mercredi 30 mars 2016

Une insurrections canadienne : Louis Riel

Louis Riel
En 1869, le territoire canadien n'est constitué que de la partie Est du pays actuel. Les autorités ayant négocié avec une compagnie privée, celle de la Baie d'Hudson, le rattachement de la Province de la Rivière Rouge, celle-ci va être le théâtre d'une rébellion armée menée par des métis francophones et des indigènes qui veulent garantir leurs droits à la terre (les arnaques cadastrales se multipliant) et à leur représentation, pris en tenaille qu'ils se retrouvent entre anglophones venus de l'Ontario et soldats canadiens. 
Louis Riel, instituteur pour le moins bilingue et ancien séminariste est nommé à la tête du Comité National Métis. Il s'empare d'une position militaire Fort Garry, sans coup férir puis forme un gouvernement provisoire dans lequel francophones et anglophones sont à part égale.

Après à une série de fausses promesses, le gouvernement finira par occuper la province (1870) rebaptisée Manitoba, sur proposition des métis.
Bête noire des ultras anglophones, Louis Riel, élu député, ne siégera jamais car il existe plusieurs ordres d'arrestation à son encontre sans qu'il ne bénéficie de l'immunité parlementaire. 
Exilé aux États-Unis, Riel réapparaît dans le Nord-Ouest du Canada, non sans avoir tenté une alliance avec les Indiens Lakota (plus connus comme Sioux) de Sitting Bull et en avoir réussi une autre avec les Crees et les Pieds-Noirs.

Vision raciste de la révolte par Cecil B. de Mille dans "les tuniques écarlates" (1940)
Sa période d'avant l'exil avait été marquée par  marquée par plusieurs dépressions et séjours dans les ancêtres de hôpitaux psychiatriques. Fragilisé, Riel revient en territoire canadien en prophète.
À l'instar de bon nombre de chefs de révoltes millénaristes*, il est persuadé d'être en communication directe avec Dieu. Ceci lui vaudra une rupture avec l'Église qui se révélera source de futures trahisons de la part de certains prêtres.

Suite aux promesses canadiennes bafouées à la Rivière Rouge, beaucoup de métis s'étaient installés dans le Nord-Ouest (futur Saskatchewan).  En 1884, famine et misère régnant, le territoire une fois de plus tombant aux mains des anglophones, se créé une "Union des colons" dont une des figures de proue est le chasseur Gabriel Dumont. L'Union va faire appel à Riel pour les représenter.
Le gouvernement se bornant à envoyer des troupes, la rupture est consommée.
Gabriel Dumont
Dumont, chef militaire, est partisan de la guérilla "à l'indienne", Louis Riel, guide spirituel, veut concentrer ses forces à Batoche rebaptisée "ville de Dieu"**. Simultanément, une révolte des  Indiens de Big Bear éclate sur le même territoire mais les rebelles n'ont pas compté avec le chemin de fer qui permet aux troupes d'occuper le terrain avec artillerie et mitrailleuses.
Après quelques escarmouches victorieuse, les rebelles se font tailler en pièce lors de la bataille de Batoche.
Riel, décide de se rendre, comptant sur un procès pour plaider la cause des métis et autochtones et sur le fait qu'il attirera la répression sur sa personne, les autres rebelles pouvant envisager ainsi être amnistiés à court terme.
Le procès sera  confié à un jury anglophone, l'avocat de Riel plaidant la folie, celui-ci le récusera. Riel sera déclaré coupable mais le jury demandera la clémence.
Mauvais calcul, le premier ministre Macdonald déclarant froidement : « Il sera pendu, même si tous les chiens du Québec aboient en sa faveur ».
Riel sera exécuté pour trahison le 16 novembre 1885. 

Et la chanson dans tout ça ?
Louis riel ayant laissé une forte empreinte dans la culture populaire, le fait étonnant, qu'à notre connaissance, on trouve plus de chansons anglophones que francophones. 
Le chanteur et acteur de cinéma Jacques Labrecque (1917/1995) offre une chanson à Louis Riel en 1967 dans le coffret "Chansons folklorique du Canada"




On trouvera ici une série d'hommages en chansons à Riel.
On avoue un faible pour la version de ce sale gosse anglais de Billy Childish.
L'air vous rappelle un vieux tube de Richard Berry ? Z'avez gagné !



Pour conclure, un texte déclamé de Norman Gibeault tiré de "Plaidoyer musical pour Riel ". Merci François !

* Comme Thomas Müntzer, Antonio Conselheiro, Jean de Leyde ou Pougatchev pour ne citer qu'eux.
** Comme à Canudos, Chan Santa Cruz ou Munster.

Ps : Il a pas mal été question de cet épisode dans la bande dessinée "Jésuite Joe" de Hugo Pratt. Une autre BD narre toute l'histoire : "Louis Riel, l'insurgé" de Chester Brown. 

3 commentaires:

  1. Tabernacle ! J'ignorais l'existence de ce boutefeu de sédition là ! Pourtant les luttes de là-bas inspirent aussi celles-d'ici.
    Merci pour ces pages d'histoires sociales en chanson !

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  2. On célébrait l'année dernière les 200 ans de naissance de ce "grand canadien" comme disent les politiciens. Pourtant, Macdonald était un gars très controversé: raciste, génocidaire, alcoolique... alouette! Pour plus d'infos: http://sinistrejohna.ca/

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  3. Et à ce propos, on ne saurait trop vous recommander l'écoute de cette canadienne là pour les temps à venir.
    Contre toute attente la manif d'hier à Toulouse fut réjouissante, surtout grâce à ceusses qui quittèrent le cortège mammouth pour aller se balader en centre-ville.
    J

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