dimanche 28 février 2016

Oberkampf

Oberkampf (1981)
"Oberkampf Contingent", qui va vite raccourcir son nom, est né en 1978, quelque part entre Bataclan et Gibus, premières salles parisiennes de concerts punks à l'époque.
Monté par le guitariste Pat Kebra et ses copains de lycée, Serge et Jérôme, le groupe se finalise avec Joe Hell au chant, Buck Dali à la basse, Moko à la batterie et toujours Kebra, seul membre d'origine (on est keupons,vingtdiou ! Faut kon mette des K partout !).
Après plus de deux ans de concerts au Gibus et dans quelques MJC, le groupe croise un mécène qui va financer le premier maxi 45 tour, "Couleurs sur Paris". Cet appel à peinturlurer la capitale sera ignoré par les médias et la critique mais remarqué par la mouvance des fanzines et par un public qui commence à peine à s'organiser seul, hors des circuits des salles et tourneurs habituels.


Négligeant quelque peu la province, misant tout sur un semblant d'ouverture médiatique, Oberkampf, passe à la télévision pour une Marseillaise qui arrive un peu à plat, quatre ans après celle de Gainsbourg et réalise un clip assez artistique (école Bazooka) Fais attention en 1983.
Ils sortent leur premier 33 tour, PLC, la même année avec ce qui sera leur marque de fabrique, un punk froid, noir, truffé grosses guitares, non exempt d'une certaine grandiloquence mais avec de gros efforts d'écriture assez rares dans ce milieu.
En 1985, ce sera Cris sans thèmes, album baroque, ambitieux, déprimé, sans doute ce qu'ils ont fait de meilleur. Il se vendra tellement bien que le groupe se séparera peu après.


Comme bien d'autres, ils cumulaient des côtés irritants et attachants, mais comme ceci n'est juste qu'une définition du rock parmi tant d'autres... Peut-être sont-ils arrivés un peu trop tôt pour ne pas avoir, comme quelques-uns, persisté dans l'underground avant de passer au tiroir caisse avec la vague "alternative".
Joe Hell a monté le groupe Catch 22 en 1988 avant de reformer une nouvelle mouture d'Oberkampf en 2007. Pat Kébra continue en solo.

jeudi 25 février 2016

Une casserole en fonte : Monique Leroux-Bray


Le camarade François, du recommandable blog d'outre-Atlantique, Le Garage nous a fait parvenir cette incroyable curiosité.

On a eu beau chercher quelques précisions au sujet de Monique Leroux-Bray, il semble qu'elle n'ait laissé que cette trace dans l'histoire de la chanson, en tout cas sur internet.
Mais vingt dieux, quelle trace !
On atteint là un sommet de l'interprétation.... par la face Nord.
Et dire qu'il s'est trouvé un studio doté un être humain casqué, derrière une console, pour enregistrer ça !
Voilà qui aurait pu figurer en bonne place dans notre émission catastrophiste.

Édith Piaf chantait essentiellement des lieux communs, mais il est des instants où l'on se prend à regretter sa voix.

Mais trêve de bavardages, voici enfin l'objet de notre hilarité.

lundi 22 février 2016

Hommage à George Orwell



Orwell milicien du POUM, qui dépasse un peu au fond à gauche. On comprend mieux comment le bougre se prit une balle dans la gorge dans une tranchée du front des Monegros
De nos jours, tout le monde, ou presque, se réclame de George Orwell, libéraux en manque d'affection, énarques sans imagination, réacs de la Manif pour tous qui croient avoir trouvé une traduction potable à "commmon decency", technophobes variés, anticommunistes attardés, va-t'en guerre qui en appellent à ses interventions à la BBC, journalistes en manque de bons titres et même la plupart de nos bons camarades.
Curieuse postérité que celle d'Éric Arthur Blair !
Se retrouver ainsi cuisiné à toutes ces sauces nauséabondes après défendu, sa vie durant, un socialisme anti-stalinien, professé le plus souverain mépris pour l'impérialisme britannique (et donc tous les autres, par extension) et avoir tenu des positions politiques au nom de la lutte de classe et de l'éthique.
  
Partant du respect que nous inspire l’œuvre et la pratique de l'homme, nous ne pouvons que déplorer un autre malentendu persistant : celui  entre Orwell et la musique.
Généralement, on l'a réduit au roman 1984 et ça a donné un certain nombre de chansons (ou de films d'ailleurs*) grandiloquents, pour ne pas dire grands guignols, généralement pourvus d'une esthétique douteuse.
David Bowie n'est en la matière qu'un exemple parmi tant d'autres avec son Diamond Dogs assez maladroit car trop caricatural.

Une exception de taille restera celle du premier 45 tour du Groupe Passion Fodder (jeu de mot sur "canon fodder", en français, chair à canon) intitulé Freedom is slavery qui nous avait ému tant par sa sincérité que par la pertinence de son propos replaçant l'écrivain dans le contexte de sa Guerre d'Espagne jusqu'à la chasse aux sorcières menée par les dogues de Mac Carthy.
Ok, c'est chanté en anglais mais ce groupe parisien, né sur les ruines du défunt Orchestre Rouge, était à notre goût, un des seuls à proposer une new wave écoutable (ou était-ce du post folk ? On s'en fout !) d'où leur place ici.


Né en 1985, ce groupe était formé du romantique américain Théo Hakola au chant, de Lionel Dollet à la guitare, de Pascal Humbert à la basse, de Nicolas Magat à la batterie et de Bénédicte Villain au violon. Ils se sont séparés en 1992. Depuis, Hakola poursuit sa carrière en solo.
Autre belle chanson de ces jeunes gens assez littéraires : "Heart hunters", hommage au roman de Carson Mc Cullers, The Heart is a Lonely Hunter publié en 1940.



* La seule adaptation intelligente de 1984 étant à notre humble avis, Brazil de Terry Guilliam (sorti en...1984, comme par hasard.)

jeudi 18 février 2016

Lavilliers chante Tristan Tzara


Bien avant d'être adepte du culturisme, Lavilliers avait entamé une carrière de chanteur en rendant hommage à divers poètes.
Il reprenait ainsi Apollinaire, Aragon, Gaston Couté ou Léo Ferré.
Son choix le plus surprenant est sans doute cette chanson marrante, écrite par Tristan Tzara, reprise sur l'album Premiers pas... (1981) qui compile ses 45 tours des années 1967/1968.
Elle est ici chantée pendant un concert de 2005.

De son côté, Tristan Tzara écrivit une demi-douzaine de chansons.
Aux dernières nouvelles, il crèche toujours au cimetière Montparnasse.



Lavilliers "Chanson Dada" par MELMOTH

dimanche 14 février 2016

Émission spéciale : balade en Couté

C'était un 11 novembre froid et brumeux, comme il se doit en cette date anniversaire.
Eliott, Jules et Serge avaient rencard dans un coin de cambrousse détrempée avec Lucien, des éditions le Vent du Ch'min, dédiées, depuis longtemps déjà, à l’œuvre de Gaston Couté.
S'ensuivit une matinée de discussion dont voilà quelques extraits enregistrés.
On a donc demandé à Lucien comment ce collectif (dont l'intégrale des publications se trouve à cette adresse) s'est entièrement consacré à cette figure de la "belle époque". 
On y est aussi revenu sur l'enfance et la jeunesse du petit gars de Meung sur Loire, son arrivée et sa carrière à Paris, ses copains poètes, anars, marginaux dans l'ambiance des cabarets de l'époque et sa postérité en dents de scie (mort à 31 ans et enterré une deuxième fois par l'Union sacrée de la guerre 14-18).

Une émission de 109 minutes, saupoudrée de chansons ou de textes de l'auteur.
Ils sont interprétés, dans l'ordre par :
Gérard Pierron     La chanson du braconnier
Gérard Pierron     La Toinon
Bernard Meulien   M'sieur Imbu
Marc Robine         Petit poucet
Pierrot Noir          Le champ d'naviaux
Monique Morelli   Nos vingt ans
Marc Robine         Les mangeux de terre
Loic Lantoine        Jour de lessive
Édith Piaf              Va danser
Le Petit Crème      Sur la grand route

Comme Tilidom est en rade, on peut aller écouter et ou télécharger sur le site de Canal Sud. Faites tourner !



 

jeudi 11 février 2016

Coup de torchon par Richard Desjardins


Richard Desjardins se fait trop rare par ici.
Voici un résumé de sa biographie, qu'on peut retrouver, bien plus détaillée, sur son site, en version longue ou courte.
Né en 1948 à Rouyn-Noranda (région d'Abitibi-Temiscamingue, à l'ouest du Québec) dans une famille nombreuse, il accompagne un de ses frère aîné au piano dès l'age de 16 ans.
De 1975 à 1982 il est pianiste et auteur d'un groupe à tendance country Abbittibbi qui va galérer quelques temps en Ontario avant de descendre sur Montréal en mélangeant succès anglo-saxons et compositions du Richard. Ils commettent un disque Boom Town Café, à priori devenu assez introuvable.
Abbittibbi (photo Guy Lafrance)

Puis, notre Richard va se lancer en solo après avoir écumé clubs et bistrots.
Ça donnera Les derniers humains (1987), album sorti grâce à une souscription.
En 1990, une première partie de Stéphane Eicher, fort remarquée, va lui donner quelque renommée.
Poète, chansonnier, musicien, il est également documentariste.
Son amour du calembour va s'exprimer là aussi avec des films tels Comme des chiens en pacage (1977 sur la colonisation en Abitibi) l'Erreur boréale (1999,sur la catastrophique gestion forestière) Le peuple invisible (2007, sur les Algonquins ou ce qu'il en reste) ou Trou story (2011, sur les sociétés minières*).
Depuis, il s'est enquillé quelques milliers de kilomètres de tournées, enregistré douze disques et a récolté pas mal de prix pour récompenser son œuvre musicale ou cinématographique.
On l'a compris Desjardins est intervenu dans les luttes environnementales, au côté des autochtones (on dit ça plus volontiers que "indigènes" ou "indiens", là-bas) contre les politiques libérales et aussi pour la campagne de boycott de l'occupation israélienne.
Il a également adapté Federico Garcia Lorca. 
Bel exemple de sa poésie : Sahara Lumber.
On peut passer directement à la vidéo qui est une version avec orchestre classique pour frissonner au grand nettoyage annoncé. On l'a toutefois fait précéder d'un monologue qui précise bien des choses, enregistré au Club Soda de Montréal, en avril 1991.





*Richard Desjardins signe la préface de Paradis sous terre. Comment le Canada est devenu la plaque tournante de l'industrie minière mondiale, un essai d'Alain Deneault et William Sacher.

Et un supplément signalé en commentaire par le camarade Chéri-Bibi et qu'il serait dommage de rater, le Richard tatoué dans le film de Pierre Falardeau (celui-là même du Temps des bouffons, oui), Le Party (1989).
Y'a du baston dans la taule !


lundi 8 février 2016

Fernandel en teigneux

Marque de fabrique des Bats' d'Af

Une joyeuse parodie chantée par ce grand couillon de Fernandel (Fernand Contandin 1903 / 1971).
Elle est extraite du film "Raphaël le Tatoué" de Christian Jacques, scénario de Jean Nohain, aimable nanar de 1938. La rengaine fut un tabac qui en fit presque oublier le film.

Synopsis : Employé timoré et gaffeur, Modeste Manosque est veilleur de nuit dans une usine d'automobiles dirigée, d'une main de fer, par Roger Drapeau. Un soir, son cousin Roméo l'entraîne au Luna Park local. Modeste abandonne donc son poste et rencontre à la fête la blonde Aline qui le séduit. Comme de bien entendu, il vont se retrouver nez à nez avec son patron dans un restaurant à attractions. Poursuivi par l'infect Drapeau, Modeste, hors d'haleine, rallie l'usine et explique au constructeur courroucé que l'individu aperçu là-bas ne peut pas être lui mais son frère jumeau qui a mal tourné : Raphaël qu'on a surnommé " le tatoué". Et voila Modeste désormais obligé de se dédoubler. Une situation classique de la comédie.
La musique et les paroles sont de J. Manse et C. Oberfeld

 

Et en sus, l'affiche du film :

vendredi 5 février 2016

Le ras-le-bol du marin

Mutins sur le cuirassé Waldeck Rousseau. Mer Noire (1919)

"L'allocation alimentaire par tête de pipe avait été augmentée sans que jusque-là rien ne fût changé à l'ordinaire. J'avais proposé à notre petit groupe de la machine, en accord avec Scouarnec et quelques autres du pont, l'envoi d'une délégation auprès du nouveau maître-commis qui nous reçut fort bien. Il nous confia qu'il allait faire jeter à la mer, à cause de la teneur en acide cyanhydrique, une quarantaine de sacs de haricots rouges.
Quant à notre proposition d'une commission des vivres, composée par roulement d'un quartier maître et d'un matelot (machine et pont alternant chaque semaine) il s'en déclarait partisan. (...)
- Si tous les galonnés étaient comme ça, moi je rempilerais, disait Fragne, le boulanger-coq."
(...)
" - Heureusement qu'on n'a encore tiré sur personne, plaida Boniface.
Fragne s'emporta :
- Est-ce qu'on ne charrie pas de la viande à canon tous les jours d'un bord à l'autre. Est-ce que tu sais, toi, pour quel casse-gueule on les pousse, tous les moricauds qu'on débarque de Tarente ?
- T'as raison, m'écriais-je, c'est la question. C'est ça qu'il faut qu'on réponde. Faut être complètement cons pour croire que c'est le peuple russe qu'a appelé la France à son aide.
Plusieurs voix s'interpellaient.
- Faut rentrer en France !
- Y'en a marre. Vive la classe !
Comme quelqu'un se dressait au fond de la salle pour demander qu'on chante la Chanson des fayots*, des voix s'élevèrent :
- Non, pas ici, on la chantera quand on rentrera en France..."

( Charles Tillon**, La révolte vient de loin. 1969)


* En argot de marine, les fayots sont bien entendu les haricots, les lèche-culs et les officiers rengagés. 
** (1897/ 1993) Mécanicien sur le croiseur Guichen, mutiné en 1919, condamné à 5 ans de bagne, membre du comité central du PCF à partir de 1932, commandant en chef des FTP en 1941/1944, purgé du parti en 1952, exclu en 1970.

mardi 2 février 2016

Émission de février : De la catastrophe

Catastrophe Suisse
Comme de bien entendu, quelques catastrophes se produisirent lors de cette émission (en plus de la sélection musicale). Entre autre, une platine qui refuse d'enregistrer clairement l'auditeur au téléphone. Il est, comment dire, au fond dans le brouillard.
Et nous, on ne comprend pas pourquoi. Nos excuses, donc.
Il y eut dans les oreilles :
Jean-Louis Foulquier                Tout ce qui est dégueulasse
Bulldozer                                  L'ogre bolchévik
Richard Desjardin                    Les yankees
Monique Morelli                       La ville morte
Didier Super                             On va tous crever
Damia                                       Tout fout l'camp
Nino Ferrer                              Le blues de la fin du monde
Casthelemis                              Les centrales
Gilles Servat                             Les prolétaires
Blond-Blond                              La bombe atomique
Gérard Palaprat                       Pour la fin du monde
Siméon Roy                              Le drame d'un ivrogne
Soundforce                               Tout le monde va mourir

Vous pouvez donc écouter et même télécharger sur le site habituel.

Et en sus, un grand déprimé jurassien amateur de Lautréamont entre cancer et nucléaire (1979, Autorisation de délirer )