Un jour de 1866, le père Afred Nobel eut l'idée de mélanger de la silice et de l'antigel à la nitroglycérine (trop instable) puis d'envelopper le tout dans des batonnets de papier. Il devint ainsi non seulement un des hommes les plus riches de la planète mais se permit le luxe de transformer cette fortune en une myriade de prix (rien que pour le Nobel de la Paix, citons en vrac Kissinger, Theodore Roosevelt, George Marshall, Menahem Begin, Lech Walesa, Yasser Arafat parmi les bienfaiteurs de l'humanité)
Ce que le philantrope suédois ignorait c'est qu'il venait de fournir aux pauvres du monde (à commencer par les mineurs) une belle arme pour la lutte des classes. Et, des Molly Mc Guire aux Asturiens, des rebelles de Shangaï aux expropriateurs argentins, on vit fleurir des explosions vengeresses ou offensives dans le (toujours) vieux monde.
Pour rendre hommage au produit, une chanson de 1892 qui serait parvenue au journal "L'insurgé" envoyée par un certain Martenot suite aux événements relatés dans cet article
Chantée par les Quatre Barbus dans le disque "Chansons anarchistes", elle est ici reprise par les Nancéens Les Amis dta Femme dans un disque hommage aux chants de lutte ("Noir...et rouge aussi un peu")
On ne résiste pas à une chanson italienne à la gloire des artificiers amoureux de leur tâche.
C'est Fabrizio de Andrè (1940-1999) grand adapteur de Brassens en italien (le gars chanta aussi en napolitain, en ligure, etc.) chanteur des exclus, des rebelles et des filles au rebus, troubadour anarchiste des "années de plomb" qui nous narre ici l'amour du travail bien fait avec toute son ironie.
On vous la passe avec les paroles pour que ce soit plus clair :
"Dynamite !" est aussi le titre de l'indispensable livre de Louis Adamic (Un siècle de violence de classe en Amérique) édité par les éditions Sao Mai dont vous trouverez ici une recension.
Merci à eux d'avoir traduit et sorti ce livre qui raconte une des histoires de notre défaite.
C'est Yves qui nous a fait connaître cette adaptation du classique de Gil Scott Heron, jouée par le groupe Electrod en 2009, à son avis (que nous partageons ) supérieure (ou du moins mieux "envoyée") que celle du groupe Expériencequ'on vous remet là
On l'avait passé en conclusion de l'émission de septembre.
Poète, musicien, chanteur, (un des 3500 pères du rap) et romancier, Gil Scott Heron (1949-2011) natif de Chicago sévit essentiellement dans le Bronx à New-York de 1970 à 2010 où il a fait une réapparition aprtès un séjiour à l'ombre.
Cette chanson, écrite en 1970, vite devenue une légende, a connu plusieurs orchestrations de la part de son auteur.
Ma préférée est celle-ci dans le plus pur style des Last Poets (parmi les 3500 pères du rap)
Comme romancier, Gil Scott Heron a été hélas trop peu traduit en français mais ne ratez pas Le Vautour* (éd. de l'Olivier) écrit aussi en 1970 (son année de coups de génie) roman noir par excellence qui le place aux côtés de Chester Himes ou d'Edward Bunker.
Pour la route une superbe vidéo tardive (2001) de Scott Heron où on constate que le gars n'avait rien perdu de sa verve :
Joyeux mélange de soul, de garage et même de métal, ce groupe californien mené par le duo Lisa Kekaula (chant et toujours contente d'être là) et Bob Vennum (guitare, basse, claviers) avec ces temps-ci Justin Andres (basse) et Stefan Litrownik (batt.) a eu un jour l'idée pas si saugrenue de reprendre le tube qui rendit Nino Ferrer a) riche b) malheureux à vie ("Puisque je vous dis que je ne suis pas qu'un rigolo!").
Quand une soul woman reprend du Nino phonétiquement, ça donne ce résultat plutôt délicieux:
Ps : Quand Lisa et Bob jouent en acoustique et en duo dans un bar du coin, précipitez-vous.
"Il pleut" (extrait de « Poèmes retrouvés » de Francis Carco )
Tiens ? Beretta au Petit Conservatoire de Mireille ? Voilà qui fait frémir... Surtout lorsqu'on se souvient que le gars en question était une moitiée du duo déconnant Daniel Beretta / Richard de Bordeaux qui mérite un article à lui tout seul (bientôt...). On peut retrouver la discographie de Valérie Ambroise sur ce site Ci-dessous le sieur Francis Carco ( une cinquantaine de "romans" et autres souvenirs plus ou moins fantaisistes à son actif ) On reviendra sur sa carrière d'auteur et de chanteur occasionnel prochainement.
dimanche 17 novembre 2013
Madame Bonbon chante Fréhel
Une parodie bienveillante et fort drôle de La vraie de vraie, dont vous pouvez retrouver la version originale ici. Le spectacle s'appelle "Quitte à pleurer sur son sort, autant le faire en rigolant..!" et la Dame s'appelle Bonbon. On pourra glaner d'autres vidéos du dit spectacle sur le tube...
mardi 12 novembre 2013
Emission de septembre 2013 Le bonheur dans le crime...
Catherine Sauvage La chanson de Mackie
Gérard Pierron La chanson du braconnier
Serge Reggiani Arthur où t'as mis le corps ?
Daniel Chenevez Je suis un meurtrier
Philippe Clay La complainte du noyé
Thomas Fersen Monsieur
Pigalle Crime contre l'humanité
Juliette Tueuses
Francis Lemarque Le tueur affamé
Le syndrome de Stockholm Tu seras putain ma fille...
Julien Clerc L'assassin assassiné
Rip la Lune 83 CSG 75
Gainsbourg Meutre à l'extincteur
Marcel Mouloudji Frédo
Les Frères Jacques Le tango interminable des perceurs de coffre-forts
Bernard Dimey L'assassinat
Reprise
Expérience La révolution ne sera pas télévisée
"Ne m'accable pas, Lucifer, les hommes sont plus cruels que l'Enfer." (La beauté du Diable. 1950 René Clair)
Un second bonus à notre émission de la semaine passée qui était consacrée à la guerre.
Un film d'animation soviétique produit par Soyuzmultfilm Studio, avec comme bande-son, une reprise inspirée de Brassens par Alexandre Avanessov dont nous vous avions passé précédemment l'excellente reprise d'Hécatombes. Ce cher Alexandre a enregistré pas moins de six disques consacrés à Brassens !
Quant aux dits studios d'Etat, ils nous prouvent que l'on peut faire un chef-d'oeuvre d'animation avec deux bouts de moquettes et quelques boîtes d'allumettes. A croire que les bureaucrates russes préféraient investir dans la guerre des étoiles que dans Soyuzmultfilm...
LA PAYSANNE (premier supplément à l'émission sur la guerre de novembre 2013)
( Aux gars de Saint Ay)
Gaston Couté comptait dans son pays un fervent admirateur,
Gustave Séjourné. Celui-ci devint maire de Saint Ay. et, peu porté
sur les musiques et les flonflons militaires, il demanda au poète
beauceron une marseillaise de sa façon. Ce fut La Paysanne
(marseillaise fraternelle des gars de Saint Ay). Elle fut créée et
inaugurée à Saint Ay le 14 juillet 1908.
Henri Désirée Landru, dit "Le Barbe-Bleu de Gambais" ne fut pas qu'un assassin pour le moins mysogine (11 femmes avérées) d'avant qu'on n'invente l'appelation serial killer aoc.
En plus d'être aussi un escroc, il fut un "planqué" de la guerre 14-18 qui pratiqua artisanalement ce que les généraux réalisaient en même temps à l'échelle industrielle (ce n'est pas une excuse mais ça relativisera une époque sanglante) .
Il utilisa plus de 90 fausses identités pour attirer les femmes qu'il découpait ensuite.
L'horrible individu se révéla un humoriste consommé lors de son procès en 1921 avec des réparties comme « Moi ? J'ai fait disparaître quelqu'un ? Eh bien, ça alors ! Si vous croyez ce que racontent les journaux ! » ou bien « Vous pleurez Landru : vous éprouvez le besoin de libérer votre
conscience ? » — « Oui, je pleure mes fautes, je me repens...
j'ai des remords... je pleure parce que je pense qu'avec tout le
scandale fait autour de mon nom, on a appris à ma pauvre femme que je
l'avais trompée. »
Et pour finir « Monsieur le curé, je vais mourir et vous jouez aux devinettes » à l'aumonier qui, au pied de l'échafaud, lui demandait s'il croyait en Dieu.
Il fallait donc tout le talent de Charles Trenet pour oser en faire cette joyeuse facétie en 1963.
Le Bal des Quatre-saisons, rue de Lappe, vers 1932, par Brassaï.
"Qu'est-ce que la java, cette quintessence du populo de Paris ? Dans Du bouge... au Conservatoire, Louis Péguri se moque des alphonses, de ces messieurs les souteneurs qui, après quelques tours de valse, le naturel reprenant le dessus, se refusaient à tout effort supplémentaire au grand dam de ces dames... Le patron du Rat mort à Pigalle, que Péguri ne cite pas, avait remarqué que la clientèle féminine prisait fort la mazurka Rosina*, que les habitués valsaient à petits pas entrecoupés. Aussi, dès que les ardeurs faiblissaient, le taulier réclamait Rosina à l'orchestre et, accent de là-bas à l'appui, demandait : "Alors cha va ? cha va?" Et, un beau matin, Paris apprit qu'une nouvelle danse était née, "une danse qui tenait de la valse mais avec un pas plus crapuleux, plus canaille.- Cha va! Cha va !.. Ainsi naquit d'une déformation du parler auvergnat le fameux pas de java". Une fois encore on se rend compte du goût prononcé de Louis Péguri pour le mythe.
L'origine du mot java est-elle réductible à cette historiette ? Au hasard d'une chanson écrite plus tard pour Fréhel, Soi-même java, Francis Carco semble apporter de l'eau au moulin de Péguri :
"Quand l' gros Gégèn'
Soi-même
S'amène au bal musette
A petits pas il danse la java
Et tout's les poul's
Comm' saoul's
Lui riboul'nt des mirettes
Mais question de plat il leur répond
Ça va ! va ! va ! va!"
Bref ! A défaut d'autre explication, tous s'en contentent. Dans Images secrètes deParis, en 1928, Pierre Mac Orlan consacre un beau chapitre à la java. Sur l'origine du mot, lui aussi n'avance qu'une hypothèse : "Cette danse fut consacrée par ceux que l'on appelait encore, il n'y a pas si longtemps, les apaches. Elle doit être un hommage à cet argot puéril que l'on nomme le javanais et qui n'est plus parlé que par des crétins incurables [sic!]." On le comprend, personne n'est en mesure de dire pourquoi la java s'appelle java. Il y a quelques années à Chamonix, un musicien d'origine rom avait une clé : dans une langue rom, dchjava est l'impératif d'un verbe signifiant aller. Donc "java" serait la transposition de dchjava, à savoir "vas-y". Pourquoi pas, d'autant que, dans Ils ont dansé le Rififi-Mémoires, Auguste Le Breton l'affirme : jadis, avec les Espagnols, les gitans étaient "les plus fins gambilleurs de la capitale."
Sur cette danse, Péguri ajoute pourtant, sans rien apporter de précis : "Quant à sa dénomination elle peut être aussi une conséquence du retour à Paris de certains trafiquants de la route de Buenos-Ayres (sic), ayant ramené le pas glissé du tango Milonga qui a un certain rapport avec la marche glissée du pas de la java primitive, en réalité une valse au ralenti et à mouvement décomposé. Par évolution, la vraie java est devenue une valse musette et la vieille mazurka des faubourgs comme Rosina est restée cette vraie java dont Maurice Yvain a écrit musicalement le prototype avec Une petite belotte (sic) [...]Le succès de ce pas nouveau est extraordinaire. On danse la java même dans le grand monde." Incorrigible Louis Péguri et ses idées de grandeur !... Cela étant, Philippe Krumm me le confirme, la java est bien une mazurka massacrée. Après la guerre, Carco voyait en elle une "mazurka faite d'emprunts à toutes les danses" et la comparait à la belote qui, à l'image de la java sa contemporaine, "se complique de manille, de poker et d'inventions déterminées". La petite belote**d'Yvain, belote et java associées, est une photographie parfaite d'un certain Paris des années vingt. Mais attention, André Warnod l'a attesté au Bal des Gravilliers, la java date d'avant 1914 !
Claude Dubois, La Bastoche, Une histoire du Paris populaire et criminel.
Concernant Claude Dubois, on pourra écouter ci dessous sa Nuit rêvée où l'on trouvera notamment une séquence sur le Balajo avec Francis Lemarque et Jo Privat en invités. Un grand merci à George qui nous a retrouvé cette archive.
Concernant Philippe Krumm, spécialiste de l'histoire de l'accordéon, cité dans le texte de Dubois, nous vous conseillons vivement d'aller consulter son papier très fouillé (et richement illustré) sur les bals musettes et la rue de Lappe. C'est ici .
* Pour ce faire une idée de cette mazurka, un extrait par un groupe italien