samedi 30 septembre 2017

Francis Lemarque aux tranchées, Papa Schultz aussi.

Lagny est un petit village de l'Oise de moins de 600 habitants situé au milieu d'un triangle Compiègne-Saint Quentin-Amiens qui est resté occupé par les troupes allemandes de 1914 à 1918.

Si cette commune est passée à la postérité, ce n'est pas tant à cause des cinq otages civils qui y ont été fusillés mais par une chanson qui fit partie du répertoire classique de la guerre des tranchées.

Elle est ici chantée par Francis Lemarque sur l'air de « Sous les ponts de Paris » de Jean Rodor et Vincent Scotto qui fit un tabac en ces années là.

Texte et musique auraient été retrouvés sur le cahier d'un soldat de la Vienne avec cette annotation : " Cette chanson a été composée quand nous étions dans les tranchées de Lagny par un soldat du 69ème. Je ne sais pas son nom ni sa compagnie."
Une fois encore, il est évident que les auteurs de ce type de rengaines souhaitaient garder un salutaire anonymat.

 

En contrepoint, la chute dans la "modernité" sera ce morceau de Parabellum tiré de leur premier 33 tour (1985) tout simplement intitulé, Papa, c'était du temps où le Géant Vert était, pour notre joie, parolier. 

 


mercredi 27 septembre 2017

Medfef Inna Babylon rend hommage à nos chers disparus


Un amical salut à quatre barjots déguisés en résidents de Guantanamo avec qu'on a eu le plaisir et l'honneur de cotoyer sur quelques scènes de la région toulousaine et qui se font désormais trop rares. Bubu (chant, harmonica, flûte traversière, cornemuse, gaïta, et à peu près tout ce dans quoi on souffle, ou presque) Momo (basse), Jul (guitare) et Yf (batterie) sont originellement issus d'un groupe nommé les Dead Balladurs. Mais en 1998, l'arrivée de inénarrable Ernest-Antoine, qui changea le nom du CNPF en Medef, leur fit adopter le patronyme qui les rendra si populaires au sud de la Garonne.
Bubu, l'homme des vents

Ils donnent jour, au passage, à un style que, faute de mieux, nous nommerons punk hard-core à vent, ponctué, en live, des cabrioles du Bubu bondissant.
Les titres de leurs quatre albums est à lui seul un poème : Entreprenarial Vibrations (2001), Timeo patronat et dona ferentes (2003), Requiem pour un baron (2005) et Metaphysical punk (2009).
Rock et lutte des classes, on lâche les grands mots.
Trois fois hélas, le combo de furieux, lassé de se répéter ne se réunit plus que pour quelques concerts de soutiens. Donc, si vous avez un pote qui a besoin de cantiner, n'hésitez pas à les reformer. On fait suivre.
En souvenir d'eux, l'hommage à l'ex-maire de la capitale qui aujourd'hui a chuté dans la clandestinité. Mais où qu'il est donc passé, çui-là ?

dimanche 24 septembre 2017

Révolutions d'octobre

1936, révolution bousillée


Ceci n'est pas un hommage au coup d'État qui ébranla la face du monde pour une centaine d'années. À force de tourner autour du pot, voici est un retour sur quelques chansons qui accompagnèrent, appelèrent, pleurèrent les bouleversements de l'histoire et une des plus belles aspirations humaine : la Révolution.
Les chansons enragées seront à collecter le lundi 2 octobre à 17h30 sur le 92.2 de Radio Canal Sud (92.2fm) ou sur le site correspondant.

Pour se mettre en jambe, une version nerveuse et bordélique de cette bonne vieille Varsovienne. En allemand pour l'occasion.


Hymne qui fait remonter un souvenir d'il y a déjà un bail. Un soir que j'étais avec une copine, réfugiée espagnole plus âgée que moi, à regarder le Docteur Jivago de David Lean à la télévision, voilà-t-il pas qu'au moment de la manifestation de rue de 1905 ma camarade grommelle : "Qu'est ce qui leur prend, au russkofs, de jouer A las barricadas ?" . S'ensuivit une patiente explication pour tenter de démontrer que c'était pas la CéNéTé qui avait inventé La Varsovienne. Même que Varsovie, c'est pas dans la péninsule ibérique, d'ailleurs. Je pense qu'en ce qui concerne la paternité de cette chanson, elle ne m'a jamais vraiment cru. Jusqu'à son dernier jour.

1917, révolution confisquée

jeudi 21 septembre 2017

Histoire de fantôme espagnol : l'astronaute a encore frappé


Mis à part les velléités de séparatisme catalan accompagnées de la stupidité habituelle du gouvernement de Madrid ou les tristes actes d'illuminés sanglants, un fantôme hante l’Espagne, celui de l’amiral Carrero Blanco.
Au nom d’une récente loi « en faveur des victimes du terrorisme », des procureurs de sa majesté ont requis deux ans et demi de prison ferme contre une étudiante de 21 ans, Casandra, ou un an ferme pour un rappeur, César Montaña pour « apologie de terrorisme » suite à quelques tweets moqueurs à l’encontre de ce magnifique militaire. 

Pour les nés après 1973, rappelons que cet homme était à la fois le bras droit et le dauphin du général Francisco Franco, qui en était alors à sa trente quatrième année de dictature sanguinaire.
Non content de se vanter de « fusiller la moitié de l’Espagne », Franco, avait éliminé avec plus ou moins de finesse ou de brutalité tous ses concurrents éventuels au poste de chef suprême avant de jeter son dévolu sur l’amiral.
Maîtrisant l’équilibre entre les différentes factions de la dictature (Phalange, Opus Dei, JONS, monarchistes carlistes) Carrero, surnommé « l’Ogre », était chargé de perpétuer l’œuvre du Caudillo en prolongeant le régime tout en le modernisant.
La carrière de cet aimable individu s’arrêta le 20 décembre 1973, dans la rue Claudio Coello à Madrid, lorsqu’un commando d’ETA fit exploser une bombe placée sous la chaussée qui projeta sa voiture à plus de 30 mètres et la fit atterrir sur une terrasse voisine. L'organisation avait originellement pour projet d’enlever l’amiral dans l’église dans laquelle il se rendait prier chaque matin à heure fixe (grossière erreur) mais des considérations techniques et la présence de nombreux civils ont finalement fait pencher le commando pour un attentat à la bombe.
C’était le coup mortel porté au régime gâteux et la voie ouverte à une modernisation capitaliste de l’Espagne via le retour du roi et à la « transition (appelée aussi « transaction ») démocratique ».
L’action du groupe dirigé par Argala eut aussitôt un retentissement international et fut généralement fort arrosée. Carrero fut rebaptisé « premier astronaute espagnol » ou « champion du monde de saut en hauteur ». Les taxis madrilènes devant se rendre rue Coello demandaient ironiquement « à quelle hauteur de la rue ? ». De l’autre côté des Pyrénées, les fêtes populaires donnaient lieu à des festivals de saut aux cris de « Et hop ! Plus haut que Carrero !» ou à des refrains comme « Moi, je m’en fous, je suis de Cambo, j’ai fait sauter Carrero Blanco, si un jour je monte à Paris, je ferai bien sauter Valéry ». Côté espagnol, plusieurs chansons fleurirent comme « Carreo volo » de Falín Galán ou « España toda a una ».


Citons égalemant celle du groupe Soak :  
Carrero Blanco, minitro naval tenia un sueño, volar y volar, hasta que un dia ETA militar hizo su sueño una gran realidad.
(Carrero Blanco, ministre naval, rêvait de voler, voler, jusqu'à ce qu'un jour ETA militaire change ce rêve en remarquable réalité).



Instrument de propagande par excellence du XXème siècle, le cinéma s’en est aussi mêlé.
En 1979, le cinéaste communiste italien Gillo Pontecorvo réalise « Opération Ogre » à la gloire du groupe ayant effectué le tyrannicide. Notons au passage qu’il fallait oser braver le ridicule pour représenter Gian Maria Volonte et Nicole Garcia en combattants basques (voir scène de la rencontre avec la gamine dans un bar) !


Ce film était tellement considéré comme « naturel » à l’époque que la deuxième chaîne de télévision française l’a programmé à 20h30 en 1980. Il est depuis retourné dans les tiroirs pour cause d’apologie d’une action armée.

Cet attentat ciblé a donc joui d’une popularité sans égale dans le pays, donnant lieu à une véritable légende et toute une contre-culture. On croit donc rêver que quarante ans plus tard, au nom de l'hystérie anti ETA la justice espagnole en soit à interdire l’humour.
Tout est donc toujours à recommencer, y compris certains tunnels.



PS : On rappelle en passant que la municipalité de Madrid remet encore et toujours la plaque commémorative de la rue Coello en l’honneur de Carrero, régulièrement vandalisée, et que le monument franquiste par excellence, le « Valle de los caidos » attend toujours ses démolisseurs.

lundi 18 septembre 2017

Fabrizio de Andrè, Brassens en Italien et beaucoup plus

Et bonne gueule avec ça (années 60)
Génois d'origine, Fabrizio de Andrè (1940-199), Faber pour les intimes, fut un de ces auteurs, compositeurs, interprètes des plus attachants de l'Italie des années 50 à 90 du siècle passé. Aujourd'hui publié dans les anthologies poétiques transalpines, cet inclassable a avant tout chanté les exclus et marginaux, putains, voleurs, soldats, amoureux ou amis désespérés. Il a aussi mis en valeur les dialectes génois, sarde ou napolitain tout en intégrant les éléments régionaux à sa musique, ainsi que du rock ou du folk dans sa tendance anglo-saxonne.
Bien entendu, un site assez richement doté conserve sa mémoire. 
Autre particularité et prétexte à sa présence ici, il a lui-même traduit et adapté bon nombre de chansons de Brassens pour lequel il confessait une admiration certaine.

Par exemple, Le passanti, de l'album Canzoni (1974) texte d'Antoine Pol, d'abord exhumé par Brassens dans un marché aux puces, qu'il mettra une quinzaine d'années à mettre en musique après avoir laissé traîner longtemps l'opus du poète inconnu dans sa bibliothèque. 


Pour partager son talent, on avait déjà ressorti cette ode à l'artisanat. Une autre de nos préférées est Don Raffaè, savoureux et ironique monologue autour, d'une tasse d'excellent café, de Pasquale Cafiero, maton brigadier, au sujet de son client, l'exquis Don Raffaè, capo d'une organisation criminelle organisée. Mafia ? Camorra ? 'Ndrangheta ? Notre connaissance très limitée de l'italien ne l'a pas déterminé mais on ne doute pas qu'aux oreilles de n'importe quel auditeur transalpin, les expressions vernaculaires donnent la clé. Et finalement, l'adresse Pioggioreale 53, une des prisons de Naples, constitue plus qu'un indice.


jeudi 14 septembre 2017

La fausse disparition de Bob

Monsieur Bob en pleine activité
Comme auraient dit certains ancêtres, on devient terriblement résègue à déplorer et redéplorer la métamorphose de nos villes en zones piétonnes destinées au commerce de produits stupides, en cartes postales d'un musée consacré à la vulgarité ou en pensions temporaires pour touristes fortunés.
Et qu'on ne vienne pas nous sortir que ce genre de râlerie existant depuis Villon ou Louis Chevalier, nous ne serions juste que des ringards passéistes crasseux. D'abord, au vu de la modernité on voit pas où serait le problème, ensuite on ne peut que constater l'expulsion des classes populaires au plus loin des centre-villes, phénomène qui a pris toute son ampleur ces dernières trente ou quarante années.  
Amoureux du vieux Paris (comme du vieux Limoges, Toulouse, Nancy, etc.) on reste plongés dans la nostalgie du temps où les classes laborieuses ou dangereuses hantaient le ruban et où la langue verte le disputait aux néologismes locaux.
Côté Paname, outre le Chevalier, cité plus haut, on a toujours aimé traînailler dans les écrits de Jacques Yonnet (Rue des maléfices), Jean-Paul Clébert (Paris insolite) et, bien entendu Robert Giraud (Le vin des rues), monsieur Bob lui-même souvent mentionné dans ce blog.

Débutant sa carrière en résistance limousine, monté à Pantruche en 1944, dilettante forcené, flâneur émérite, érudit d'argot, amateur de jaja et de rencontres (certains de ses amis se nomment Albert Vidalie, les frères Prévert, Maximilien Vox, Fréhel, Alain Jessua ou Morelli) Bob (1921-1997) devint un des plus fins connaisseurs et chroniqueurs de la capitale d'après-guerre. Sans forcer le trait, car malgré une dèche récurrente, le Robert était un fainéant lumineux qui recyclait ses écrits sans la moindre honte. Voilà un homme qui n'a jamais été salarié sans avoir touché la moindre rente ou héritage.
Et un blog, celui d'Olivier Bailly, Le copain de Doisneau, prolonge ces mêmes bouquins en étant  un centre d'archive permanent à la portée de touzetoutes.
Or, il y a peu, nous avons d'abord constaté la disparition du lien vers cette œuvre recommandable de la colonne de droite de ce site.
Puis on s'est retrouvés face à l'absence de l'objet des moteurs de recherches, toute tentative menant à une annonce lapidaire : ce site a été archivé ou suspendu.
Alors ? Envolé le blogue ?
Pas tant que ça. Tel est l'objet de cet article destiné aux curieux, il reste un moyen d'accéder à cette mine dédiée au Paris de jadis en allant à ce lien : http://web.archive.org/web/20120505023912/http://robertgiraud.blog.lemonde.fr/

Bonne promenade dans le turbin de Bailly, c'était notre annonce de service public.
Pour arroser ça, on se remet la copine Fréhel dans À la dérive


lundi 11 septembre 2017

Morelli toujours


La chanteuse Monique Morelli s'est éteinte mardi à Paris, à l'âge de soixante-neuf ans. Sa vie, c'est tout un poème, ou plutôt une longue suite de poèmes. Elle a chanté Aragon, Ronsard, Villon, Pierre Seghers, Carco, Verlaine, Luc Bérimont, Mac Orlan... Elle avait une voix d'entrailles, identifiable dès les premiers accents. Héritière des «goualeuses» sublimes (Lys Gauty, Fréhel, Damia ou Piaf) elle s'était mise à personnifier Montmartre, étant pourtant née à Béthune (Pas-de-Calais) dans une famille de fonctionnaires qui la destinait à la pharmacie! Ce n'était pas son fort. Successivement virée de quatorze établissements scolaires, elle vint à Paris pour vivre sa passion poétique. En 1969, elle passait en première partie de Brassens à Bobino. Sa belle présence tragique et populaire s'efface. Restera la voix, comme le témoignage ineffaçable d'un riche tempérament et d'une bonté native.

L'Humanité, 28 avril 1993 

 Les Quatre saisons (Mac Orlan)

Agathe Fallet se souvient de ces ambiances d'hommes dans les bistrots : "Quant il y avait des femmes, c'étaient des folles ! Elles résistaient. (...) Il fallait faire partie du groupe." Il fallait le tempérament d'une Monique Morelli (qui avait débuté, il est vrai, comme dompteuse chez les Fratellini ) ou d'une Youki Desnos, des caractères bien trempés, pour se mélanger sans se dissoudre dans cette compagnie de mâles qui se représentaient les femmes d'une manière bien conventionnelle.
Olivier Bailly. Monsieur Bob. 2009 

 
Le renégat (Tristan Corbière)
  

vendredi 8 septembre 2017

Tailhade, un anarchiste de la chanson paillarde ?



Poète et pamphlétaire libertaire issu de la meilleure société, ami de Verlaine et d'Aristide Bruant, Laurent Tailhade est surtout resté dans les mémoires pour avoir perdu un œil dans un attentat commis par un autre anarchiste, celui de la bombe déposée (par Félix Fénéon ?) au restaurant Foyot. On était alors en pleine instruction de l'affaire Émile Henry, auteur, entre autre, de l'explosion de la rue des Bons-enfants, hécatombe de policiers qui fut popularisée par la chanson faussement attribuée à Raymond Callemin.
Ironie de l'histoire Tailhade s'était fait un renom pour avoir ainsi commenté l'attentat d'Augute Vaillant au palais Bourbon (1893) par la fameuse formule "Qu'importe de vagues humanités pour vu que le geste soit beau" !
Devenu œuf cassé de l'omelette, le poète ne garda aucune rancœur à l'individu responsable de l'attaque du restaurant Foyot. Il avait d'ailleurs récolté moult blessures au cours de la trentaine de duels menés contre ses adversaires, parmi lesquels Maurice Barrès.
Autre curiosité de sa renommée, on lui attribue, selon les versions, l'ensemble ou quelques couplets de la célébrissime chanson paillarde Les filles de Camaret.
Marié par sa famille à une bonne bourgeoise, Tailhade passait la belle saison à Camaret, occupant une chambre d'hôtel à trois, avec son épouse et un ami. La population avait donc créé une chanson ciblant la Dame. De son côté Tailhade traitait sans nuance les Bretons à la fois d'ivrognes et de grenouilles de bénitier.
Le 15 août 1903, il perturbe la procession locale en y déversant, depuis sa piaule, le contenu d'un pot de chambre. Notre libertaire provoque ainsi une émeute et seule l'arrivée des gendarmes l'empêche de finir balancé dans le port !
Talihade se serait donc vengé des Camaretois et de leur curé, Le Bras*, en créant ces quelques couplets qui rendront le petit port immortel dans les noces et banquets.

Toutefois, si on se réfère à un site fort documenté, celui de Xavier Hubaut consacré à la chanson paillarde, cette rengaine existait depuis belle lurette, elle daterait au moins de 1649.
La mélodie est, en mode mineur, une version du timbre de nombreuses chansons populaires.
Sa structure est fort simple : il s'agit de 4 vers de 7 pieds ; les deux premiers pouvant, ou pas, être bissés. Elle se termine par un vers de 3 syllabes répété 3 fois.
Dès 1649, on trouve dans le Chansonnier de Maurepas, des chansons construites sur ce modèle nommées Les rideaux de notre lit, (un couplet des Filles... commence ainsi) ou Jardinier, que vois-tu là ? ou bien encore du fort repris Air des Fraises. 
Dans le Manuscrit de Dallichamps (1713), est ajoutée une partition musicale et l'annotation de ce couplet :
Mon mary s'en est allé
À Vienne en Autriche
Il me défend de baiser
Moi qui ne m'en puis passer
Je triche (ter).
En 1726, on tombe dans Recueil de chansons sur différents sujets un complément :
Et le mien s'en est allé
À Châlons en Champagne,
Il m'a laissé sans argent,
Mais à mon contentement
J'en gagne (ter).

Les ajouts ou variantes de couplets se sont rajoutés régulièrement. Alexandre Dumas fait même allusion à cette bluette dans un article de 1854. 
Il semblerait donc que Laurent Tailhade se soit, au mieux, contenté d'adapter quelques couplets rancuniers visant spécifiquement les indigènes de la presqu'île de Crozon.
Une version de Pierre Perret pour conclure.

 

 * qui, dixit Tailhade, "mendie à domicile et quête en personne chez tous les baigneurs, accompagné d'une cinquantaine d'ivrognes qui stationnent devant les hôtels suspectés d'abriter des Parisiens".

mardi 5 septembre 2017

En septembre, on décolonise

Riches heures de la colonisation (Diên Biên Phu, 1954)

Et c'est parti pour une heure trente de paysages lointains, de marsouins dépenaillés, de pistes chaotiques et d'instituteurs venant apporter les lumières à des gosses mal nourris, avec quelques mauvais esprits en prime.
L'exotisme du soir :
Bernard Meulien                    La Marseillaise des requins
De chez l'ogre                         Loup y es-tu ?
Lina Margy                             Sous le soleil du Maroc
Josephine Baker                      La petite Tonkinoise
Rosalie Dubois                        Han coolie !
LKDS                                       Dékolonisation
Granmoun Lélé                       Misié Koloni
Sacha Distel                            Mamadou
La Rumeur                              Premier matin de novembre
Thierry Freedom                     Nous sommes tous des fedayins
Nuclear Device                       Ouvéa
Grand Kalé                             Indépendance Cha cha
Raoul Petite                            Mamadou m'a dit
Raymond Lévesque                Bozo les culottes
Chjani Aghjalesi                     Catena

Cette haute œuvre de civilisation s'écoute ou se charge en cliquant ici.
La maison, ne reculant devant aucun sacrifice, vous offre une deuxième tournée de Bernard Meulien / Gaston Couté.

 

Et une idée de Wroblewski


Affiche de la contre exposition coloniale de 1931



samedi 2 septembre 2017

Des chansons d'Albertine Sarrazin

Une belle personne

Fille de l'Assistance publique, agressée à dix ans par un oncle, Albertine Damien est envoyée en maison de correction dès sa quinzième année par son militaire de père adoptif.
À sa sortie, en 1953, elle entame sa carrière de délinquante entre vols, prostitution et un braquage qui lui vaudra une condamnation à sept ans ferme, occase pour sa merveilleuse famille de révoquer son adoption.
Elle s'évade en 1957 en se brisant l'Astragale (os articulant le pied et le tibia) suite à un saut du haut d'un mur de dix mètres.
Blessée, elle est recueillie par un petit voyou, Julien Sarrazin, avec qui elle vivra un grand amour.
Arrêtés tous deux en septembre 1958, ils vont désormais vivre une vie faite d'aller-retours à l'hôtel des gros verrous. C'est donc en taule qu'elle écrit son premier roman L'Astragale publié chez Pauvert en 1965 qui connaîtra un immense succès et une adaptation cinématographique.
Albertine Sarrazin (elle s'est mariée en prison à Julien en 1959) publiera une douzaine d'ouvrages avant de mourir des œuvres de toubibs incompétents à pas tout à fait trente ans, en 1967.
Ce site lui rend hommage.
Albertine Sarrazin a également enregistré des disques de lectures ou d'entretien.
En 1969, Myriam Anissimov, comédienne et chanteuse franco-suisse, grave quelques-uns de ses poèmes écrits en prison. Deux galettes : un 45 tour (Polydor 66679) et un 33 tour (Polydor 658120) pour lequel elle recevra le grand prix de l'Académie Charles Cros.
Anissimov chantera ensuite du Patrick Modiano mais elle abandonnera son métier de chanteuse pour se consacrer à l'écriture.
Issu du 45 tour : Bien après minuit ( écrit à Fresnes en 1954-1955)

 

Et Dormir, tiré de l'album: