jeudi 13 juillet 2017

Le blues du soldat : grève aux armées

Vous verrez du pays, qu'ils disaient...
Pour le pouvoir, tout est comestible, digérable, puis déféquable.
Voilà-t-il pas qu'au 11 novembre 2016, un groupe de couillons est allé chanter la Chanson de Craonne devant un président de la république.
L'Histoire fait parfois de très mauvaises farces, une chanson maudite devenant ainsi quasiment élevée au rang d'hymne officieux.
Petit rappel historique : en avril 1917, le duo dynamique en charge des armées, le général Nivelle et son subordonnée Mangin, décident d'une offensive à grande échelle dans l'Aisne, pour "grignoter du boche". Le bataille dite du "Chemin des Dames" est censée briser l'armée allemande. Résultat de cette ruée foireuse dès l'origine et poursuivie en dépit du bon sens : 187 000 morts, autant de blessés en dix jours et le moral des combattants définitivement en berne.
Acier, sang, vermine, merde, alcool, éther et tirs "amis" de l'artillerie de son propre camp sont le quotidien des PCDF (Pauvres Cons Du Front) comme ils aiment à se nommer.

Résultat : 68 des 110 divisions françaises sont touchées de "mutineries" qui d'avril à septembre 1917 touchent d'abord la zone concernée avant de s'étendre de l'Oise à la Moselle, de toucher les gares de l'arrière et au cours desquelles des civils se joignent aux permissionnaires en colère. Elles vont du refus collectif de remonter en ligne, de menaces de marcher sur Paris à des émeutes pure et simple avec séquestrations d'officiers. Et comme le populo est bon enfant, aucun ne sera exécuté par les révoltés, contrairement à ce qui se pratiquait en Russie.
Face à cette grève, le pouvoir réagit assez finement en maniant carotte et bâton. Nivelle est limogé, remplacé par Pétain et l'état-major accorde permissions, rotation des troupes et amélioration de l'ordinaire d'une part, 257 condamnations à mort de l'autre. Au final, "seuls" 36 "mutins" seront exécutés. Même si ce mouvement a marqué l'imaginaire collectif, il a été moins meurtrier que le massacre accompli par les conseils de guerres de l'automne et hiver 1914.
Autre effet de cette offensive pourrie, elle a accouchée de cette chanson qui vole de tranchées en gares, immédiatement interdite.
Une jolie version de 2003 des Amis d'ta Femme (David Vincent, Frankoua Franké et Kraspek) de Nancy. Quatorze juillet oblige, une vidéo qui rappellera quelques souvenirs aux amateurs de Kubrick.



La Chanson de Craonne reprenait l'air de "Bonsoir m'amour" de Charles Sablon. Quiconque l'entonnait se voyait considéré comme mutin. On a même promis la démobilisation immédiate et un million de francs-or à qui dénoncerait les auteurs... toujours anonymes à ce jour!
La biffe a parfois de ces solidarités.

4 commentaires:

  1. Je reconnais en vous le kubrickien passionné jusqu'au mimétisme. Si en 1968 le réalisateur visionnaire envoie des couillus en direction de Jupiter en 2001, vous, en juillet 2017, vous envoyez des couillons en direction d'un "Jupiter" également (leur président) en novembre 2017. Indéniablement vous possédez, vous aussi, le shining !

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  2. C'est trop, c'est trop. Mais me voilà tombé dans un paradoxe spatio-temporel digne de "2001". Il fallait lire en novembre 2016.
    Le président d'alors n'était pas jupitérien mais détrempé et bien d'autres épithètes encore.
    Je rectifie donc.
    Merci pour l'erreur pointée.
    J.

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  3. Qui veut manger mon chibre ?

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