samedi 6 octobre 2012

Pour en finir avec le travail 2 (rayon curiosités)



                                                                    

    En 1966, les frais de la guerre du Viêt Nam amènent des suppressions de postes dans les universités américaines. Un Français, Joël Sternheimer, docteur en physique théorique de 23 ans, voit son poste d’assistant à Princeton (chez le professeur Wigner) dans la liste de ces suppressions.

    À cette époque, en France, le phénomène Antoine prend l'allure d'une véritable révolution, son diplôme d'ingénieur le met à part du monde classique de la pop. Joël ne pourrait-il faire à son tour un disque, lui « par rapport à qui Antoine n'a qu'un bagage de collégien » ?

    Revenu en France pour les vacances de Noël, il passe avec succès une audition chez Disc’AZ (obtenue via un ami rencontré au restaurant de l'École normale supérieure), et enregistre en quelques jours, sous le pseudonyme d’Évariste (référence à Évariste Galois), un disque en forme de dialogue surréaliste entre un oiseau de nuit et un saurien rugissant, qui, dans le sillage d’Antoine et de ses élucubrations, connaîtra lui aussi un vif succès : Connais-tu l’animal qui inventa le calcul intégral ?.

    Cette escapade se voulait au départ sans lendemain. L’année suivante éclata cependant en France Mai 68, qui poussa le chanteur à reprendre la guitare pour enregistrer, en autogestion cette fois — avec l'aval du patron de Disc'AZ, Lucien Morisse — un disque aux accents plus clairement politiques :
« Si j’suis tombé par terre
C’est la faute à Nanterre Le nez dans le ruisseau
C’est la faute à Grimaud… »
    Il se retrouve vite adopté par la bande d’Hara-Kiri, à commencer par Georges Wolinski qui dessinait dans Action, et écrira plus tard quelques articles politiques et épistémologiques assez abstraits dans Charlie Hebdo.

    Lorsque Claude Confortès se propose de faire un spectacle à partir de la série Je ne veux pas mourir idiot de Wolinski, c'est tout naturellement à Évariste qu'il demande d'en écrire et interpréter les chansons.
    Par la suite, le chercheur Joël Sternheimer — chercheur indépendant, car ses disques lui ont donné une certaine autonomie financière — prendra le pas sur le chanteur Évariste. Il s'intéresse ainsi aux relations possibles entre la croissance des plantes (et plus généralement la synthèse de protéines) et leur exposition à des séquences musicales, assisté par sa jeune épouse japonaise.

    Mais l'humour ne l'a pas abandonné pour autant : il a épousé celle-ci dans la ville de Seix (Ariège).

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