Et où ça beuglait dans les rades.
Ça a été rediffusé le 18 novembre dernier.



En supp', une rengaine de Roda-Gil et Mort Shuman chantée par Marc Robine


mardi 5 décembre 2017

En décembre, la bosse du commerce

Commerce équitable 1941


Hier soir, nous vous avons donc refourgué à vil prix
Job Lagadec                  T'as plein d'argent, t'es commerçant
Boris Vian                      Le petit commerce
Christine Sèvres            Dans les grands magasins
Jean Ferrat                    Prisunic
Adrienne Pauly              La fille du Prisunic
Les Matchboxxx            Fauché comme toi
Gilbert Bécaud              L'orange du marchand
Juliette                           Les petits métiers
Les Voleurs de poules   L'épicier
Bourvil                          Les crayons
Jacques Pills                 Marché rose
Georgius                       Monsieur Bébert
Expression D                Dealer pour survivre
Énigme
Java                              La boulangère
La Bolduc                     Oui, on en a des légumes
Danialou Sagbohan     Commerce triangulaire
Jacques Debronckart   Le klepto

On peut donc charger, écouter jusqu'à plus soif à cette adresse.
Le temps d'écoute sera autant de consacré à ne pas acheter quoi que ce soit.

Et on s'excuse auprès de Mme Bolduc qui vient bien de Gaspésie et pas d'ailleurs. Émotion, quand tu nous tiens !
En sus (merci François), le groupe Odeurs en rajoute sur les grandes surfaces. Et ça a plus de trente ans. Comme la musique l'indique.





vendredi 1 décembre 2017

Le rock n roll? Déjà une musique de vieux ruraux.

Après Colette, Paulette

On a dans ces "pages", cité pas mal cité de rades, cabarets, goguettes, bistroquets ou assommoirs dédiés à la musique.

Lorrains, Lorraines, nous rendons aujourd'hui un bref hommage au bar Chez Paulette à Pagney-derrière-Barine (54200).
Le côté savoureux est qu'à l'âge de 12 ans, Paulette Melat fut déclarée inapte à tout travail intellectuel en raison d'une "faiblesse générale" par un toubib. Ce qui l'enverra charrier des cageots et fûts au bar paternel. 
Ledit paternel décédant en 1969, elle hérite du bistrot et, épaulée par son mari, un jeune amateur de zizique, ouvre son bar aux concerts. 
Et c'est parti : Triangle, Martin Circus, Ange, Variations. Et puis après, Little Bob, Alex Chilton, Dr Feelgood, Parabellum, Sepultura (si!) les Wampas... On arrête là. Non sans préciser que le bluesman texan Calvin Russel portait un tatouage à l'effigie de la patronne sur le bras.
Gag final : en 2013 et à 90 berges, la Paulette est décorée "chevalier des arts et des lettres" pour "sa vie, son œuvre".
Le troquet, rebaptisé Paulette pub rock a été successivement repris par sa fille, Claudine, puis son petit-fils, Julien. Ce petit sujet, passé à la télé régionale en 1986, nous donne l'occasion de retrouver les Dogs, groupe mythe de Rouen.
Et, entre nous, 50 balles, c'était tout de même pas donné.