mercredi 24 décembre 2014

Georgius, rigolo et collabo



Surnommé longtemps l'Amuseur public numéro un, ce chanteur, comédien, compositeur, scénariste, romancier, homme de théâtre, directeur de music-hall et parolier fut célébré par les surréalistes tout en étant un des chanteurs les plus populaires d'entre les deux guerres.

 Un de ses petits chef d’œuvre

Georges Auguste Charles Guibourg, de son vrai nom, est né en 1891 à Mantes-la- Ville et mort à Paris en 1970.
Il commence sa carrière en 1908, en chantant des chansons dont il dira plus tard : "Ma vraie nature ne s'était pas encore révélée et je pleurnichais ce répertoire pompier que j'ai tant parodié par la suite. J'en sentais le ridicule, mais j'avais la conviction que le public aimait ça" .  Dont acte...
Au fur et à mesure des différents engagements avec des cabarets, il se met à écrire quelques chansons marrantes.
C'est en 1912 qu'il entame vraiment sa carrière de chansonnier. Au théâtre de la Gaîté-Montparnasse en remplaçant le rigolo de service, ses chansons plaisent tant que le théâtre lui fait signer un contrat pour un an. Il y restera trois ans. Durant cette période, il écrit des morceaux à la chaîne, cinq par semaine en moyenne, s'associant à de nombreux compositeurs.
En 1916 il se met aux pièces de théâtre, qu'il joue ensuite avec sa troupe, Les Joyeux Compagnons.
En 1923, ses revues ont un vrai succès : il se provoque même une émeute à l'Alcazar de Marseille, les locations ne pouvant satisfaire la demande.
Sa chanson la plus connue à l'époque est La plus bath des javas, géniale parodie des javas "réalistes" à la mode. Il continue à tourner, à monter des revues avec sa troupe, rebaptisée le Théâtre Chantant en 1926.


Mais le personnage a aussi des côtés quelque peu dégueulasses.
En 1927, il commettra une chanson antisémite interprétée par Fernandel La noce à Rebecca.
Il tentera de se rattraper en 1939 avec une chanson se moquant d'Hitler qu'on peut retrouver dans notre émission sur l'occupation
Entre 1941 et 1942, il sera directeur artistique de trois théâtres.
Sous l'Occupation, il créera une Association syndicale des auteurs et compositeurs professionnels pour laquelle il fera campagne dans Je suis partout* en compagnie d'Alain Lambreaux** avec qui il montera une pièce nauséabonde sur Stavisky Les Pirates de Paris.
En 1945, il sera interdit de scène pendant un an par le Comité National d’Épuration du Spectacle.

C'est pendant cette interdiction qu'il écrira plusieurs polars, assez médiocres, pour la Série Noire sous le pseudonyme de Jo Barnais.



Il aura laissé plus de 1500 chansons et une dizaine de romans.

* La rédaction ayant émigré à Siegmarinen, ce torchon sera rebaptisé "Je suis parti" à partir d'août 1944.

** Après vérification, il semble bien que cet Alain Lambreaux soit également Alain Laubreaux, critique et homme de théâtre, dont Robert Desnos s'était juré de faire la peau sous l'occupation. Il ne serait donc pas pour rien dans l'arrestation et la mort du poète surréaliste.
La punaise, ira se faire dorer chez Franco avant de mourir dans son lit en 1968.

4 commentaires:

  1. C'est vrai son magnifique "Il travaille du pinceau" ne rachètera jamais son horrible "Noce...".
    Sinon, on trouve une archive assez dingue de papy Gergius à la plage interprétant son classique "Ça c'est de la bagnole".
    E.

    RépondreSupprimer
  2. Ah, et pour ceux qui ont dans l'idée de voir à quoi ressemble la "Noce à Rebecca", c'est par ici. Sa charge sur le moustachu, c'est par là.
    E.

    RépondreSupprimer
  3. ... Et on n'oubliera pas non plus Méfie-toi de la patrouille qu'on avait aussi passé dans cette émission sur l'occupation...
    E.

    RépondreSupprimer