samedi 1 avril 2017

Du free jazz et de l'institution militaire


Contrairement à nos habitudes, voici un peu de free jazz déclamatoire.

Mobilisation Générale est une compilation de protest-jazz réunissant des titres plus ou moins oubliés et enregistrés entre 1970 et 1976 sortie chez les infatigables fouineurs de Born Bad Records.
C'était le temps où l'Art Ensemble of Chicago tournait en France et accompagnait Brigitte Fontaine sur Comme à la radio. On y retrouve aussi le duo Fontaine / Areski sur leur tube C'est normal. Les autres sont soit de vieilles connaissances, comme Archie Shepp, soit des plus obscurs : Michel Roques, Pharaoh Sanders, Alfred Panou, Béatrice Arnac...
Quinze ans avant l'anarcho-punk, on posait un tapis musical y pour balancer des textes allant d'une incontestable poésie à une pure lecture de tracts, inspirant au passage quelques-uns des groupes de rock les teigneux du moment (MC5, Rocket from the tomb..)
Il s'agit certes de free jazz mais ça annonce bien des genres qui ne seront populaires que bien plus tard, à commencer par l'afro beat qui ne deviendra rentable, pour les maisons de disque, qu'avec la diffusion de Fela Anikulapo Kuti.
Typiquement représentatif, Attention l'armée, joué et amélioré par le Collectif Le Temps des Cerises depuis 1969. Sur ce titre Kirjuhel (chant) Carlos Andreu (guitare), Jean-Jacques Avenel (contrebasse), Philippe Castellin (textes), Antoine Cuvelier (trombonne), Denis Levaillant et Christian Ville (percus), Robert Lucien (batterie), Jean Méreu (trompette), Super P4 (saxo). Atarpop 73 serait le nom des graphistes.

 

Ce titre aurait été enregistré par Jean-Pierre Turola en 1975. 
Entre 1969 et 1975, on était passé de l'hypothèse d'une intervention militaire en 1968 (suite à l'escapade de de Gaulle à Baden-Baden), à la lutte contre le camp militaire du Larzac (Hé toi, avec ton char qu'est ce que tu fous dans mon champ ?), aux comités de soldats, à l'essor des mouvements d'objecteurs et d'insoumis mais aussi au coup d'état au Chili ou à la révolution portugaise.  
Un temps où l'institution militaire ne faisait pas vraiment rêver. Elle n'aurait alors pas eu l'idée de s'afficher sur des publicités et, malgré ou à cause du service militaire obligatoire, elle se faisait plus discrète. L'idée de s'engager, pour un jeune au chômage se concrétisait plutôt en Angleterre où la conscription ayant été supprimée en 1960. Là-bas, certains pauvres partaient servir de chair à canon en Irlande du Nord.
Autre exemple de ce rejet, Mahjun avec "Nous ouvrirons les casernes". Encore raté, le ministère en est à les revendre aux collectivités locales...



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